Par Odile Habel
Pour Didier Fischer, président de la Fondation 1890 qui détient les clubs Servette Fottball Club et Genève Servette Hockey Club, homme de terrain, entrepreneur avisé, sportif et épicurien, le succès professionnel passe par la passion.
Didier Fischer, 60 ans, est un homme chaleureux et direct. Passionné aussi.
Par le sport – ancien volleyeur de Ligue nationale, tennisman amateur et
randonneur – et par son travail même s’il reconnaît « ne jamais avoir eu de plan de carrière. Le plus important est d’aimer ce que l’on fait, ensuite il y a l’engagement, les rencontres et la chance aussi. »
Amoureux de la nature, mais surtout fasciné par l’indépendance de l’agriculteur – « il sait tout faire » – et par la notion d’indépendance en général,
Didier Fischer passe sa maturité à Genève, mais travaille déjà pendant l’été dans un grand domaine en Allemagne. Son diplôme
en poche, il se lance dans un apprentissage de viticulteur agriculteur puis s’envole au Canada, au Québec, au sud de Montréal où il passe dix mois. « A mon retour, je me suis rendu compte qu’il
me fallait compléter mes études et j’ai passé mon diplôme d’ingénieur agronome. » Il débute
alors sa carrière dans l’agro-alimentaire chez Café
Carasso, Favarger, Cenovis avant de prendre, en 2008, la direction de la
Distillerie Morand, en Valais, poste qu’il quitte sept ans
plus tard, occupé par ses engagements à Genève auprès du FC Servette.
Grand amateur de sport, Didier Fischer a fondé en 2012 le
Servette Rugby Club avec ses amis Alain Studer et Marc Bouchet. Le premier pas
qui le conduira d’abord, en 2015, à reprendre le Servette FC,
puis le Genève-Servette Hockey Club, en 2018,. « Je n’avais rien planifié. Mais quand on m’a demandé d’organiser le sauvetage de ces deux clubs, j’ai accepté. Il faut s’adapter aux situations et ne pas être
insensible. Servette se doit de briller à Genève,
d’être le reflet de la ville et du canton. Mais surtout
les trois clubs regroupent quelque 700 jeunes. C’est
avant tout un projet pour la communauté puisque l’on
sait qu’un franc investi dans le sport équivaut à dix
francs d’économisés
dans les programmes sociaux. Chaque jeune que l’on attire vers le sport est en situation d’apprendre
les valeurs nécessaires à sa contribution dans la société»
Dirigeant avisé, Didier Fischer n’en a pas moins connu des échecs qu’il revendique même. « N’allez
surtout pas écrire que je n’ai eu que des réussites,
c’est complètement faux, s’écrie-t-il. J’ai
eu des échecs dont j’ai appris. A travers eux j’ai compris qu’il est difficile de réussir dans un domaine
que l’on n’aime pas. Lorsqu’on échoue, on compte l’argent perdu, celui qui nous reste,
et on se recentre sur ce que l’on connaît et que l’on aime. »
Si Didier Fischer aime, comme il l’avoue
lui-même, être tenu au courant de tout, il délègue par contre beaucoup et échange longuement avec ses cadres avant de
prendre une décision. « Chacun donne son opinion et on regarde les différentes implications. J’agis toujours ainsi. C’est ce que j’ai fait avant d’accepter la présidence de la
Fondation 1890, j’ai consulté
ma famille, ma femme et mes trois enfants : Melissa, Valdo et Leïla. »
Entrepreneur dans l’âme,
Didier Fischer a récemment réalisé son rêve en acquérant avec un ami, Michel Tuor, le domaine viticole des
Trois Etoiles, à Peissy, l’un
des plus beau du canton selon lui. Un rêve, mais aussi une prise de risque inévitable
si l’on veut réussir. « Je regrette la généralisation excessive du principe de précaution qui pousse à tout analyser à
l’extrême. Il faut s’écouter, choisir un environnement dans lequel on est à l’aise, s’entourer des bonnes personnes et
entreprendre. Il ne faut pas penser d’abord à protéger ses arrières. »