La réémergence de la Chine au cours des 40 dernières années a été étourdissante – notamment au plan économique. Après un siècle et demi d’absence, le pays est redevenu le premier PIB de la planète – si celui-ci est mesuré en parité de pouvoir d’achat, et le second en termes réels. Certaines entreprises chinoises comme Alibaba dans le commerce électronique, China Mobile dans les services de télécommunication, ou SAIC dans l’industrie automobile, ont développé des positions dominantes à l’intérieur du pays grâce à des effets d’échelle massifs. D’autres, comme Huawei dans les équipements de télécommunication, Lenovo dans les ordinateurs et Haier ou Hisense dans l’électroménager, ont maintenant une présence mondiale.
Quel sera l’avenir de l’économie chinoise ? Depuis 2010, le taux de croissance de l’économie chinoise a régulièrement décru. Le pays est de plus confronté à plusieurs défis – inégalités, pollution, vieillissement de la population et diminution de la main-d’œuvre, endettement croissant – autant de nuages qui assombrissent l’avenir. En revanche, il y a aussi de bonnes nouvelles : la Chine est maintenant ancrée sur la carte de la R&D mondiale, l’investissement direct à l’étranger (IDE) chinois a explosé depuis 2004 et l’initiative des nouvelles routes de la soie – rebaptisée One Belt, One Road (OBOR), peut devenir un nouveau moteur de croissance.
Nous avons réuni récemment à Webster University Geneva un groupe d’experts pour exprimer leurs points de vue sur trois thèmes importants : la Chine et la création de technologies, la Chine et les IDE sortants, la Chine et OBOR. Nous avons abordé des questions telles que : La Chine sera-t-elle condamnée à l’innovation incrémentale ? Dans quels domaines technologiques peut-elle prendre le leadership ? Que recherchent exactement les entreprises chinoises lorsqu’elles investissent à l’étranger? Des sociétés comme Chem China, après avoir acheté d’énormes cibles comme Pirelli et Syngenta, vont-elles continuer à investir en dehors de la Chine? Le projet OBOR poursuivra-t-il son développement selon les lignes attendues ? Sera-t-il bénéfique aux pays étrangers comme la Chine ? L’objet de ce dossier du « Monde Economique » est de partager quelques-unes de ces contributions.
Dominique Jolly
Professeur à Webster University Geneva, Directeur de la Walker School of Business & Technology