Capitalisme financier mondialisé : vers l’excès ou la régulation ?

15 septembre 2021

Capitalisme financier mondialisé : vers l’excès ou la régulation ?

Alors que de nombreuses entreprises connaissent des difficultés et doivent se restructurer, en particulier en ce qui concerne l’organisation du travail, les études montrent que les milliardaires ont non seulement réussi à faire croître leur fortune (+ de 5000 milliards en 12 mois !) mais que leur nombre a également augmenté durant cette période de pandémie comme l’indique le classement du magazine Forbes. On peut donc s’interroger sur la pertinence de l’organisation financière mondiale actuelle, basée sur un capitalisme assumé, qui permet aux plus riches d’augmenter leur capital alors que les plus pauvres voient leurs maigres revenus encore baisser…

L’intérêt du capitalisme

Comme toujours, il ne s’agit pas d’adopter une posture caricaturale qui serait pour ou contre ce système économique. Même si on attribue à Winston Churchill la célèbre phrase « le capitalisme est le pire système économique qui soit… à l’exception de tous les autres », il est indéniable que cette organisation de la production et des revenus a apporté de nombreux bienfaits et en particulier, celui d’augmenter la richesse globale.

L’université de Stanford indique qu’en 1820, 94% de la population mondiale vivait dans la pauvreté et parmi elle, 84 % dans l’extrême pauvreté. En 1992, la pauvreté touchait 51% des habitants dont 24% étaient malheureusement dans une très grande pauvreté. Et les Nations unies confirment qu’en 2014, seuls 12 % de la population restaient dans l’extrême pauvreté.

On constate donc qu’il y a bien eu une amélioration générale en ce qui concerne la richesse.

Le capitalisme est donc probablement le système économique le plus efficace pour organiser la production, la vente mais aussi pour « fabriquer », littéralement, de la richesse.

De très grandes disparités engendrées par le capitalisme financier

Afin de contrer les effets négatifs engendrés par la crise du coronavirus sur l’organisation économique mondiale, les banques centrales ont décidé d’injecter presque 11000 milliards (note du FMI de juillet 2020) dans la finance et plus particulièrement, dans les marchés financiers. Cela n’a donc pas véritablement favorisé les petites entreprises nationales mais plutôt les grands groupes et les fonds de placement et d’investissement.

C’est ainsi que l’on peut comprendre que les ultra-riches ont vu leur fortune exploser alors que la majorité des citoyens ont constaté une baisse de leur pouvoir d’achat, s’accompagnant d’une grande crainte en ce qui concerne le maintien de leur emploi. Concrètement, les aides financières octroyées par les banques centrales n’ont pas servi à relancer l’économie de production pourtant essentielle à la création de vraie richesse, mais plutôt à enrichir les… spéculateurs !

Déjà en 2010, le président Nicolas Sarkozy intervenait au forum de Davos et listait les réformes à entreprendre « obligatoirement » :

      – limitation des bonus des traders

      – mise en place d’une taxe sur les opérations financières des banques

      – stabilisation du cours des matières premières

      – encadrement des rendements boursiers spéculatifs…

Aujourd’hui, on constate que rien n’a véritablement changé et que les mêmes recettes sont toujours à l’œuvre : soutenir envers et contre tout le système capitaliste financier, au détriment de la population.

Remettre le capitalisme face à ses responsabilités

Il semble évident qu’un capitalisme livré à lui-même ne peut pas prendre en compte les besoins des individus et surtout, amener une répartition plus équilibrée de la richesse. C’est pourquoi il semble nécessaire, à l’occasion de cette crise sanitaire mondiale, de réorienter l’organisation économique en donnant la priorité à la recherche, à l’innovation, à la durabilité et à l’éducation plutôt qu’aux seuls rendements financiers qui ne profitent qu’à une infime partie de la population déjà très riche ou aux multinationales « too big to fail » !

Il faudrait probablement mettre au point une justice fiscale beaucoup plus ambitieuse qu’actuellement et qui éviterait la continuation de ce système de répartition inégalitaire des richesses. On sent d’ailleurs poindre un peu partout un vent de contestation qui pourrait prendre de l’ampleur si un rééquilibrage n’était pas effectué : tout le monde comprend bien qu’aujourd’hui, les aides financières vont accroître une dette qu’il faudra bien rembourser un jour mais probablement pas par ceux qui profitent aujourd’hui des plans de relance. Cette perspective crée inévitablement une tension chez les citoyens de nombreux pays.

En conclusion, on peut affirmer qu’il y a urgence à mettre en place une coopération internationale en ce qui concerne les politiques publiques d’aides au soutien de l’économie capitaliste. À l’occasion de la pandémie actuelle, peut-être faudrait-il s’interroger sur une protection plus directe des citoyens et des entreprises nationales plutôt que sur le soutien d’un hypercapitalisme financier engendrant des excès difficilement justifiables.

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