Humanisme et rentabilité

6 décembre 2015

Humanisme et rentabilité

S’il est un mot qui revient fréquemment dans les conversations professionnelles d’aujourd’hui, c’est bien le mot humain. C’est sans doute le terme le plus usité lorsque l’on évoque l’entreprise idéale ; Des relations qui placent l’homme et les valeurs humaines au-dessus de toutes autres choses.

Il est dès lors constructif de se poser la question : Quelle signification donner à ce qui ressemble de près à une revendication. Et de quoi parle-t-on réellement ? De l’homme ? D’humanité ? D’humanisme ? Plusieurs logiques s’affrontent, créant souvent tensions et conflits. Parmi toutes ses représentations, il y en a deux qui sont particulièrement prégnantes.

La première est de considérer la rentabilité de l’entreprise comme le centre de l’attention. L’humain en est alors une des ressources, ressource qui donne son nom à un service, les RH ; Il est considéré comme un moyen de production et est perçu comme du potentiel. Son évolution de carrière dépendra directement de sa capacité à générer du profit. A l’instar de n’importe quelle matière première, l’intérêt qui lui est porté est directement proportionnel aux bénéfices escomptés. C’est parce que l’entreprise se développe et crée de la richesse que l’homme peut nourrir ses besoins. Il doit donc se mettre à son service et renoncer à ses inclinaisons individuelles. La personne est un des rouages d’un système plus important qu’elle.

Cette vision est généralement qualifiée de pragmatique, car en phase avec la réalité d’une économie mondialiser et basée sur la compétition. Pour les faire évoluer et s’adapter au marché, l’entreprise forme ses collaborateurs aux nouvelles techniques de production, de management ou de communication, avec pour objectif principal une standardisation des comportements. Les attendus de la formation sont des outils directement et instantanément transférables sur le terrain.

La seconde logique, qui a pris un essor considérable ces deux dernières décennies, se développe en fait en réaction à la première. Constatant les souffrances générées par une approche centrée sur le profit, le R de ressource est devenu le R de richesse. On parle maintenant de richesse humaine, de talent, dont l’éclosion est quasi entièrement la responsabilité de l’entreprise. Il est du rôle social de l’entreprise, transformé en contrainte sociétale, de permettre à la personne de s’épanouir. Le développement personnel comme source de la performance. La personne est pensée comme le noyau central autour duquel doit se construire la stratégie et le développement. Une vision centrée sur les émotions et le respect de la personne. Nous y voici, le mot est lâché, l’humain comme pierre angulaire de l’économie.

Les avantages de la méthode sont multiples. Permettre aux personnes d’exprimer toute leur complétude, c’est assurer imagination, créativité, motivation, sens, etc. Tout est réuni pour une productivité maximum. Le souci, c’est qu’un épanouissement personnel, cela prend du temps. Et c’est là que la théorie se heurte à la réalité de la mondialisation et de l’hyper compétitivité immédiate et constante exigée de l’entreprise. Non plus pour son seul développement, mais simplement pour sa survie. Comment une entreprise en danger de mort pourrait-elle apporter la sécurité nécessaire pour l’épanouissement des personnes.

Il existe une autre voie. Celle de la psycho dynamique et de la systémie, qui nous propose d’envisager l’entreprise et ses collaborateurs comme des éléments qui interagissent pour former un ensemble plus complexe. Ensemble lui-même en interaction avec son environnement (clients, fournisseurs, législateur, etc..). L’intérêt de cette vision, c’est qu’il est alors possible d’agir sur tous ces paramètres simultanément et d’anticiper les conséquences négatives de l’évolution d’une des composantes. Les personnes visent non plus un développement personnel et l’entreprise un développement économique. Ce qui est envisagé, c’est le développement collectif pour une croissance économique.

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