Par Natacha Guerdat, Head of Research & Guido Bolliger, CIO, Asteria IM
L’Accord de Paris a intensifié le mouvement vers une économie à faible intensité carbone, les objectifs de zéro net deviennent décisifs. Dans ce contexte, l’exposition d’une entreprise au climat et sa stratégie d’adaptation peuvent représenter un risque financier pour l’investisseur.
Les entreprises utilisent différentes étapes pour décarboner, un score de transition peut dès lors aider les investisseurs à évaluer le plan de transition d’une entreprise et à déterminer son alignement sur l’objectif de zéro net dans l’économie réelle.
Les objectifs de décarbonisation sont un marqueur utile pour évaluer les engagements de réduction des émissions. D’autres parts, l’alignement des objectifs à court terme sur les objectifs climatiques à long terme est essentiel pour atteindre la cible de zéro émission. L’initiative Science-based target initiative (SBTi) révise les objectifs volontaires des entreprises et évalue leurs engagements. Sur les 2700 entreprises de l’indice MSCI ACWI, 650 ont actuellement un objectif validé.
Parmi celles-ci, il n’y a aucune entreprise du secteur de l’énergie et très peu de services aux collectivités. Le secteur industriel et des technologies de l’information comptent le plus grand nombre d’entreprises engagées. Sans surprise, le nombre d’entreprises européennes dépassent celui des entreprises nord-américaines et il y a très peu d’entreprises dans les marchés émergents, y compris en Chine.
Pour évaluer le laps de temps nécessaire à une entreprise pour atteindre son objectif de zéro net, nous avons mis au point une mesure appelée « duration du zéro net ». Nous juxtaposons l’intensité carbone, actuelle et anticipée, avec le calendrier prévu par l’entreprise pour atteindre l’objectif zéro net. Il en ressort que seules 60 % des entreprises ayant un objectif à court terme seront de fait en mesure d’atteindre leur objectif d’ici 2050.
Source: Asteria IM, SBTi, TruCost. Données au 30 avril 2024.
A l’instar de toute décision stratégique, une bonne gouvernance, couvrant les risques et les opportunités liés au climat, joue un rôle crucial dans la réalisation d’un plan net zéro. Lors de l’évaluation des scores managériaux du TPI[1], seules 7,5 % des entreprises ayant des objectifs à court terme obtiennent un score élevé. Celui-ci reflète une intégration du changement climatique dans la stratégie de l’entreprise. Moins de 20 % sont considérée être au stade d’un renforcement des capacités. Alors que plus de 70 % des entreprises ne prennent pas suffisamment en compte le changement climatique au niveau de la direction et du conseil d’administration.
Dans les secteurs de l’énergie, des matériaux, de l’automobile, des biens d’équipement, des services aux collectivités et des transports, la transition est très intensive en capital. Nous attendons dès lors à ce que les ressources d’investissement soient suffisantes pour conduire le processus de décarbonisation. Lorsque l’on évalue la croissance annualisée des dépenses d’investissement sur 5 ans par rapport aux pairs du secteur, on constate que les entreprises de services publics semblent joindre le geste à la parole, ce qui n’est pas le cas de l’automobile.
Source: Asteria IM, SBTi, S&P Capital IQ. Données au 30 avril 2024
Pour évaluer la capacité à financer ces plans d’investissement, nous considérons les émissions d’obligations vertes comme un excellent indicateur. Nous avons analysé les émetteurs d’obligations vertes par secteur ainsi que leur alignement sur les plans existants. Le ratio obligations vertes par rapport à la dette total, il ressort le plus élevé dans les secteurs de l’immobilier, des services aux collectivités et de la finance, tandis qu’il est le plus faible dans les secteurs de la santé, de la consommation de base et des technologies de l’information, pour lesquels les investissements nécessaires pour décarboner sont moindres.
Source: Asteria IM, ICE. Données au 30 avril 2024.
Lors de l’identification d’un candidat à la transition, la stratégie de transition ainsi que sa mise en œuvre doivent être évaluées. Cette recherche constitue un premier effort pour évaluer systématiquement et objectivement chaque composante d’un plan de transition. Elle est simple, cohérente et fondée sur des faits. Au fur et à mesure que les cadres de reporting, les normes et les réglementations évoluent, la transparence et la collecte de données s’amélioreront. A terme, l’intégration des émissions de scope 3 et ainsi que des dépenses d’investissement vertes permettront d’affiner la sélection. L’étape suivante consistera à générer un score de transition à partir de ces indicateurs afin de constituer un portefeuille composé de sociétés dont les efforts de transition sont réels ains que d’allouer des capitaux aux entreprises dont les émissions sont difficiles à abattre.
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