23 mars 2021
Photos © Asteria Investment Managers
Natacha Guerdat, Managing Director Gérant Actions
L’eau existe en quantité abondante, elle couvre environ 70% de la planète. Or seulement 3% représente de l’eau douce dont 75% environ se retrouve sous forme de glace polaire. Une ressource essentielle, mais finalement rare et répartie inégalement. Neuf pays détiennent 60 % des sources naturelles. Ce déséquilibre de l’accès à une eau propre et consommable se trouve aujourd’hui renforcé par de multiples causes, comme le gaspillage et le changement climatique qui a pour conséquence de réduire la quantité d’eau disponible sur la planète. Et les effets dévastateurs sont autant environnementaux et que sociaux. Le World Economic Forum[1] a d’ailleurs classé, depuis 2012, « la crise de l’eau » parmi les cinq risques les plus importants pour notre société.
Source : WRI, 2018
Aujourd’hui, environ 2,1 milliards de personnes, soit environ 3 personnes sur 10 vivent dans des pays connaissant une forte pénurie d’eau. 785 millions de personnes sont encore dépourvues d’accès à une source d’eau potable ainsi qu’à une infrastructure d’assainissement viable. Plus gravement chaque année, selon l’UNICEF, près de 300 000 enfants moins de cinq ans meurent de diarrhée liée à une eau sale et un assainissement médiocre. L’ONU estime que d’ici 2025, plus des deux tiers de la population mondiale connaîtra des problèmes liés à l’eau. Or l’accès à l’eau potable représente un tremplin vers le développement. Il permet notamment de pratiquer une bonne hygiène et améliore la santé. D’ailleurs, il s’agit du sixième des 17 objectifs de développement durable établis par l’assemblée générale des Nations Unies en 2015. Le libellé officiel est d’«assurer la disponibilité et la gestion durable de l’eau et de l’assainissement pour tous». Cette problématique a une résonance globale et touche tant les pays émergents que les régions développées.
Pays | Consommation domestique |
USA | 300 litres par jour et par habitant |
Europe | 100 à 200 litres par jour et par habitant |
Pays du tiers mondes | Quelques litres à une dizaine de litres par jour et par habitant |
Source : WRI, 2018
Un stress hydrique apparaît lorsque la demande en eau dépasse la quantité disponible pendant une certaine période ou lorsque la mauvaise qualité en limite son utilisation. Il se produit fréquemment dans les zones à faible pluviométrie et à forte densité de population ou dans les zones où les activités agricoles ou industrielles sont intenses. Les experts du World Resources Institute (WRI) ont averti que l’augmentation du stress hydrique pourrait conduire à plus de « jour zéro » – qui désigne une situation dans laquelle l’approvisionnement en eau n’est plus possible au vu des réserves effectives. On se souvient de la situation tendue vécue par les habitants du Cap, en Afrique du sud, en 2018.
Compte tenu de l’ampleur des difficultés, assurer une gestion durable de l’eau nécessite une mobilisation rapide de capitaux pour une amélioration de l’accès à l’eau et une utilisation plus efficace des ressources existantes. Le WRI estime que pour sécuriser l’eau d’ici 2030, USD 1,04 billion d’investissement par an de 2015 à 2030 sont nécessaires. L’inaction pourrait être considérablement plus couteuse, selon les régions entre 2-10% du PIB régional.
Source : WRI, 2018
Comme pour l’énergie, il est moins coûteux et plus efficace d’améliorer l’efficacité de l’utilisation de l’eau plutôt que d’augmenter l’approvisionnement en eau. Au niveau de la gestion de la demande, de nombreuses opportunités existent pour améliorer le suivi de la consommation, le traitement ou la filtration et assurer un recyclage et une réutilisation sécurisée.
Plus largement, l’eau à une incidence sur le risque opérationnel dans de nombreux secteurs lorsqu’il y a une dépendance importante des modes de production, comme dans les semi-conducteurs. Dans la course à un monde « zéro émission », nous ne pouvons pas nous permettre de négliger la sécurité de l’approvisionnement. L’eau doit faire partie des stratégies climatiques. L’utilisation et le traitement de l’eau décarbonée contribuera de manière significative à la réduction des émissions. Les eaux usées sont une source inexploitée d’énergies renouvelables. Et en matière de mitigation, les zones humides représentent d’énorme puits de carbone, stockant plus de carbone que la plupart écosystèmes terrestres.
[1] WEF; The Global Risk Report 2020
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