Photo Laurent Degoumois © Kieger
Par Laurent Degoumois, responsable des marchés privés chez Kieger
L’économie mondiale évolue à un rythme sans précédent, ce qui incite les investisseurs à long terme à se positionner stratégiquement dans des secteurs qui subissent de profonds changements structurels. L’adoption d’une approche thématique de l’investissement sur les marchés privés peut générer des rendements attrayants ainsi qu’un impact positif mesurable. Une stratégie d’investissement consiste par exemple à se concentrer sur les « industries du futur », c’est-à-dire les secteurs qui se transforment en profondeur et s’attaquent à des défis sociétaux urgents. Ces secteurs clés comprennent les soins de santé, la transition énergétique ainsi que l’alimentation et l’agriculture durables.
Dans le domaine de la santé, on peut être fermement convaincu que les investissements visant à améliorer les résultats pour les patients peuvent coexister avec la réalisation de rendements ajustés au risque sur le long terme. Cette conviction est ancrée dans les transformations structurelles en cours dans le secteur de la santé, soutenues par des mégatendances majeures telles que l’évolution des modes de vie, le vieillissement de la population mondiale et l’essor de la classe moyenne dans les marchés émergents. La croissance du secteur se résume à quatre tendances clés représentées par l’acronyme « VIDA » (Virtualization, Innovation, Digitalization, and the shift towards Ambulatory Care) – virtualisation, innovation, numérisation et virage ambulatoire. Ces tendances ont déjà conduit à des surperformances substantielles par le passé : selon Bain, le TRI médian des opérations de capital-investissement dans le secteur de la santé a dépassé le marché dans son ensemble d’environ 6 points de pourcentage entre 2010 et 2021.
De même, la transition énergétique présente l’opportunité d’investissement potentiellement la plus importante de notre génération. Atteindre les objectifs de l’Accord de Paris nécessite une augmentation substantielle des investissements annuels dans les énergies propres, de 770 milliards de dollars en 2022 à une estimation de 2,2 à 2,8 billions de dollars par an au début des années 2030, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Ce changement monumental créera des besoins de financement diversifiés à travers les classes d’actifs du marché privé, les modèles d’entreprise et les zones géographiques. Elle offre aux investisseurs à long terme la possibilité non seulement de générer de la valeur, mais aussi d’avoir un impact positif sur notre planète. Les tendances récentes reflètent un intérêt croissant au sein de la communauté des investisseurs, avec 274 fonds axés sur le climat lancés depuis 2020 et un total de 41 milliards d’USD investis dans des entreprises liées au climat au cours de l’année écoulée, selon Preqin et Pitchbook.
On peut être persuadé que le capital privé, en particulier le capital-risque, peut jouer un rôle essentiel dans la résolution des problèmes sociétaux urgents, tels que le changement climatique. En orientant les fonds vers des technologies révolutionnaires, il est possible d’accélérer le développement, la commercialisation et la mise à l’échelle de solutions dont le besoin est urgent. Cette philosophie s’étend à d’autres thèmes que nous privilégions, notamment le soutien à une production alimentaire durable et plus saine et la promotion d’une croissance inclusive.
Cependant, la transformation des problèmes les plus urgents de la société exige plus que des actions individuelles de la part des investisseurs. Elle nécessite des initiatives bien orchestrées entre les investisseurs, les décideurs politiques et les entreprises. Cela est particulièrement important dans des secteurs tels que les soins de santé et la transition énergétique, où la dynamique du marché s’entrecroise souvent avec l’intervention des pouvoirs publics.
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Laurent Degoumois est responsable des portefeuilles de Private Equity. Il gère le fonds de fonds PE de Kieger à travers de multiples stratégies, y compris « diversified buyout », « healthcare-focused » et « impact PE ». Avant de rejoindre Kieger, il a passé 15 ans chez Swiss Re Asset Management, se concentrant sur les investissements dans les marchés privés et la stratégie d’investissement globale de l’entreprise. Au cours des dernières années, il a dirigé l’équipe d’investissement thématique, supervisant un portefeuille d’investissements dans les domaines de la santé, de la transition énergétique et de l’infrastructure numérique dans le capital-investissement et d’autres catégories d’actifs. Avant de travailler pour Swiss Re, il a acquis une première expérience professionnelle dans le domaine de la banque d’investissement. Laurent est titulaire d’un master en comptabilité et finance d’entreprise et en gestion internationale de l’Université de Saint-Gall. Il est également titulaire du titre de CFA.
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