Reconnaissance, leadership bienveillant et coopération : tels sont quelques-uns des principes directeurs d’un « management humaniste » qui tentent d’instaurer dans les entreprises des pratiques respectueuses de la personne et cherchent à prendre en compte le bien-être de la personne sans nuire, au contraire, à l’efficacité. Mais n’est-ce pas là une douce utopie qui cadre mal avec les contraintes qui pèsent sur les vieilles routines organisationnelles ?
Alors que l’expérience client a longtemps été privilégiée, il semble que l’expérience collaborateur devienne aussi importante dans le management que l’on peut qualifier d’humaniste. Pour attirer à elle les collaborateurs les plus talentueux, puis stimuler leur motivation, les départements RH des entreprises prennent davantage en compte la dimension humaine. Ce mouvement fait suite à une longue période durant laquelle le management avait tendance à se déshumaniser pour ne s’intéresser aux résultats qu’en étudiant les chiffres. En effet, le taylorisme et le fordisme très en vogue dans le management raisonnaient en tenant compte des résultats chiffrés de chaque individu qui appartenait à une chaîne. Les rapports humains se sont alors dégradés. Il est temps aujourd’hui d’inverser les tendances.
L’avènement des nouvelles technologies a fortement délabré les relations humaines. La communication est gérée à distance, par courriel notamment, empêchant tout contact humain direct et personnalisé, d’autant que le nombre d’interactions s’est démultiplié. Les collaborateurs ne réagissent pas positivement à cette déshumanisation et ne trouvent plus de sens à leur travail. Les relations sociales disparaissent, avec une influence très négative sur les résultats. Il faut alors des managers centrés sur le management humain pour recréer des interactions entre les individus. Cependant, le risque est de tomber dans le paternalisme d’entreprise, qui est aussi souvent mal perçu. Le manager doit fonder une relation de confiance, sans jamais être intrusif. Ses collaborateurs doivent pouvoir lui confier des informations personnelles, sans jamais s’y sentir forcés. Autant dire que la psychologie et la diplomatie tiennent une place fondamentale dans cette équation.
Construire un management humain repose sur un ensemble de critères. Il importe de traiter les problématiques une par une et de façon personnalisée. Il doit toujours s’agir d’un dialogue, et jamais d’un monologue du manager qui doit se montrer très à l’écoute. Il ne doit en aucun cas juger. Pour construire cette relation, le manager doit lui-même être humaniste et totalement ouvert à l’autre. Il utilise la communication verbale, mais aussi non verbale, et s’intéresse sincèrement à ses collaborateurs. En stimulant une relation entre les individus qui composent l’entreprise, en dépit de la hiérarchie, le management humain devient un levier de performance.
Le manager humaniste investit son temps en amont pour prévenir les dysfonctionnements au sein de son équipe. Il mise sur les interactions sociales, mais doit impérativement maîtriser le temps qu’il passe à les entretenir. Il doit sans cesse se remettre en question en fonction des résultats qu’il obtient. Il doit faire évoluer ses méthodes au vu du contexte extérieur et de la réaction de ses équipes. Son objectif est de bâtir une relation pérenne entre tous, afin de créer une synergie entre les individus. Il ne doit jamais perdre de vue qu’une équipe se construit avec la bonne volonté et le talent de tous. Le manager devra fatalement prendre des décisions radicales qui ne sont pas toujours plaisantes. Ainsi, il devra congédier les éléments qui ne trouvent pas leur place dans l’équipe et stimuler au contraire les collaborateurs qui deviennent des moteurs pour les autres.
Le management humaniste n’est pas béat, mais bien ancré dans la réalité. Il n’est pas une douce utopie, mais il faut les talents d’un manager engagé qui doit sans cesse trouver l’équilibre parfait.
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