En 2021, le nombre de milliardaires sur notre planète a considérablement augmenté. La fortune de ces 2800 protagonistes est passée de 8000 à 13000 milliards de dollars en une seule année. On n’avait encore jamais enregistré une telle propulsion des richesses en si peu de temps et avec un nombre de concernés aussi conséquent. Déjà bien enrichis, la crise du Covid a été profitable aux plus fortunés. Ce qui démontre que notre système économique favorise ceux qui possèdent un capital, ceux qui gagnent de l’argent grâce à leur patrimoine.
Depuis quarante ans, les impôts ont à la fois augmenté sur le travail et baissé sur le capital, ce qui explique le gain d’argent des propriétaires de biens. Le capital étant changeant, il peut échapper à l’impôt plus aisément que le travail. Et les banques centrales ont massivement soutenu les marchés financiers pour seulement 10% de la population aisée qui accède aux marchés boursiers. Cela a considérablement fait monter la bourse, constituant une subvention aux milliardaires disproportionnée.
On constate alors que les inégalités entre les classes s’accentuent. En effet, 20% de la population mondiale la plus pauvre n’a pas pu épargner et s’est même endettée pour subvenir à ses besoins essentiels. Ces inégalités entre les ultras-riches et les populations les plus modestes s’observent désormais aussi dans les grandes métropoles. Aujourd’hui, on peut considérer que les 8 plus grandes fortunes mondiales possèdent autant d’argent que les 3,6 milliards d’individus les plus pauvres. Cette situation n’avait encore jamais été observée depuis la seconde guerre mondiale.
L’autre facteur de l’enrichissement des milliardaires provient de leurs secteurs d’activité. Les domaines de la santé et des nouvelles technologies se sont démarqués face à l’épidémie planétaire. Ces gens fortunés font la course à l’innovation dans des diagnostics médicaux, des nouveaux traitements et des équipements de santé. Ils utilisent également la technologie pour développer leurs produits et leurs services. Ces innovateurs occupent une place prépondérante sur le marché pour investir dans la next economy.
Parmi eux, on peut admirer l’ascension de Mark Zuckerberg, PDG de Facebook, la réussite d’Elon Musk, propriétaire de Tesla et le génie du regretté Steve Jobs, cofondateur d’Apple. Alors qu’hier, on citait des personnages historiques, on observait des personnalités politiques, on imitait des icônes de la pop pour s’identifier, aujourd’hui les nouveaux influenceurs sont les ultras-riches.
Pour viser toujours plus haut, certains milliardaires veulent se démarquer de leurs pairs en cherchant d’autres formes de pouvoir. En effet, à cause de leurs nombres conséquents, la richesse seule est dévaluée et n’offre plus autant d’intérêt dans le classement mondial des personnes aisées. Ces dernières cherchent désormais une reconnaissance publique par des prises de position sur l’actualité et des prises de parole plus fréquentes. Les conflits internationaux, les différences de classe et l’environnement sont des sujets sensibles sur lesquels les grandes fortunes mondiales réagissent. L’engagement de Bill Gates autour de la recherche médicale ou de Jeff Bezos autour du mouvement « Black Lives Matter » en sont les parfaites illustrations.
Alors si les milliardaires s’engagent pour des causes collectives, ils devraient avoir une responsabilité sociale. A l’instar des gouvernements passés et présents, la mesure de leur impact planétaire devrait elle aussi être prise au sérieux. Le financement privé de services et biens publics mériteraient d’être mis en lumière. Et quand un groupe d’une envergure internationale comme Tesla ou Apple bénéficie d’investissements publics, ne pourrait-il pas reverser publiquement une partie de ses gains ?
C’est certain, les nouvelles superpuissances mondiales sont maintenant les milliardaires car ils ont une influence démesurée dans l’économie, mais aussi sur le marché du travail et surtout dans des décisions politiques. D’ailleurs, on constate désormais que la richesse des milliardaires est bien supérieure à celle des États. Alors une nouvelle gouvernance ne devrait-elle pas être envisagée ? Par exemple, en concevant un fond social et en redistribuant les profits à leur pays ou en relevant leurs impôts de manière à diminuer les inégalités.
Dans un monde parfait, ces solutions pourraient être bénéfiques, mais avec des personnalités richissimes et mal intentionnées, nous pourrions constater des dérives. Avec par exemple, l’achat d’une décision politique, d’un jugement ou d’un média. Cela pourrait servir les intérêts personnels des ultras-riches et creuser davantage les inégalités que l’on observe aujourd’hui.
En résumé, les milliardaires ont bien une responsabilité sociale sur le monde qui les entoure, car chaque agissement de leur part à une conséquence. Mais s’ils gouvernent demain, les corruptions auront-elles disparues ou seront-elles amplifiées ?
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