Travailler quatre jours par semaine, payé cinq : pourquoi doit-on l’envisager ?

19 septembre 2021

Travailler quatre jours par semaine, payé cinq : pourquoi doit-on l’envisager ?

C’est une entreprise de Nouvelle-Zélande qui a lancé un pavé dans la mare en testant cette organisation inédite pendant deux mois en 2018. Les salariés ont ainsi perçu leur rémunération habituelle, basée sur cinq jours de travail, mais ne sont en réalité venus travailler que quatre.

Les résultats de cette expérience mettent en évidence un accroissement du bien être des salariés, mais aussi une nette amélioration de leur productivité. Ce verdict a été posé par des observateurs extérieurs. Voyons ensemble les enseignements qu’il est possible d’en tirer.

Travailler moins sans perte de salaire : l’expérience néo-zélandaise

Les 240 salariés de «Perpetual Guardian», une entreprise fiduciaire néo-zélandaise ont ainsi vu leur planning bénéficier d’un réaménagement leur dégageant un jour de repos supplémentaire chaque semaine sans effet sur leur salaire habituel.

Sur toute la période en question, l’université d’Auckland a conduit une évaluation de cette nouvelle organisation avec le concours de la Auckland University of Technology. Les modalités de conciliation vie personnelle et vie professionnelle ont ainsi été observées, ainsi que le niveau de stress des collaborateurs. Les données recueillies ont été comparées avec celles précédemment récoltées en novembre 2017 auprès des salariés avec l’organisation classique de cinq jours de travail.

Les enseignements de la réduction du temps de travail à salaire égal

Les résultats montrent une amélioration très importante de l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Avec la semaine de cinq jours de travail, plus de la moitié des salariés estimait parvenir à trouver un équilibre entre les deux. Durant l’essai à quatre jours, c’est près de 4/5 qui estiment y parvenir.

De même, l’état de stress des employés s’est sensiblement réduit durant l’expérience, avec une diminution de sept points du nombre de collaborateurs stressés. Autre indicateur de réussite de cet essai, le sens des responsabilités et l’engagement des collaborateurs se sont améliorés de plus de 5 % durant les semaines à quatre jours. L’équipe de direction a par ailleurs analysé les performances de l’entreprise sur la période et a observé un maintien des résultats, avec même une amélioration de la productivité au sein de la plupart des équipes.

Le PDG de la société néo-zélandaise, Andrew Barnes, a ensuite communiqué sur le sujet, transmettant un communiqué de presse, notamment publié dans la revue Science Alert. Il s’est également exprimé dans plusieurs titres internationaux. Il indique que l’expérience a été si concluante que l’entreprise envisage d’en faire son organisation permanente. Il estime que la société et ses salariés seraient tous gagnants avec une révision du temps de travail. Il sera intéressant d’observer si le bénéfice pour les employés et l’accroissement de la productivité se maintiennent effectivement dans le temps avec une mise en place définitive de cette mesure

D’autres expériences dans le monde révèlent le même succès

En Islande, ce concept a été testé durant plusieurs années entre 2015 et 2019 sur un échantillon plus large de 2500 salariés. La nouvelle organisation leur a permis de réduire leur temps de travail, passant de 40 à 35 heures, réparties sur quatre jours et non plus cinq. Les résultats sont, comme en Nouvelle Zélande, sans appel : les salariés expriment un mieux être global très net, ils concilient les contraintes de leurs vies professionnelles et personnelles beaucoup plus facilement et leur productivité s’est à minima maintenue, voire améliorée pour certain. L’expérience a donc été considérée comme «un succès retentissant».

Quelques entreprises françaises ont également commencé à s’intéresser à cette organisation. La plateforme de recherche et d’information sur l’emploi «Welcome to the jungle» a ainsi mené l’expérience en 2019 pendant six mois avec 100 collaborateurs, en s’entourant d’un cabinet conseil, d’une experte en rythme de travail et d’un neuroscientifique. 

Les débuts du test furent décevants, puisque le premier mois a enregistré une baisse de productivité de près de 20 %. Des mesures correctives ont été mises en place et le bilan final à la fin des six mois a mis en évidence une performance plus élevée qu’avec la semaine de cinq jours. L’expérience a donc été transformée en organisation permanente, d’autant plus efficace que le test a permis de mettre en évidence les conditions de réussite.

Les points de vigilance pour une réelle amélioration des performances

Jérémy Clédat, le fondateur de «Welcome the jungle» estime en effet qu’il existe deux points essentiels sur lesquels travailler :

  • La gestion du temps doit être optimisée. Pour cela, il faut par exemple supprimer les réunions inutiles ou limiter leur durée.
  • Les projets les plus prioritaires doivent être identifiés pour que les équipes puissent s’y consacrer pleinement sans s’éparpiller. Il est ainsi intéressant de déterminer une seule période dans l’année pour s’occuper d’actions non urgentes comme la mise à jour d’outils de communication ou la mise à jour du site, et éviter que ces tâches viennent perturber la productivité des équipes tout au long de l’année.

Ces expériences nous donnent des pistes qu’il peut être intéressant de creuser, en gardant en tête que ce rythme impose de fait des journées souvent plus intenses. Attention, il ne s’agit pas de faire plus en moins de temps, mais bien de travailler plus intelligemment et plus efficacement. A chaque entreprise de trouver ensuite les modalités d’organisation adaptées à sa propre situation.

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