Sur l’avenir du prix de l’énergie

8 mai 2024

<strong>Sur l’avenir du prix de l’énergie</strong>

Par Guillaume Chieusse, Gestionnaire de portefeuille d’actions européennes chez ODDO BHF

Les prix du gaz ont été divisés par deux environ depuis novembre 2023. Cette année, les prix de l’énergie ont à nouveau nettement baissé. En conséquence, les cours des fournisseurs européens cotés en bourse ont évolué en dessous de la moyenne. La raison de cette baisse des prix est la diminution sensible des coûts du carbone et d’autres facteurs.

Une grande dépendance

L’Europe est fortement dépendante des livraisons de GNL spot américain. En 2023, celles-ci représentaient près de 50 % de ses importations de GNL, soit un volume total de 120 milliards de mètres cubes. Le prix minimum sous-jacent dépend de l’offre sur le marché : Si le marché du GNL est étroit, un prix minimum plus élevé est appliqué, y compris les frais de liquéfaction, de transport et de regazéification. En cas d’offre excédentaire, le prix minimum serait proportionnellement plus bas et se situerait au niveau des coûts marginaux respectifs.

Le développement des capacités est décisif

Un développement limité des capacités de GNL à court terme, combiné à une demande accrue de la Chine et de l’Asie du Sud-Est, entraînera une pénurie de l’offre de GNL jusqu’au second semestre 2026. L’évolution des prix européens de l’énergie dépendra donc de la mesure dans laquelle la demande pourra être satisfaite après l’augmentation massive des capacités à moyen terme. En influençant les coûts marginaux de la production d’électricité, la dynamique persistante du marché du gaz et l’offre supplémentaire d’énergie nucléaire et hydraulique pourraient déterminer de manière décisive l’évolution des prix de l’électricité à court terme. De plus, le développement des énergies renouvelables jouerait un rôle de plus en plus important dans le mix électrique. La forte baisse des prix de gros de l’électricité cette année pourrait peser sur les marges des fournisseurs européens au-delà de 2024, car les couvertures à prix élevés conclues pendant la crise énergétique arrivent progressivement à échéance.

Sous-évaluations identifiables

Les titres du secteur de l’hydrogène sont actuellement sous-évalués. La raison en est l’incertitude quant à la demande future et au rôle réel de ce vecteur énergétique dans la transition énergétique. De plus, la certification et la réglementation manquent de clarté. Certes, les coûts de production d’électricité pour l’hydrogène devraient fortement baisser au cours des dix prochaines années, principalement en raison des effets d’apprentissage. Cependant, le passage de l’hydrogène gris à l’hydrogène vert ainsi que les pertes d’énergie inhérentes aux processus d’électrolyse, qui sont actuellement d’environ 50%, restent des défis majeurs. Un autre problème est le taux de mise en œuvre extrêmement faible des projets, seuls 3% environ des projets ont reçu une promesse d’investissement définitive en 2023. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la demande mondiale d’hydrogène a augmenté de 3 % en 2022 pour atteindre 95 millions de tonnes. Les plus gros acheteurs étaient la production d’ammoniac ou de méthanol (55%) et le secteur du raffinage (44%). La part à faibles émissions de ces derniers représentait moins de 1 % de la production totale d’hydrogène. L’hydrogène vert ne représentait qu’environ 0,1 %. L’utilisation de l’hydrogène en 2022 représentait environ 30 % des émissions totales de CO2 de l’UE.

Besoin de subventions

Il n’y a pas encore de consensus sur la meilleure façon d’utiliser l’hydrogène. Il pourrait servir à chauffer les ménages, remplacer le gaz naturel dans la raffinerie de biométhane ou être utilisé dans les batteries des véhicules lourds. Globalement, on observe toutefois une tendance structurelle à l’abandon de l’hydrogène gris au profit de l’hydrogène vert. Partout dans le monde, les politiques ont pris des mesures pour encourager cette transition. La loi américaine sur la réduction de l’inflation est particulièrement remarquable. Il prévoit des crédits d’impôt liés à la quantité d’émissions de gaz à effet de serre produites au cours du cycle de vie de l’hydrogène. Ces mesures ont déjà permis d’accroître la compétitivité de l’hydrogène vert. Si une approche politique similaire en Europe parvient à remédier au désavantage actuel en termes de coûts de l’hydrogène produit par électrolyse, l’utilisation de l’hydrogène gris pourrait fortement diminuer à l’avenir.

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