Le système d’assurance de base en Suisse, régi par la Loi sur l’Assurance Maladie (LAMal), est conçu pour garantir une couverture des soins considérés comme essentiels et nécessaires. Cependant, cette approche exclut certains domaines comme les soins dentaires et les lunettes, ce qui soulève des questions sur l’équité et l’accès à des soins pourtant indispensables pour la plupart des individus. Historiquement, les soins dentaires ont été jugés comme relevant de la responsabilité individuelle, avec l’idée que la prévention, comme le brossage des dents ou des visites régulières chez le dentiste, pourrait éviter des coûts élevés. Pourtant, cette perspective ne prend pas en compte les inégalités économiques qui rendent les soins dentaires inaccessibles à une partie de la population. Une mauvaise santé bucco-dentaire peut entraîner des conséquences graves sur la santé générale, comme des maladies cardiovasculaires ou des infections.
En Suisse, les coûts des soins dentaires atteignent des sommets tels que de nombreuses personnes n’ont pas les moyens de consulter un dentiste. Cette situation met en évidence l’urgence d’aborder le problème à sa source et de reconnaître que la santé bucco-dentaire est une composante essentielle du bien-être général des patients. Plutôt que de se cantonner à des rôles dans les conseils d’administration des assurances, les décideurs politiques devraient se concentrer sur la mise en place de solutions qui permettent à chaque citoyen, vivant dans un des pays les plus riches du monde, d’accéder aux soins dentaires. Une prise en charge précoce et généralisée des problèmes dentaires pourrait éviter des complications plus graves et, à long terme, réduire les coûts globaux liés à la santé.
En ce qui concerne les lunettes, leur couverture dans l’assurance de base a été limitée et finalement supprimée en 2011 dans le cadre d’une rationalisation des coûts. Cette décision repose sur l’idée que les lunettes constituent une dépense ponctuelle généralement supportable par les particuliers. Toutefois, cette approche néglige les besoins des personnes souffrant de troubles visuels graves ou nécessitant des corrections régulières. Ces exclusions peuvent conduire certains à retarder ou renoncer à des soins essentiels, affectant directement leur qualité de vie.
Le maintien de ces exclusions s’explique principalement par une volonté de contrôler les coûts d’un système déjà perçu comme coûteux. Intégrer les soins dentaires ou les lunettes dans la LAMal augmenterait considérablement les primes, ce qui constitue un frein important sur le plan politique. Malgré plusieurs initiatives visant à inclure ces prestations, elles ont été rejetées par crainte de déséquilibrer le système. Des solutions alternatives comme les assurances complémentaires existent, mais elles restent facultatives et souvent onéreuses, ce qui limite leur accessibilité.
Cette situation met en lumière une forme d’injustice sociale, car les soins dentaires et les lunettes sont des besoins universels auxquels tout le monde est confronté au moins une fois dans sa vie. En dépit de cela, ils sont traités comme des luxes ou des éléments non essentiels dans le cadre du système d’assurance. Dans d’autres pays comme la France, une couverture partielle ou totale est assurée pour ces besoins, montrant qu’il est possible de trouver un équilibre entre contrôle des coûts et accès aux soins. Intégrer au moins une partie des soins dentaires et des lunettes dans la LAMal pourrait réduire les inégalités tout en maintenant la durabilité financière du système. Cette réforme potentielle permettrait d’améliorer la santé globale de la population et d’éviter des coûts indirects liés à des problèmes de santé non traités.
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