Par Pascal Mischler, CEO von Kieger
Les hauts et les bas de la dynamique macroéconomique et le va-et-vient de la saison des rapports du quatrième trimestre ont entraîné les actions du secteur de la santé dans une légère baisse (-4,1 %) à la fin du mois de février. Néanmoins, les fusions et acquisitions se multiplient et les fondamentaux restent très bons.
Dans le medtech (-3,2 %), les actions liées au diabète se sont négociées plus faiblement (avant de se redresser) après l’annonce qu’Apple travaillait sur un appareil non invasif de mesure continue de la glycémie. Une reprise des fusions et acquisitions au sein du secteur a également fait bouger les cours. Globus Medical a annoncé l’acquisition de NuVasive pour 3 milliards de dollars afin d’élargir son activité d’appareils pour la colonne vertébrale, et Abbott prévoit d’acquérir Cardiovascular Systems (pour 890 millions de dollars) afin d’élargir son offre dans le domaine des maladies vasculaires.
Dans le domaine de la biotechnologie (-3,7 %), Seagen (+29 %) a grimpé en flèche après que Pfizer ait annoncé être en pourparlers préliminaires en vue d’un rachat de l’entreprise pour plus de 30 milliards de dollars. Chez Abbvie, les commentaires selon lesquels l’érosion d’Humira serait légèrement moins importante que ce qui avait été annoncé précédemment ont suffi à faire grimper l’action au cours du mois. Moderna (-21%) a été la valeur la plus faible du sous-secteur, après avoir annoncé des résultats intermédiaires de phase 3 pour un vaccin candidat contre la grippe saisonnière, qui ont montré une supériorité par rapport aux vaccins traditionnels contre les souches de grippe A, mais une infériorité pour les deux souches de grippe B. Les investisseurs ont également remis en question les prévisions de ventes ambitieuses de l’entreprise pour le vaccin COVID-19, soit 5 milliards de dollars en 2023.
Au sein du secteur pharmaceutique (-3,9 %), les grandes capitalisations européennes (Novo Nordisk, AstraZeneca) ont été privilégiées car elles ont surperformé la plupart de leurs concurrentes américaines et suisses. Le titre le plus performant a été Catalent (+27%), suite à des rumeurs selon lesquelles Danaher pourrait s’intéresser à la société.
Tools & Services a perdu 4,5%, bien qu’il ait publié les meilleurs résultats du T4 de tous les sous-secteurs de la santé. Comme nous l’avions déjà observé en 2022, Tools & Services continue d’afficher la plus forte corrélation inverse avec la hausse des rendements.
Au sein des Providers & Services (-5,5%), les MCO restent sous pression en 2023, après une année 2022 fulgurante, notamment en raison de taux provisoires de Medicare Advantage plus faibles que prévu (au plus bas depuis 2016). La performance des distributeurs a été mitigée. Oak Street s’est envolée après l’annonce de l’acquisition de CVS pour 10,6 milliards de dollars. Fresenius Medical Care a également progressé après l’annonce d’une déconsolidation par son actionnaire principal.
Au sein du secteur medtech, les sociétés qui dépendent des interventions médicales (Stryker, Zimmer Biomet, Medtronic, Edwards, Smith & Nephew, Boston Scientific) ont fait mieux que prévu. Leurs prévisions pour l’année en cours sont également favorables et indiquent une poursuite de la stabilisation des volumes dans le monde (à l’exception de la Chine). Les grands fabricants de biens d’équipement pour le diagnostic hospitalier (Siemens, GE Healthcare, Elekta, Philipps) continuent de recevoir de nombreuses commandes, et leurs produits sont considérés comme un moyen de pallier les pénuries de personnel ou de permettre une augmentation des capacités. Les entreprises qui dépendent davantage des dépenses discrétionnaires ont eu des résultats mitigés. Les entreprises dentaires (Align, Straumann), qui sont généralement fortement corrélées à la confiance des consommateurs (qui s’est encore améliorée au quatrième trimestre), ont dépassé les attentes. Le segment de l’ophtalmologie a également plutôt bien résisté. En ce qui concerne les aides auditives, les fabricants continuent d’évoluer dans un contexte morose et prévoient pour 2023 une croissance inférieure au niveau du marché.
En ce qui concerne Providers & Services, la plupart des sociétés de soins gérés ont enregistré des résultats opérationnels supérieurs aux attentes, tandis que les chiffres d’affaires sont restés à peu près stables. Les fournisseurs hospitaliers HCA et Community Health ont prévu une poursuite de la normalisation dans ce secteur, avec une amélioration de la situation sur le front de l’emploi (diminution du turnover et des coûts du travail contractuel) et une reprise de la demande. Dans les services, les résultats des laboratoires ont été tirés par une évolution positive de l’activité de base (contrairement aux trimestres précédents, où la tendance à la hausse était portée par COVID-19). Chez les distributeurs, les trois entreprises américaines ont dépassé les attentes et ont revu à la hausse leurs prévisions pour 2023 (pour les activités de base).
Dans le secteur Tools & Services, les surprises en matière de chiffre d’affaires ont été supérieures à la moyenne, mais les surprises en matière de bénéfices ont été inférieures à la moyenne. Les entreprises restent toutefois en bonne santé : 83% d’entre elles ont dépassé les attentes. Les fabricants d’instruments continuent de voir une forte demande d’instruments, mais ont indiqué un taux de croissance plus normal au second semestre. Pour les grands fournisseurs de bioprocessing, le stockage reste une question critique, et la tendance des entreprises est que les stocks de COVID-19 devraient être progressivement réduits au cours des 1 à 2 prochains trimestres. Dans les activités de base, la demande reste robuste et les entreprises s’attendent à un environnement plus normal (« les clients ne s’attendent pas à une augmentation par rapport à ce que nous avons vu ici ces dernières années »). Les CRO ont parlé d’un environnement plus faible pour les biotechs, mais les relations avec les moyennes et grandes entreprises pharmaceutiques (toujours fortes) l’ont emporté sur la baisse.
Dans le secteur pharmaceutique, les surprises en matière de chiffre d’affaires ont été inférieures aux moyennes historiques. En ce qui concerne les bénéfices, les bonnes surprises ont dépassé la moyenne sur deux ans. Les actions sont restées en moyenne inchangées (-0,1%) après les rapports trimestriels.
Dans l’ensemble, la biotechnologie a connu des surprises au niveau du chiffre d’affaires, qui correspondaient à la moyenne historique, tandis que les bénéfices étaient inférieurs. Les actions ont reculé en moyenne de 1,2 % après la publication. L’ampleur des résultats positifs a été remarquable, puisque plus de 80 % des entreprises ont fourni des chiffres supérieurs aux attentes.
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