Quel est le rapport entre les couvertures de change et les crédits américains?

11 septembre 2025

Quel est le rapport entre les couvertures de change et les crédits américains?

Photo Ian Horn © Muzinich

Par Ian Horn, gestionnaire de portefeuille chez Muzinich & Co

Les investisseurs devraient se pencher dès que possible sur les changements apportés aux conditions de couverture du dollar américain et de l’euro dans leur portefeuille.

La couverture du risque de change est un élément clé de l’analyse de la valeur relative pour les investisseurs qui recourent à la couverture du risque de change. Étant donné que les rendements et les performances totals réalisées peuvent être fortement influencés par la couverture du risque de change, les anticipations quant à leur évolution doivent être prises en compte dans les décisions d’allocation d’actifs. Nous pensons que les coûts de couverture du risque de change joueront un rôle particulièrement important au cours des 12 prochains mois, à mesure que les politiques monétaires divergeront et que les coûts de couverture évolueront pour refléter cette divergence.

Divergence des politiques monétaires

Les coûts (et les avantages) de la couverture de change sont principalement déterminés par la différence prevue entre les taux à maturité courte de deux devises différentes sur une période donnée. Par exemple, le coût de couverture à 3 mois entre le dollar américain et l’euro peut être estimé à partir de la différence prévue entre les taux directeurs de la Réserve fédérale américaine et de la Banque centrale européenne (BCE) sur cette période. Étant donné que le taux cible de la FED est actuellement nettement plus élevé (4,50 % – limite supérieure)¹ que le taux de la facilité de dépôt de la BCE (2,00 %)², il y a un coût à couvrir l’exposition en USD vers l’EUR, et un avantage à couvrir l’exposition en EUR vers l’USD.

Le marché anticipe actuellement la fin du cycle de baisse des taux de la BCE, avec une nouvelle baisse prévue en mars prochain. Parallèlement, une accélération de la part de la Fed est attendue, avec cinq baisses prévues au cours des 12 prochains mois.³ Il s’agit là de la divergence des politiques des banques centrales à laquelle nous faisons référence ci-dessus.

De nouveau à la mode?

Pour les investisseurs couverts contre le risque de change, il en résulte qu’une part croissante des rendements locaux en USD sera disponible, après couverture du risque de change, pour générer des performances. Le coût de détention de dollars américains dans un portefeuille en euros diminuera, ce qui devrait logiquement rendre le crédit américain plus attractif, tandis que l’avantage de détenir des euros dans un portefeuille en dollars américains diminuera également, rendant ainsi le dollar américain plus attractif. Quelle que soit la devise de base, nous pensons que l’attrait du crédit en dollars américains devrait augmenter pour les portefeuilles couverts contre le risque de change. Selon certains, la baisse des taux de la Fed entraînera également une baisse des rendements des bons du Trésor américain, ce qui compensera l’avantage lié à la reduction des coûts decouverture. Cependant, comme ces baisses sont déjà intégrées dans les courbes de taux, les rendements ne devraient baisser que dans la partie très courte de la courbe, ce qui entraînera essentiellement une normalisation tant attendue des courbes de taux américaines.

Ce potentiel accru de rendement et de performance est l’une des raisons pour lesquelles nous avons commencé à nous tourner vers le crédit en USD dans nos comptes à short duration axés sur le rendement. Cela rejoint d’autres arguments en faveur d’une exposition accrue au USD, incluant la demande structurelle de crédit en USD que pourrait entraîner la baisse des taux directeurs.

1. Banque fédérale de réserve de New York, «Taux des fonds fédéraux», au 31 août 2025

2. BCE, «Taux d’intérêt directeurs», au 31 août 2025

3. Bloomberg, «Probabilités des taux d’intérêt mondiaux», au 31 août 2025

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