En ce début d’année, nous analysons une sélection d’actifs ayant enregistré de solides performances en 2024 et examinons leurs perspectives pour 2025. La première partie de cette série en deux volets est consacrée au Bitcoin, au Japon et aux petites capitalisations des marchés émergents.
L’année 2024 a représenté un tournant décisif pour le Bitcoin, avec une croissance significative tant en termes d’adoption que d’institutionnalisation. Cette dynamique a été lancée par l’autorisation des produits indiciels cotés en bourse (exchange-traded products, ETP) physiquement adossés au Bitcoin aux États-Unis, ce qui a permis à la cryptomonnaie d’atteindre son record historique de plus de 100 000 dollars[1] en décembre.
À la fin de l’année, la capitalisation boursière mondiale des actifs cotés et disponibles à l’investissement s’élevait à environ 216 000 milliards de dollars[2]. Les cryptomonnaies, dont la capitalisation boursière combinée est supérieure à 3 000 milliards de dollars[3], constituaient donc environ 1,5 %[4] du portefeuille mondial. En termes de capitalisation boursière, cette situation a permis de positionner la catégorie des cryptoactifs aux côtés d’autres catégories établies, telles que les obligations à haut rendement, les obligations indexées sur l’inflation et les petites capitalisations des marchés émergents.
Les investisseurs institutionnels ont de plus en plus adopté les ETP Bitcoin, percevant leur potentiel en tant qu’actif volatil mais non corrélé, pour améliorer les profils rendement-risque de leurs portefeuilles multi-actifs. Les flux entrants nets dans les ETP Bitcoin physiquement adossés ont dépassé les 34 milliards de dollars[5] dans le monde en 2024, ce qui démontre une confiance croissante dans cette catégorie d’actifs. En outre, de nombreux investisseurs institutionnels ont commencé à admettre que l’absence d’allocation au Bitcoin constituait une décision active de sous-pondération et qu’elle devait être appuyée par une thèse d’investissement solide.
Les tendances qui ont émergé en 2024 devraient s’accélérer et évoluer tout au long de l’année 2025. L’institutionnalisation devrait se renforcer à mesure que le Bitcoin gagne en acceptation auprès des gestionnaires de portefeuilles traditionnels. Il est attendu que les investisseurs institutionnels améliorent leurs stratégies multi-actifs de manière à intégrer davantage le Bitcoin dans leurs portefeuilles. Une allocation neutre d’environ 1,5 % au Bitcoin est appelée à s’imposer comme une norme, tandis que la sous-pondération ou l’exclusion du Bitcoin sera progressivement perçue comme un choix sous-optimal.
Portefeuille mondial 60/40 | Portefeuille 1 % Bitcoin | Portefeuille 3 % bitcoin | Portefeuille 5 % Bitcoin | Portefeuille 10 % Bitcoin | Indice MSCI AC World | Bloomberg Multiverse | Bitcoin | |
Rendement annualisé | 5,77 % | 6,46 % | 7,83 % | 9,20 % | 12,57 % | 9,07 % | 0,56 % | 56,24 % |
Volatilité | 8,79 % | 8,86 % | 9,14 % | 9,62 % | 11,42 % | 13,94 % | 5,05 % | 67,28 % |
Ratio de Sharpe | 0,48 | 0,55 | 0,68 | 0,79 | 0,96 | 0,54 | -0,20 | 0,81 |
Ratio d’information | 1,01 | 1,01 | 1,01 | 1,00 | ||||
Bêta | 70 % | 71 % | 73 % | 75 % | 81 % | 100 % | 24 % | 181 % |
Source : Bloomberg, WisdomTree. Du 31 décembre 2013 au 30 novembre 2024. En USD. Sur la base des rendements quotidiens. Le portefeuille mondial 60/40 est composé à 60 % du MSCI All Country World et à 40 % du Bloomberg Multiverse. Vous ne pouvez pas investir directement dans un indice. Les performances historiques ne garantissent pas les performances futures, et tout investissement est susceptible de perdre de la valeur.
La résilience du Bitcoin et sa valeur en tant qu’investissement alternatif non corrélé devraient gagner en reconnaissance, ce qui consolidera son rôle dans les portefeuilles mondiaux. En outre, le marché pourrait assister à l’augmentation du nombre de produits financiers innovants fondés sur le Bitcoin, qui permettraient aux investisseurs d’exercer un certain contrôle sur les baisses et la volatilité.
Les événements de l’année 2024 ont jeté les bases solides de l’évolution du Bitcoin en un actif accessible au grand public. Au cours de l’année 2025, la cryptomonnaie devrait consolider sa position et attirer un public d’investisseurs plus diversifié. Une adoption en hausse et des régulations potentiellement plus favorables devraient permettre au Bitcoin de conserver, voire d’augmenter, sa part dans le portefeuille mondial.
Les actions japonaises ont pris de l’avance en 2024, l’indice Nikkei 225 affichant sa meilleure année depuis 1989, malgré une certaine volatilité du marché[6]. Même après avoir progressé pour la deuxième année consécutive, la valorisation des actions japonaises, exprimée par le ratio cours/bénéfice (P/E), est inférieure à sa moyenne sur cinq ans. La hausse des actions japonaises a été généralisée, soutenue par la solide progression des bénéfices des entreprises du pays. En outre, les réformes structurelles du Japon se sont poursuivies en 2024, les entreprises plaçant de plus en plus l’accent sur le rendement sur capital.
Source : Bloomberg, WisdomTree du 3 janvier 2020 au 3 janvier 2025. Les performances historiques ne garantissent pas les performances futures, et tout investissement est susceptible de perdre de la valeur.
Bien que le Premier ministre Shigeru Ishiba ait rencontré quelques difficultés après sa prise de fonctions en octobre 2024, il a remporté un vote de second tour à la mi-novembre, lui garantissant ainsi de rester au pouvoir. Toutefois, compte tenu de la fragilité de son gouvernement minoritaire, il devra solliciter l’appui des partis d’opposition, y compris du Parti démocrate du peuple (PDP). Cela se traduira par des réductions d’impôts et d’autres subventions visant à accroître le revenu disponible.
La croissance des revenus réels est devenue positive en 2024 grâce à une augmentation constante des salaires. Il y a de bonnes raisons de penser que l’augmentation des salaires réels pourrait relancer la croissance de la consommation. Rengo, la plus grande fédération syndicale du Japon, a établi un objectif de hausse salariale de plus de 5 % pour 2025. Cela permet d’envisager la poursuite d’une croissance saine des salaires, car près de 70 % des salariés japonais travaillent dans des petites et moyennes entreprises (PME)[7].
L’inflation a pour effet de stimuler les réformes d’entreprise. L’environnement inflationniste incite les entreprises à utiliser l’excédent de trésorerie pour effectuer des paiements aux actionnaires ou des dépenses d’investissement visant à créer de la valeur. Les répercussions possibles des évolutions impliquant Seven & I Holdings et les pourparlers de fusion entre Honda et Nissan marquent un moment critique pour les entreprises japonaises.
Les tarifs douaniers de Trump pourraient dominer les débats en 2025. Depuis la pandémie, les entreprises japonaises ont accru leur dépendance vis-à-vis des États-Unis, au détriment de la Chine. Toutefois, le Japon ne devrait pas être une priorité majeure dans l’agenda commercial de Trump, compte tenu de l’importance qu’accordent les États-Unis à leur alliance avec le pays. Dans la mesure où les tarifs douaniers pourraient avoir un impact plus marqué en Chine, le Japon pourrait tirer parti de la situation en augmentant sa part de marché au détriment de cette dernière. En outre, les fabricants japonais peuvent se sentir relativement à l’abri, étant donné qu’un grand nombre d’entre eux possèdent des installations de production aux États-Unis, lesquelles sont d’importantes sources d’emplois.
La possibilité d’un renforcement durable du dollar américain et d’une baisse du yen sous l’administration Trump rend la Banque du Japon (BOJ) responsable de la stabilisation des attentes d’inflation autour de son objectif de stabilité des prix de 2 %. Cet environnement favorise les actions japonaises axées sur la valeur, qui bénéficient des taux d’intérêt américains plus élevés, de la faiblesse du yen et des rachats massifs d’actions effectués par des entreprises à faible ratio cours/valeur comptable.
Les petites capitalisations des marchés émergents (ME) ont surperformé les grandes capitalisations des ME de 143 %[8] au cours des 24 dernières années. Le cycle d’assouplissement monétaire de la Réserve fédérale, les mesures de relance budgétaire et monétaire de la Chine et les révisions à la hausse des notations souveraines des ME ont constitué des facteurs de soutien importants pour les marchés boursiers des ME tout au long de l’année. Bien que la réélection de Trump (qui s’accompagne de la perspective d’une hausse des tarifs douaniers et d’un renforcement du dollar américain) ait temporairement freiné cet élan, les petites capitalisations des ME se distinguent par leur solide ancrage local et leur capacité à absorber les chocs externes, tels que les tensions commerciales et les fluctuations monétaires.
Source : Bloomberg, WisdomTree du 3 janvier 2000 au 1er janvier 2025. Les performances historiques ne garantissent pas les performances futures, et tout investissement est susceptible de perdre de la valeur.
Les petites capitalisations des ME excellent dans le contexte actuel pour trois raisons principales :
Au cours du premier mandat du président Trump (2017-2021), les petites capitalisations des ME ont gagné 54 %, surpassant la hausse de 42 % des grandes capitalisations des ME[9]. Un facteur clé expliquant cette surperformance réside dans leur dépendance aux revenus domestiques plutôt qu’au commerce international. Cette situation a limité leur vulnérabilité directe aux tarifs douaniers et aux perturbations commerciales, notamment celles visant les marchandises transfrontalières.
Les petites capitalisations des ME sont moins sensibles aux fluctuations du dollar américain que les grandes capitalisations. Au cours des dix dernières années, la corrélation entre la variation du dollar américain sur douze mois et la croissance prévisionnelle des BPA a atteint -0,27 pour les petites capitalisations des ME, contre -0,63 pour les grandes capitalisations des ME.
Dans un contexte où le dollar américain devrait rester solide en 2025 grâce aux politiques de Trump, les petites capitalisations des marchés émergents offrent une meilleure protection, permettant aux investisseurs de mieux gérer les fluctuations monétaires.
Les petites capitalisations des ME ont tendance à surperformer lors des périodes de forte reprise économique locale, comme celle que connaissent actuellement plusieurs économies émergentes. Leur stratégie axée sur le marché intérieur leur permet de tirer parti des facteurs de croissance nationaux, les rendant particulièrement intéressantes pour diversifier et renforcer la résilience face aux incertitudes mondiales actuelles.
Pour les investisseurs en quête de croissance, de rendement et de diversification, les petites capitalisations des ME offrent une perspective intéressante pour l’année 2025 et au-delà.
[1] Artemis Terminal. 31 décembre 2024.
2 Bloomberg, WisdomTree. 30 novembre 2024.
3 Artemis Terminal. 31 décembre 2024.
4 WisdomTree. 31 décembre 2024.
5 Bloomberg, WisdomTree. 31 décembre 2024.
6 Bloomberg, au 30 décembre 2024.
7 Confédération syndicale japonaise (JTUC-Rengo) en novembre 2024.
8 Bloomberg du 3 janvier 2000 au 31 décembre 2024.
9 Bloomberg, du 2 janvier 2017 au 30 décembre 2021.
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