Être un leader, ou le leadership plus particulièrement, confère des réactions positives en général, ce qui lui vaut une multitude d’études. Cependant, il apparaît être parfois subversif avec des impacts nuisibles aussi bien pour l’entreprise que pour les employés qui y travaillent.
Le professeur Luc Brunet qui est également associé au Département de psychologie de l’Université de Montréal s’intéresse principalement au leadership destructeur contrairement à la tendance voulant éclaircir ce qu’est le leadership idéal. Et il estime que de très nombreux articles étudiant ce sujet font ressortir que les résultats des différentes enquêtes montrent qu’il y a une réelle recherche du Saint-Graal. Il explique dans son analyse que « Les théories dans ce domaine abondent et on peut se demander si, au bout du compte, tous les styles de leadership ne se valent pas, variant au gré des besoins des subordonnés et du type d’organisation ».
Le leadership subversif, ou plus communément destructeur, est loin d’être insignifiant, car il serait responsable d’un accroissement des dépenses en matière de santé ainsi que d’une diminution en termes de productivité de l’ordre de 23,8 milliards de dollars aux États Unis tous les ans. On note que seraient concernées par le leadership destructeur de 15 à 17 % des entreprises. Quant au Québec, il n’échapperait pas à la règle selon une enquête conduite par le professeur Brunet en collaboration avec d’autres chercheurs. Ensemble, ils exposent que sur un panel de neuf cents infirmières ayant accepté de participer à l’étude, entre 10 et 15 % témoignent, selon leurs observations, avoir constaté divers agissements négatifs de la part de leur supérieur, notamment tyranniques.
Les conséquences sur la productivité sont forcément impactées, tout comme le bien-être psychologique ou encore la mobilisation des employés. Pire encore, certains sont enclins à abandonner leur poste, à démissionner de l’entreprise, voire même à tout bonnement changer de métier. D’après le professeur Luc Brunet, l’explication sera la suivante : « Concrètement, le leadership destructeur prend la forme de comportements du gestionnaire visant à porter préjudice, à faire du mal, à nuire et à affecter émotionnellement les cadres hiérarchiques ou les employés ». Nonobstant le fait que suivant les stratégies employées, il y aurait six versions de leaderships destructeurs.
De ce fait, s’agissant du leadership basé sur le tyrannisme, il s’inscrit sur une idée de favoritisme, que ce soit juste pour la satisfaction de rabaisser ses employés et/ou qu’il est exercé en vue d’acquérir des avantages personnels.
En ce qui concerne le leadership fondé sur le narcissisme, il se distingue par un désir de pouvoir pour établir sa domination et obtenir l’admiration ainsi qu’un comportement emprunt d’arrogance.
Pour ce qui est du leadership machiavélique, il est axé sur le contrôle interpersonnel et la manipulation.
Ensuite, le leadership toxique qui peut aussi amener la personne à contrevenir au règlement dans un but personnel, pour sa part, il se définit par un contrôle abusif dans l’objectif de combler des appétences personnelles et bien entendu par de l’abus de pouvoir.
Quant au leadership psychopathe, travailler en équipe est un véritable problème pour lui, tout comme mettre ses idées en commun avec les autres, d’ailleurs. De la même manière, il est pourvu de travers significatifs, tels que la manipulation, l’impulsivité et l’imprévisibilité. Par ailleurs, il refuse les critiques. Selon Luc Brunet, ce genre de personnage « est également agressif et n’éprouve aucune empathie. Alors qu’on compte seulement 1 % de psychopathes dans la population en général, en entreprise, 4 % des gestionnaires seraient de type psychopathe en moyenne ».
Et pour finir, le leadership du laisser-faire, celui-ci concerne la personne qui normalement à autorité, mais qui ne transmet ni instructions ni indications aux employés sous son joug. Elle a abandonné aussi bien ses devoirs que ses responsabilités.
Ce triste classement amène toute une série d’effets aux répercussions regrettables. Toutes ces variantes de leadership Luc Brunet les décrit comme suit : « Le leadership destructeur est susceptible d’engendrer, notamment chez les employés, des comportements de violence, de l’épuisement émotionnel, de l’anxiété, de l’irritabilité, une faible estime de soi, de la dépression, un faible engagement, une performance médiocre, un mauvais climat organisationnel, etc. Par ailleurs, les recherches démontrent que les liens avec la détresse psychologique sont particulièrement élevés ».
Pour se préserver des conséquences nocives de ce genre d’attitude, les entreprises doivent trouver le moyen de les repérer. À titre de prévention, Luc Brunet préconise de tendre vers une sélection plus saine des cadres amenés à intégrer l’entreprise, en précisant que « Le leadership destructeur prend naissance dans la personnalité du gestionnaire, et ses traits négatifs sont généralement camouflés dans un profil positif. Des tests psychométriques valides pourraient aider à les repérer ». Un autre indicateur éloquent démontre que la personne se trouve dans une productivité moindre tout en ayant l’art et la manière de faire croire qu’elle est le fleuron de l’équipe en s’attribuant les mérites aussi bien des réussites que des succès de ses employés.
Pour redonner espoir aux employés qui se trouvent confrontés à des supérieurs hiérarchiques destructeurs, Luc Brunet termine par cette affirmation : « Si l’on ne peut pas changer la personnalité des individus, il est en revanche possible de modifier certains comportements ».
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