Pourquoi les obligations CoCo conservent leur pertinence dans un contexte de forte pression tarifaire

19 mai 2025

<strong>Pourquoi les obligations CoCo conservent leur pertinence dans un contexte de forte pression tarifaire</strong>

Par Ayush Babel, Director, Quantitative Research, WisdomTree

Dans le paysage économique incertain d’aujourd’hui, où les préoccupations tarifaires dominent l’actualité et où la volatilité du marché connaît un nouveau pic, les investisseurs recherchent à juste titre des opportunités d’investissement résilientes. Les obligations convertibles contingentes (CoCo) Additional Tier 1 (AT1) du secteur bancaire justifient une attention particulière, compte tenu de l’élargissement des spreads, qui frôlaient les 385 points de base au 28 avril 2025[1].

Le secteur bancaire connaît actuellement une solidité inédite depuis plusieurs décennies. Les institutions financières affichent désormais des niveaux de fonds propres de catégorie 1 (Common Equity Tier 1, CET1) record, ce qui renforce significativement leur capacité à absorber de possibles chocs économiques, comme le démontre l’illustration 2. Dans le même temps, les ratios de prêts non productifs (Non-Performing Loan, NPL) restent proches de leurs plus bas niveaux historiques, témoignant de portefeuilles de prêts de bonne qualité, et d’une exposition au risque de crédit contenue. Ce contexte confère aux banques un net avantage par rapport aux crises économiques précédentes, en établissant un socle de stabilité qui ne saurait être négligé.

Illustration 1 : Ratios CET1 des 10 principaux émetteurs de CoCo AT1 et marge CET1 par rapport au seuil de déclenchement maximal

Source : WisdomTree, Markit, Bloomberg, résultats financiers des émetteurs respectifs. Données au 31 mars 2025. Le libellé « CET1 change » (évolution CET1) représente l’évolution de la valeur des ratios CET1 à partir des données disponibles au 31 mars 2025 (généralement les rapports disponibles du T4 2024) par rapport aux dernières données disponibles au 31 décembre 2024 (généralement les rapports disponibles du T3 2024). L’absence d’évolution peut indiquer que le cycle de rapport n’est pas terminé. Le ratio CET1 est le ratio de fonds propres de base de catégorie 1, déclaré sur une base à niveau plein (fully-loaded) sur Bloomberg et à partir des derniers résultats financiers de l’émetteur, si cette donnée n’est pas indiquée sur Bloomberg. Le libellé « Maximum trigger level » (niveau de déclenchement maximal) représente le déclenchement maximal observé pour toutes les émissions de CoCo d’un émetteur donné. Cette stratégie est représentée par l’indice iBoxx Contingent Convertible Liquid Developed Europe AT1. Les performances historiques ne garantissent pas les performances futures, et tout investissement est susceptible de perdre de la valeur.

Contrairement aux secteurs de l’industrie, de l’agriculture ou des biens de consommation, les banques sont relativement épargnées par les effets directs liés à l’augmentation des droits de douane. Tandis que ces mesures protectionnistes affectent immédiatement les entreprises engagées dans le commerce transfrontalier, les institutions bancaires ne sont qu’indirectement exposées à ces pressions. En effet, tout impact potentiel sur les banques se matérialiserait indirectement et plus tard dans le cycle économique, principalement à travers la pression sur les entreprises ou les particuliers si le taux de chômage connaît une forte hausse. Ce délai permet aux banques de bénéficier d’un temps d’adaptation crucial, un avantage dont ne disposent pas les industries, directement affectées.

Le cadre réglementaire rigoureux qui régit le secteur bancaire est probablement l’aspect le plus rassurant pour les investisseurs. Les institutions financières font régulièrement l’objet de tests de résistance, conçus pour simuler des scénarios économiques nettement plus sévères que les effets anticipés des tarifs douaniers. Ces évaluations testent les réactions des banques dans des conditions délibérément extrêmes, notamment des contractions économiques marquées, des hausses brutales du chômage et des baisses spectaculaires des prix des actifs. Le fait que les banques réussissent régulièrement ces tests démontre une résilience bien plus importante que celle exigée pour affronter les perturbations économiques liées aux hausses tarifaires.

L’obligation légale imposée aux banques d’être financées et réglementées de manière indépendante dans chaque pays où elles opèrent atténue encore davantage les risques de contagion transfrontalière. Contrairement aux multinationales, qui sont susceptibles de subir des répercussions directes sur leurs chaînes d’approvisionnement mondiales, chaque entité bancaire préserve sa base de capital et respecte ses obligations réglementaires. Cette organisation compartimentée protège naturellement contre l’extension des difficultés économiques locales liées à des mesures tarifaires ciblées.

Avec des spreads actuellement proches de 400 points de base et des rendements supérieurs à leur moyenne historique (figure 2), les obligations CoCo offrent une valeur notable compte tenu de la solidité fondamentale du secteur. Pour les investisseurs à la recherche de rendement dans un environnement économique incertain, les obligations CoCo des banques constituent une opportunité d’accéder à des rendements soutenus par un secteur bien positionné pour résister aux pressions économiques susceptibles de résulter des discussions tarifaires en cours.

Illustration 2 : Rendement historique sur des obligations CoCo AT1

Source : WisdomTree, Markit. Période du 2 janvier 2014 au 28 avril 2025. Les calculs incluent des données rétrospectives. Le YTW (pour « Yield to Worst ») rapporté par Markit est le rendement à l’échéance le plus bas, il repose sur la pondération de la valeur de marché ajustée en fonction de la duration. Les dates de remboursement utilisées pour le calcul du YTW des obligations individuelles sont réinitialisées en fin de mois lorsque les obligations ne sont pas appelées à être remboursées. Cette approche de calcul impacte les chiffres du YTW pour l’indice intra-mensuel jusqu’à ce que les dates de remboursement soient réinitialisées. Cette stratégie est représentée par l’indice iBoxx Contingent Convertible Liquid Developed Europe AT1. Vous ne pouvez pas investir directement dans un indice. Les performances historiques ne garantissent pas les performances futures, et tout investissement est susceptible de perdre de la valeur.

[1] Source : WisdomTree, Markit. Données au 28 avril 2025.

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