Par Erick Muller, Director Product & Investment Strategy chez Muzinich & Co
La Réserve fédérale américaine (Fed) se réunira le mercredi 26 janvier dans un contexte de marchés volatils. Les actions américaines sont en baisse de 10 % depuis le début de l’année, et c’est le premier test pour la Fed : comment maintenir une hausse rapide des taux dans un marché boursier en baisse ?
Depuis la réunion de décembre, le pivot de la Fed sur les attentes d’inflation a été clairement énoncé dans de nombreux discours de ses membres. L’inflation est élevée et, bien que l’on s’attende à ce qu’elle diminue au cours des prochains trimestres, la vitesse et l’ampleur de cette diminution pourraient ne pas répondre aux attentes initiales.
En outre, les chiffres de l’emploi américain ont été solides, et il est fort probable que la Fed déclare que les conditions d’inflation et d’emploi seront remplies plus tôt que prévu initialement. En effet, le taux de chômage est tombé très rapidement près des niveaux estimés de plein emploi, et les salaires augmentent rapidement, tandis que les heures travaillées sont également à des niveaux élevés.
Nous pensons que les marchés attendront de la communication de mercredi un moyen de mesurer l’urgence de l’ajustement monétaire potentiel ainsi qu’une idée de sa vitesse, car le graphique en points de décembre est obsolète. La Fed devrait annoncer des changements dans trois outils :
Nous nous attendons à ce que le programme d’achat d’actifs soit arrêté à la mi-février. Les récentes déclarations des responsables de la Fed ont laissé entendre que trois ou quatre hausses pourraient avoir lieu cette année et il est important de mettre un terme à la réduction progressive des achats d’actifs relativement rapidement, si la Fed souhaite commencer à relever les taux en mars. Toutefois, un arrêt immédiat serait un signal d’accélération du calendrier du relèvement des taux et pourrait donc accroître la correction du marché.
Le marché a déjà fixé le prix de quatre hausses de 25 points de base (pb) chacune pour mars, juin, septembre et décembre 2022, une courbe bien plus raide que celle de décembre dernier. La question est de savoir si la Fed voudra voir une courbe encore plus raide sur le front dès cette réunion. Nous ne le pensons pas, surtout dans un marché des actions instable. D’autant que la Fed pourrait vouloir communiquer sur l’écoulement du bilan et préparer les marchés dès ce mercredi. Cela pourrait prendre la forme d’une annonce officielle selon laquelle il a été demandé au personnel de présenter un plan qui sera discuté lors des deux prochaines réunions de la Fed. Cela ferait de la réunion de juillet un véritable candidat pour le début de la liquidation du bilan et renforcerait les arguments en faveur d’un début de hausse des taux directeurs en mars.
Jusqu’à présent, en 2022, le mouvement des rendements a concerné les rendements réels, car les anticipations d’inflation évaluées par le marché sont tombées au plus bas d’une fourchette de trois mois. Selon nous, les rendements réels devraient continuer à progresser en 2022, même s’il ne s’agit pas d’une tendance linéaire, et nous pourrions assister à une pause momentanée dans la hausse des rendements.
L’enjeu de la réunion de la Fed de cette semaine est la capacité à stabiliser les anticipations d’inflation, ce qui nécessite un discours « faucon » continu. D’autre part, le resserrement des conditions financières par une forte baisse des valorisations du marché, avant même le début d’un ajustement du taux directeur, serait une complication et non une solution à l’objectif de la Fed. Une partie de la solution à cette délicate équation réside dans les projections de bénéfices des entreprises et la réaction du marché des actions. Il est possible que la Fed veuille d’abord attendre la fin de la saison des bénéfices du quatrième trimestre et voir ce que les marchés peuvent encore supporter.
Ce matériel ne doit pas être considéré comme une prévision, une recherche ou un conseil en investissement, et ne constitue pas une recommandation, une offre ou une sollicitation pour acheter ou vendre des titres ou adopter une stratégie d’investissement. Les opinions exprimées par Muzinich & Co sont en date de janvier 2022 et peuvent changer sans préavis.
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