Par Aneeka Gupta, Director, Macroeconomic Research, WisdomTree
2023 est une année difficile pour les adeptes du « stock picking ». L’écart entre les différentes approches en matière d’investissement factoriel en actions a été important au premier semestre. Les actions de croissance, de nature plus risquée, ont affiché la meilleure performance avec une hausse de 24 % depuis le début de l’année, suivies de près par les actions de qualité, en hausse de 20 %[1]. L’engouement autour de l’intelligence artificielle (IA) a atteint un pic au S1 2023, soutenant la hausse des actions technologiques axées sur la croissance.
À mesure que nous avançons dans le S2 2023, nous restons constructifs dans plusieurs domaines relatifs aux marchés mondiaux des actions. La résilience de l’économie américaine déjoue tous les pronostics. La solidité de la consommation aux États-Unis (qui représente 70 % du PIB), associée à l’impulsion budgétaire, constitue la pierre angulaire de son extraordinaire résilience. Bien que l’inflation présente des signes encourageants de recul dans le pays, une solide dynamique économique et un rebond des matières premières accentuent le risque d’une reprise de son accélération. Il est par conséquent possible que les taux demeurent plus élevés pendant plus longtemps, et que les baisses de taux par la Réserve fédérale (Fed) soient reportées au T1 2024. Dans ce contexte, une approche optimisée autour du revenu des actions pourrait être judicieuse. Bien que les perspectives de bénéfices s’assombrissent en Chine, un appui politique proactif, via des réductions de taux, pourrait soutenir ses multiples actions.
En Europe, où nous observerons probablement une récession modérée, nous pensons que l’adoption d’une approche plus prudente et défensive est justifiée. C’est au Japon que les ratios de révision des bénéfices sont les plus élevés, et dans les marchés émergents qu’ils sont les plus faibles.
Source : BofA, iQDatabase, WisdomTree, au 9 octobre 2023. Les performances historiques ne garantissent pas les performances futures, et tout investissement est susceptible de perdre de la valeur.
Ce marché a été le plus étroit de l’histoire, seulement 25 % des actions enregistrant de meilleures performances que le S&P 500. Les attentes autour d’un ralentissement de l’inflation, susceptible de permettre à la Fed de mettre un terme à son cycle actuel de resserrement, ont soutenu la performance des actions axées sur la croissance de plus longue durée. Aux yeux des investisseurs qui annoncent un atterrissage économique en douceur, il faut s’attendre à ce que les taux conservent leurs niveaux actuels, voire augmentent, pendant un certain temps encore. Il est probable que la situation de tension sur le marché du travail américain, associée à un chômage historiquement bas ainsi qu’à l’augmentation des salaires, ralentisse la dynamique baissière des prix dans le secteur des services. L’évolution du régime de marché devrait constituer une opportunité favorable à l’amélioration de l’étendue du marché[2]. Il est possible que les marchés commencent à favoriser les actions productrices de valeur et de dividendes. L’histoire nous enseigne que cette étendue a tendance à s’améliorer à mesure que l’économie se rétablit après un ralentissement.
Le rebond lié à la réouverture de l’économie chinoise s’est estompé. La transition du pays vers une économie moins alimentée par la dette, moins dépendante de l’immobilier, et davantage axée sur les consommateurs, constitue un ajustement important. Nous pensons que les politiques étatiques de relance viseront à améliorer l’efficience du secteur privé. D’autres réductions des taux directeurs par la Banque populaire de Chine (BPC) s’ensuivront probablement ; pour autant, il ne sera pas question d’assouplissement quantitatif pur et simple, et il faut s’attendre à ce que ces réductions affaiblissent encore davantage le yuan, ce que la BPC entend éviter. Compte tenu d’une faible corrélation avec les actions américaines (20 fois le ratio P/E)[3], ainsi que d’une forte décote des valorisations, la Chine continue d’offrir de belles opportunités d’investissement dans certains secteurs.
Les entreprises non étatiques, en particulier dans les secteurs de la technologie, des services de communication, et de la santé, sont les plus impactées par la répression réglementaire chinoise. Ces interventions réglementaires ont mis à mal la croissance dans plusieurs secteurs clés, tels que le commerce électronique, les paiements mobiles, le covoiturage et l’éducation en ligne. Elles ont également entraîné la suspension d’introductions en bourse (IPO) et l’exclusion de la bourse de plusieurs sociétés Internet chinoises. Les tensions politiques croissantes sur les chaînes d’approvisionnement incitent la Chine à recouvrer son indépendance dans le domaine des semi-conducteurs et des équipements informatiques. Les entreprises technologiques chinoises sont cotées à un prix significativement inférieur à celui de leurs homologues américaines, ce qui offre de nombreuses opportunités de rattrapage.
Il y a environ six mois, les investisseurs s’émerveillaient de la manière dont la zone euro était sortie de la crise énergétique. Cette dynamique semble s’estomper à mesure que la reprise chinoise ralentit, que la confiance des consommateurs décline, et que s’accentue l’impact sur l’économie de politiques monétaires strictes. Une inflation plus élevée au cours de l’année écoulée pèse sur la demande des ménages, ce qui met à mal la croissance.
Le resserrement monétaire de l’année écoulée a non seulement provoqué l’augmentation des taux réels, mais il a également impacté les indicateurs de crédit des emprunteurs. Les banques de la zone euro ont par conséquent durci leurs normes de prêt.[4] Les banques demeurent la première source de financement pour les entreprises en Europe. L’impulsion du crédit, c’est-à-dire l’évolution annuelle de la croissance du crédit par rapport au PIB, a atteint son plus bas niveau depuis 2010 au sein de la zone euro.
Source : Bloomberg, WisdomTree, au 29 septembre 2023. Les performances historiques ne garantissent pas les performances futures, et tout investissement est susceptible de perdre de la valeur.
« Il n’y a pas d’alternative » (ou TINA pour « There is no alternative ») aux actions, est un concept qui continue de s’appliquer au Japon. On l’observe dans le niveau supérieur des primes de risque sur les actions, qui s’élève à 2,97 % pour le Japon, contre 0,41 % aux États-Unis.[5] Tandis que le reste du monde s’efforce d’éteindre les incendies de l’inflation, le Japon est sorti des confinements de la COVID-19 avec un rythme de croissance plus rapide, et une inflation plus élevée. Primes de risque plus élevées sur les actions, yen plus faible (ce qui soutient le marché japonais des exportations), réformes des entreprises et valorisations attractives sont autant de catalyseurs importants pour les actions.
Source : FactSet, WisdomTree, au 29 septembre 2023. Les performances historiques ne garantissent pas les performances futures, et tout investissement est susceptible de perdre de la valeur
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La Banque du Japon (BOJ) a franchi au mois de juillet une étape importante en direction de la normalisation, en annonçant un nouvel ajustement de son régime de contrôle de la courbe des rendements (Yield Curve Control, YCC). Le fait que la BOJ change officiellement de cap témoigne d’une prise de conscience du retour de l’inflation dans l’économie japonaise. La BOJ a cependant abaissé à +1,9 % sa prévision d’inflation (médiane) pour l’exercice 2024, sans modifier sa projection de +1,6 % pour l’exercice 2025, justifiant ainsi la poursuite de sa politique d’assouplissement. La croissance nominale du Japon étant vouée à augmenter dans les prochaines années, le changement de politique opéré par la BOJ demeure accommodant, soutenant ainsi l’argument en faveur des actions japonaises. Historiquement, un yen plus faible a toujours profité à la performance des exportateurs japonais, améliorant en effet leur avantage concurrentiel. En privilégiant les actions japonaises créatrices de dividendes, il est possible de bénéficier non seulement d’un yen plus faible, mais également des réformes sur la gouvernance des entreprises.
À mesure que nous avançons vers la fin de l’année, les perspectives apparaissent plus nuancées. Aux États-Unis, nous privilégions les actions créatrices de valeur et de dividendes, à mesure que l’étendue du marché des actions s’améliore. En Chine, tandis que les difficultés du secteur immobilier continuent de peser sur la demande domestique, nous observons certaines opportunités dans plusieurs secteurs sous-évalués, tels que la technologie et la santé. Compte tenu des forts vents contraires que rencontre l’Europe, nous entrevoyons une croissance faible dans la zone euro pour le reste de l’année 2023, ce qui nous incite à potentiellement privilégier les valeurs défensives.
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[1] Bloomberg, au 11 octobre 2023.
[2] L’étendue du marché est mesurée en comparant les performances équipondérées par rapport aux performances pondérées par la capitalisation boursière des actions américaines cotées sur l’indice S&P 500.
[3] Ratio P/E = ratio cours/bénéfices (Price to Earnings).
[4] Enquête sur les prêts bancaires dans la zone euro (BLS), avril 2023.
[5] Bloomberg, WisdomTree, au 29 septembre 2023. La prime de risque sur les actions est la différence entre le rendement des bénéfices et le rendement de l’obligation souveraine correspondante à 10 ans.
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