La recherche de la zone de confort est une réalité, non seulement pour la majorité des personnes travaillant dans une entreprise, mais aussi pour tout entrepreneur qui se lance, que ce soit dans l’économie classique, dans l’économie sociale et solidaire ou l’entrepreneuriat social, ou encore dans une de ces autres logiques économiques alternatives qui refleurissent aujourd’hui dans notre environnement quotidien.
La personne qui désire se lancer dans l’aventure entrepreneuriale passe habituellement par plusieurs phases successives, commençant par une curiosité sur le fait même d’entreprendre, de devenir son propre patron, avec toutes les conséquences que cela comporte. Puis vient la phase de conception, déclenchée soit par l’observation d’opportunités ou de problématiques dans un contexte spécifique, soit par une idée lumineuse dans un domaine scientifique, technique, opérationnel ou social.
Philippe Coste nous propose quatre grands profils d’entrepreneurs[1]: l’expert, qui compte sur son savoir-faire et sa connaissance du domaine de son projet; le militant, convaincu de pouvoir changer le monde, poussé par la force de ses valeurs et convictions; l’opportuniste, dont les buts sont essentiellement la rentabilité et la profitabilité; et finalement le créateur, mû principalement par le désir de faire naître quelque chose, peu importe quoi.
La phase de conception se termine par un abandon ou par une décision positive, sous l’impulsion d’un « je sais comment » de l’expert, d’un « j’y crois absolument » du militant, d’un « c’est une bonne affaire! » de l’opportuniste, ou encore d’un « je vais m’éclater » du créateur.
Commence alors une phase de grande fébrilité, celle de la transformation de l’idée originale et du concept, en un projet concret d’implantation et de décollage de l’activité envisagée. C’est là que l’entrepreneur devra sortir peu à peu de sa zone de préférences au travail, se forcer à faire ce qu’il aime le moins faire, courant autrement le risque de voir probablement son projet aller à la dérive.
Chacun d’entre nous a ses préférences au travail, dans un des domaines d’activités ou « fonctions » que l’on retrouve à tous les niveaux de la hiérarchie organisationnelle, depuis l’équipe opérationnelle, jusqu’au comité ou conseil d’administration, passant par tous les échelons, lorsqu’ils existent.
Donc, sortir de sa zone de confort, c’est affronter les domaines d’activités où nous ne nous sentons pas trop bien préparés, où ne nous naviguons pas autant de facilité, là où nous n’évoluons pas avec autant de plaisir et satisfaction.
A partir des dix-neuf sous-systèmes de tout être vivant, selon les définitions de J.G. Miller, la méthode Leonardo 3.4.5 en définit huit fonctions primordiales au sein de toute équipe. Ce sont les fonctions d’information, l’innovation, la promotion, le développement, l’organisation, la réalisation, la vérification et la stabilisation.
Elle préconise aussi que toute personne a une préférence primaire au travail ainsi que deux secondaires et que c’est dans celles-ci qu’elle pourra le mieux développer et exercer ses compétences sur le long terme. Cela ne signifie pas qu’elle ne pourra pas exercer des compétences dans d’autres fonctions, mais le résultat sur la durée sera certainement de la frustration, du stress et une totale absence de plaisir.
Ne demandez pas à un « innovateur » de passer de longues semaines à concrétiser son idée géniale, ou ne mettez pas la pression sur un « vérificateur » pour qu’il aille promouvoir et vendre le produit qu’il contrôle… vous aurez certainement de très mauvaises surprises!
Et pourtant, la personne qui démarre seule un projet d’entrepreneuriat, n’aura pas le choix ! elle devra sortir de sa zone de confort, de ses préférences au travail, car elle n’échappera pas à :
C’est un concert d’activités très différentes que l’entrepreneur doit souvent exécuter en solo! Malheureusement, il a souvent tendance à rester bien au chaud dans sa zone de confort et à en négliger un certain nombre, mettant ainsi la survie de son entreprise en danger. Combien de fois pouvons-nous observer un « expert » connaissant parfaitement son domaine, mais ignorant les caractéristiques de son futur marché, omettant d’aller sur le terrain chercher des informations et profiter pour faire de la promotion? Et combien de fois voyez-vous un « créateur » abandonner son entreprise en pleine phase de décollage, lorsque les choses tendent à se stabiliser ?
Si nous pouvions donner trois conseils aux futurs entrepreneurs, ce seraient les suivants:
Selon les études de l’Office fédéral des statistiques, les entrepreneurs et indépendants représentent environ treize pour cent des trois millions de personnes actives en Suisse, seraient-ils celles et ceux qui ont osé sortir de leur zone de confort?
[1] Osez créer votre entreprise, Philippe Coste 2011, GroupeEyrolles