En République Démocratique du Congo, elle n’a désormais plus rien à prouver. Nicole Sulu y incarne le leadership au féminin, une réussite exemplaire dans un monde des affaires pourtant encore très masculin. Elle s’est imposée pour ce qu’elle est, une femme dans un monde d’hommes où l’héritage de la tradition reste fortement ancré, une battante dans un pays qui ne compte que 15 % de femmes CEO, une femme sans langue de bois qui fait swinguer les mentalités et assure qu’à Kinshasa, le machisme n’est plus tout à fait ce qu’il était. 

Elle a organisé il y a quelques mois avec succès la huitième édition du Forum  Makutano, à Kinshasa, mais également à Mbuji-Mayi, dans le Kasaï oriental. La rencontre business la plus importante de la sous-région est devenue le rendez-vous incontournable des quelque 600 investisseurs et les décideurs des secteurs public et privé qui comptent dans le pays, le continent et bien au-delà. Que de chemin parcouru depuis  sa création, en 2015 ! A l’époque, personne ne la croyait capable de réunir ses compatriotes pour favoriser les investissements dans leur propre pays. Il s’agissait d’installer entre eux des relations de confiance qui faisaient souvent défaut et les amenait à privilégier des relations d’affaires avec les étrangers. L’enjeu était aussi d’inciter la diaspora à s’intéresser davantage au développement du pays : « Les Congolais de la diaspora possèdent les fonds, explique Nicole Sulu. Ils peuvent être un véritable pilier du développement du pays. Dans la diaspora, il existe à la fois les ressources humaines, les formations, les moyens financiers et l’expertise ». 

En huit ans, Nicole Sulu a gagné ce premier pari. Elle s’est imposée comme une grande dans ce monde de l’intermédiation. En effet, le Forum, Makutano n’est que le sommet émergé de l’iceberg. Réseau d’affaires influent, il organise des rencontres entre businessmen, des formations et des masterclass à l’année. Think tank, il planche aussi sur des problématiques de développement économiques qui font régulièrement l’objet études et rapports. Les présidents africains s’invitent régulièrement aux manifestations de Nicole Sulu, conscients qu’elle incarne cette Afrique qui ose, cette Afrique qui gagne et entend relever le défi de la réappropriation des économies.

Inspirante, compétente et visionnaire, la jeune entrepreneure se fixe désormais de nouveaux enjeux et pousse de nouvelles portes. Elle veut être une locomotive pour favoriser la montée en puissance de nouvelles personnalités. Aux femmes, elle dit de ne pas se mettre d’interdits, de ne jamais se fixer de limites. « Je leur répète de croire en elles. Elles ne se font pas assez confiance. Il faut oser se faire confiance, croire en l’Afrique aussi. Notre continent est en train de bouger. Si elles ne bougent pas avec lui, elles resteront sur le bord du chemin».

Cette double confiance, dans les valeurs d’audace que porte l’entreprenariat et dans le potentiel de la République démocratique du Congo, Nicole Sulu entend désormais les impulser ailleurs. La Belgique fut naturellement une première étape en 2022, avec une journée business booster destinée aux jeunes entrepreneurs de la diaspora baptisée « Level up by Makutano ». Après Bruxelles, ce sera sans doute à Paris qu’elle posera ses valises. La France lui ouvre déjà ses portes. Puis destination Genève, ville emblématique d’un pays qui gère le tiers de la fortune mondiale, ville qui se veut facilitatrice pour celles et ceux qui ont la passion d’entreprendre et d’investir.

L’internationalisation de Makutano s’impose désormais comme une évidence. Sa fondatrice voyagera beaucoup dans les prochains mois. L’Europe est un objectif mais l’Afrique reste pour elle essentielle. Au Cameroun, elle dit avoir « rencontré des capitaines d’industrie locaux exemplaires à Douala et Yaoundé ». En Côte d’Ivoire, elle a ressenti très fort l’énergie d’entreprendre et avoue un vrai coup de cœur pour Abidjan. 

Elle lancera encore et toujours de nouveaux projets, ambitieuse et éclaireuse pour d’autres femmes. Elle le fera avec la force de son tempérament. « J’ai, dit-elle, le mental pour réussir. Le mental, c’est de fermer les yeux et les oreilles et d’avancer, de foncer. Peu de choses peuvent m’arrêter car quand je ne crois pas en quelque chose, je n’y vais pas. Je dois avoir la foi ».

Il ne faudrait pourtant pas croire que le travail est un sacerdoce. Le travail est pour elle une passion. Elle en a d’autres, sa famille, « deux garçons magnifiques », un mari qui la soutient et l’encourage toujours. Quand elle ne travaille pas, Nicole Sulu aime se détendre avec ses amis proches en dégustant un bon repas avec un verre de vin rouge. On peut aussi la voir visiter une exposition, car l’art est une autre de ses passions. 

Elle confie enfin une ultime fierté. Nicole Sulu est la fille d’une sommité de la médecine, le célèbre Professeur congolais Dr Sulu Maseb’ a Mwang Stanislas, fondateur du centre hospitalier Nganda qu’elle codirige aujourd’hui. Pendant des années, on lui demandait régulièrement : « Êtes-vous la fille du docteur Sulu ? ». Désormais, c’est aussi lui que l’on interroge : « Êtes-vous bien le père de Nicole Sulu » ?  C’est cela aussi, être une femme d’influence.

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