Bien que la semaine n’ait compté que quatre jours pour de nombreux investisseurs, elle a été une nouvelle fois favorable aux prix des actifs financiers, avec un aplatissement des courbes des obligations d’État mondiales et une surperformance de la partie longue. Les spreads de crédit des entreprises se sont resserrés dans le monde entier, les titres investment grade surperformant légèrement les titres high yield, aidés par la baisse de rendement des obligations d’État.
Les devises et les matières premières ont relativement peu bougé, même si le dollar américain s’est légèrement apprécié par rapport à un panier de grandes devises mondiales, reflétant l’appétit pour le risque. Les prix du pétrole sont restés dans une fourchette étroite, fluctuant dans un intervalle restreint en raison de signaux mitigés sur l’offre. En revanche, les prix des métaux ont enregistré des baisses généralisées de 2 à 3 %, sous l’effet des inquiétudes liées à l’affaiblissement de l’activité manufacturière mondiale.
Les données sur les biens durables publiées la semaine dernière aux États-Unis ont rappelé aux investisseurs que les entreprises restaient prudentes.[1] Après avoir anticipé leurs commandes ces derniers mois, de nombreuses entreprises semblent réticentes à s’engager dans des plans d’expansion à plus long terme.
La volatilité a continué de baisser, l’indice VIX passant sous la barre des 20,[2] ce qui témoigne d’une normalisation des conditions de marché et soutient la reprise actuelle des marchés actions. Le mois de mai a été tout sauf habituel pour les actions : les actions mondiales, mesurées par l’indice Bloomberg World Large & Mid Cap, ont terminé le mois en hausse de 5 %, ce qui en fait le meilleur mois de mai pour le S&P 500 et le DAX allemand depuis 1990 et 1998, respectivement.
Il semble raisonnable de penser que la plupart des risques extrêmes apparus en avril, alimentés par les inquiétudes liées au programme politique de l’administration américaine, ont depuis été intégrés dans les valorisations. Ce changement, combiné à une saison de résultats solides pour le S&P 500 au premier trimestre, a contribué à restaurer la confiance des investisseurs.
Plus de 96 % des entreprises du S&P 500 ont publié leurs résultats, 78 % d’entre elles ayant dépassé les estimations de bénéfice par action (BPA) et 63 % les prévisions de chiffre d’affaires.[3] L’indice a enregistré une croissance à deux chiffres de ses bénéfices pour le deuxième trimestre consécutif, soulignant la résilience continue des entreprises. Toutefois, cette solide performance a été fortement influencée par la contribution exceptionnelle des six grandes entreprises technologiques – Google, Meta, Microsoft, Apple, Amazon et Nvidia (voir le « graphique de la semaine »).
Sur le front tarifaire, la semaine a débuté sur une note positive pour les entreprises européennes, la date limite pour l’application des droits de douane de 50 % ayant été reportée au 9 juillet à la suite d’un entretien constructif entre le président Trump et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
Les marchés ont reçu un autre coup de pouce lorsque la Cour américaine du commerce international a statué que l’administration Trump n’avait pas l’autorité légale pour imposer bon nombre des droits de douane annoncés.[5] Cette décision a des répercussions sur un large éventail de taxes, y compris les droits de douane de base de 10 %, les droits de douane de 25 % sur les produits canadiens et mexicains, les droits de douane de 20 % sur les importations chinoises et les droits de douane réciproques. Toutefois, des exceptions importantes subsistent, notamment les droits de douane sur l’acier, l’aluminium et les automobiles, qui ont été mis en œuvre en vertu d’autorités juridiques distinctes.
Comme prévu, la Cour d’appel américaine a autorisé le maintien temporaire des droits de douane existants, fixant au 9 juin la date limite à laquelle l’administration doit présenter des mémoires justifiant un maintien à plus long terme.[6] Toutefois, l’issue finale reste incertaine, un nouveau recours devant la Cour suprême semblant probable, ce qui laisse entrevoir la persistance d’une ambiguïté juridique pendant l’été. Néanmoins, l’opinion générale est que même si la décision de la cour est finalement confirmée, l’administration trouverait probablement d’autres voies juridiques pour préserver sa stratégie tarifaire.
Parmi les faits marquants de la semaine dernière en matière de politique monétaire, il convient d’inclure la décision de la Banque de Corée de réduire son taux directeur de 25 points de base à 2,5 %, conformément aux attentes générales.[7] La banque centrale a indiqué qu’elle maintiendrait une orientation accommodante, mais qu’elle ferait preuve de prudence, révisant fortement à la baisse ses prévisions de croissance pour 2025, de 1,5 % en février à seulement 0,8 %.
Par ailleurs, la publication du compte rendu de la réunion de mai du Comité fédéral de l’open market américain a révélé un ton prudent dans un contexte d’incertitude accrue concernant la politique commerciale, la fiscalité et la réglementation. Les membres de la Fed ont noté que les risques de récession étaient désormais « presque aussi élevés que dans les prévisions de base », les droits de douane devant pousser l’inflation « nettement » à la hausse cette année et faire grimper le chômage au-dessus de son taux naturel estimé.[8]
Le marché des swaps de taux d’intérêt au jour le jour considère désormais que le moment le plus probable pour la prochaine baisse des taux de la Fed est octobre, la probabilité d’une décision en septembre tombant à 57 %.[9]
L’inflation a également été au centre des préoccupations des économistes la semaine dernière. Au Japon, l’indice des prix à la consommation de base (hors produits alimentaires frais) de Tokyo a augmenté de 3,6 % en glissement annuel en mai, contre 3,4 % en avril, légèrement au-dessus des prévisions consensuelles de 3,5 %[10]. Bien que cette hausse soit en partie due à des facteurs ponctuels, ces données renforcent la confiance croissante de la Banque du Japon dans la durabilité de son objectif d’inflation de 2 %.
Le gouverneur Kazuo Ueda a souligné que la Banque du Japon n’avait jamais été aussi proche d’atteindre cet objectif au cours des trois dernières décennies.[11] La prochaine réunion de politique monétaire de la banque centrale se tiendra le 17 juin et les taux devraient rester inchangés, même si les pressions en faveur d’un nouveau resserrement s’intensifient.
Dans la zone euro, la dernière enquête mensuelle de la Banque centrale européenne a révélé une deuxième hausse consécutive des anticipations d’inflation à 12 mois, qui s’établissent désormais à 3,1 %, contre 2,9 % en mars, leur plus haut niveau depuis un an.[12] Le marché des swaps de taux d’intérêt au jour le jour table sur une probabilité de 98 % d’une baisse de 25 points de base lors de la réunion de la BCE en juin, une autre étant probable en octobre.[13]
Aux États-Unis, l’indicateur d’inflation préféré de la Fed, le déflateur des dépenses de consommation personnelles (PCE) de base, a augmenté de 0,12 % en avril, ramenant le taux en glissement annuel de 2,7 % à 2,5 %, conformément aux attentes.[14] La désinflation dans les services financiers, les assurances et les services de loisirs a contribué à compenser les hausses dans les soins de santé et les catégories fortement exposées aux importations chinoises.
Source: S&P Global, as of May 30, 2025. S&P 500. Index represents best proxy for US equities. For illustrative purposes only.
References:
[1] US Census Bureau, ‘Monthly Advance Report on Durable Goods Manufacturers’ Shipments Inventories and Orders,’ May 27, 2025
[2] CBOE, Volatility Index, as of May 30, 2025
[3] FactSet, ‘Earnings Insight,’ May 30, 2025
[4] AP News, ‘Trump says he’ll delay threatened 50% tariff on EU until July,’ May 26, 2025
[5] Wall Street Journal, ‘Trade Court Strikes Down Trump’s Global Tariffs, Says President Lacks Authority,’ May 29, 2025
[6] US Court of Appeals for the Federal Circuit, ‘V.O.S. Selections, Inc. vs Trump,’ May 29, 2025
[7] Bank of Korea, ‘Monetary Policy Decision,’ May 29, 2025
[8] Federal Reserve, ‘Minutes of the Federal Open Market Committee May 6-7 meeting,’ May 28, 2025
[9] Bloomberg, World Interest Rate Probabilities,’ as of May 20, 2025
[10] Statistics Bureau of Japan, CPI, May 30, 2025
[11] Reuters, ‘BOJ’s Ueda calls for vigilance over food inflation risks,’ May 27, 2025
[12] European Central Bank, ‘ ECB Consumer Expectations Survey results – April 2025,’ May 28, 2025
[13] Bloomberg, World Interest Rate Probabilities,’ as of May 20, 2025
[14] US Bureau of Economic Analysis, ‘Personal Consumption Expenditures Price Index,’ May 30, 2025.
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