Le mois de juillet est historiquement un mois fort pour les marchés du crédit (voir le graphique de la semaine). À mi-parcours, tout porte à croire que l’année 2024 ne fera pas exception à la règle.
La vigueur saisonnière du mois de juillet est souvent attribuée au ralentissement des marchés primaires au début de la période estivale et aux périodes d’interdiction d’émettre au deuxième trimestre pour les émetteurs. Dans une classe d’actifs à portage positif, les investisseurs sont peut-être aussi désireux d’être pleinement investis avant les mois d’été plus calmes.
Graphique de la semaine: Rendements mensuels moyens du crédit, sur 20 ans
Source: ICE BofA Platform, au 30 juin 2024. Indice ICE BofA ML US Corporate (C0A0), indice ICE BofA ML Euro Corporate (ER00), indice ICE BofA US Cash Pay High Yield (J0A0), indice ICE BofA ML Euro High Yield (HE00). La performance de l’indice n’est donnée qu’à titre d’illustration. Vous ne pouvez pas investir directement dans l’indice. Les indices sélectionnés constituent la meilleure approximation de la performance des obligations américaines et européennes de première qualité et à haut rendement. À titre d’illustration uniquement.
Cette année, cependant, les moteurs de la performance jusqu’à présent en juillet ont été plus nuancés.
Le week-end dernier, les résultats du second tour des élections françaises ont surpris de nombreux observateurs. L’alliance de gauche a remporté le plus grand nombre de sièges, ce qui représente une nette amélioration par rapport au premier tour. Elle a battu le Rassemblement national de Marine Le Pen, parti de droite, qui était arrivé largement en tête après le premier tour.
Ces résultats mettent en évidence l’impasse politique dans laquelle se trouve la France. Trois groupes politiques très différents disposent d’un pourcentage similaire de sièges, mais aucun ne semble en mesure de former une majorité. Le marché s’est redressé à la suite de ces résultats. Alors que les spreads français ont continué d’être à la traîne, les spreads européens de qualité plus large sont revenus près de leurs niveaux de l’année, au 12 juillet.
Les investisseurs semblent quelque peu soulagés que les résultats potentiels les plus extrêmes ne se soient pas concrétisés. Toutefois, l’incertitude politique en France – la deuxième économie de la zone euro qui représente également 21% du marché européen des obligations de qualité – a clairement augmenté. Le rallye pourrait donc être potentiellement exagéré s’il était uniquement motivé par le soulagement. Selon nous, les facteurs saisonniers qui ont historiquement favorisé les marchés du crédit en juillet ont à nouveau joué et nous pourrions voir une partie du « rallye de soulagement » se dissiper au cours de la seconde moitié du mois.
Aux États-Unis, l’indice des prix à la consommation (IPC), très attendu, est ressorti à 3% en juin, soit le rythme le plus lent depuis un an et un niveau inférieur aux prévisions. Les taux américains se sont redressés, entraînant dans leur sillage les courbes des autres obligations d’État. À l’heure où nous écrivons ces lignes, le marché des swaps de taux d’intérêt au jour le jour prévoyait une baisse des taux d’intérêt de la Fed en septembre. L’indice des prix à la production (IPP) plus élevé que prévu publié vendredi n’a pas découragé le marché, bien que la divergence entre l’IPC et l’IPP rende difficile la déduction d’une lecture probable des dépenses de consommation personnelle – l’indicateur d’inflation préféré de la Réserve fédérale.
La récente série de données économiques plus faibles que prévu aux États-Unis a catalysé un changement de discours. Jusqu’à la fin du mois d’avril, la Fed était dans le camp des taux d’intérêt « plus élevés pour longtemps » et le marché l’a suivie à contrecœur. Cependant, depuis lors, les données ont déçu, des fissures commencent à apparaître sur le marché du travail, l’inflation a généralement tendance à baisser et le marché est à nouveau favorable à des réductions de taux. Pour l’instant, la tendance est à la baisse des taux américains, ce qui pourrait bien être le principal moteur d’un nouveau mois de juillet vigoureux pour le crédit.
En ce qui concerne l’avenir, septembre est historiquement l’un des mois les plus faibles, car les facteurs saisonniers qui profitent à juillet se dissipent généralement après l’été. Si l’optimisme persiste au cours des deux prochains mois, le mois de septembre sera clairement un test, car l’incertitude politique restera probablement élevée et la Fed sera à nouveau sous les feux de la rampe.
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