Dans le dernier numéro d’EM Monthly, Warren Hyland, gestionnaire de portefeuille chez Muzinich & Co., examine sur la durabilité en tant que thème d’investissement dans l’univers de la dette des marchés émergents. Les points forts sont les suivants:
Les obligations ESG, vertes et liées au développement durable prennent de plus en plus d’importance dans le monde de la dette des marchés émergents.
Les obligations des marchés émergents sont passées d’un marché de niche risqué à une classe d’actifs valant des milliers de milliards de dollars. Avec une attention croissante portée à la durabilité et aux critères ESG, elles jouent un rôle central dans la réalisation des objectifs climatiques mondiaux. Des pays comme l’Inde et la Chine font avancer les innovations dans le domaine des énergies renouvelables et de la mobilité électrique, offrant ainsi des opportunités d’investissement intéressantes. Parallèlement, le paysage réglementaire évolue: les obligations de publication et les rapports sur le climat font des aspects ESG une partie intégrante de l’analyse des investissements.
Aujourd’hui, le marché de la dette des pays émergents représente environ 28,5 billions de dollars américains. La majeure partie est libellée en devises locales et le volume des émissions d’obligations d’entreprises dépasse même désormais celui des obligations d’État. Les obligations durables gagnent rapidement en importance: 67% des obligations certifiées sont vertes, suivies par les obligations sociales et durables. Les marchés émergents sont dans une phase de transformation fondamentale, ce qui offre la possibilité d’intégrer la durabilité dès le départ – par exemple en investissant dans l’énergie propre, les infrastructures résilientes au changement climatique ou le logement social.
En revanche, dans certains pays industrialisés, les reculs politiques ralentissent les progrès ESG. Les réglementations environnementales sont affaiblies et la transition vers les énergies renouvelables ralentit. L’écart grandissant avec les pays émergents est renforcé par leur pertinence croissante dans le domaine du financement durable des entreprises.
Dans le cadre de l’accord de Paris, les investisseurs orientent de plus en plus leurs portefeuilles vers des objectifs climatiques et visent des émissions nettes nulles d’ici 2050. L’intensité carbone moyenne pondérée (WACI), qui permet d’analyser et de comparer l’impact climatique des portefeuilles, joue un rôle central dans cette démarche. Le WACI aide à identifier les secteurs à fortes émissions, tels que l’énergie et l’approvisionnement, et permet de les exclure de manière ciblée, par exemple en évitant le charbon thermique, sans nuire de manière significative à la diversification du portefeuille.
Malgré le préjugé selon lequel les marchés émergents sont particulièrement émetteurs, les stratégies à faible intensité de carbone peuvent également être mises en œuvre avec succès sur ces marchés. De nombreux fonds utilisent désormais des indices de référence ESG pour investir de manière ciblée dans des entreprises et des secteurs moins intensifs en carbone.
Outre la réduction des émissions, les pays émergents offrent de multiples opportunités d’investissement durable. L’Inde accélère massivement le développement des énergies renouvelables avec l’objectif d’atteindre une capacité d’environ 1 800 GW d’ici 2047. Le fort ensoleillement et les progrès technologiques rendent l’énergie solaire particulièrement attractive. Pour les investisseurs, il en résulte des potentiels dans les installations éoliennes et solaires onshore, qui servent à la fois la croissance économique et la décarbonisation globale.
De son côté, la Chine est leader dans le domaine des véhicules électriques et contrôle plus des trois quarts de la production mondiale de batteries au lithium-ion. Malgré les tensions géopolitiques, les fabricants chinois exportent leurs produits dans le monde entier. Le secteur gagne en importance dans les pays émergents comme le Vietnam et Singapour, mais il est encore sous-représenté dans les indices de crédit – ce qui offre des opportunités aux investisseurs, notamment via obligations vertes et titres d’entreprises de constructeurs automobiles, de producteurs de batteries et de sociétés d’IA qui soutiennent la transition.
La biodiversité devient également un sujet de plus en plus important pour les investisseurs, notamment en Amérique latine. Des entreprises comme la brésilienne Klabin montrent comment la responsabilité écologique et la stratégie financière peuvent être combinées. Toutefois, la biodiversité n’a jusqu’à présent que rarement été la seule destination des obligations vertes – bien qu’elle soit considérée comme pertinente dans les cadres ESG.
Les investissements durables dans les pays émergents peuvent être convaincants tant sur le plan écologique qu’économique: l’indice ESG Emerging Market Corporate de JP Morgan a obtenu des rendements presque identiques à ceux d& Coe son homologue plus large – avec un risque légèrement inférieur. Cela montre que les stratégies orientées ESG ne conduisent pas seulement à une plus grande résilience, mais restent également attractives à long terme.
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