L’usage du cannabis, substance psychoactive issue de la plante Cannabis sativa, fait l’objet de débats publics et scientifiques depuis plusieurs décennies. Alors que certains pays ont légalisé ou dépénalisé son usage, d’autres maintiennent des restrictions strictes, reflétant des visions divergentes quant à ses risques et ses bénéfices potentiels. Aujourd’hui, la question se pose : disposons-nous d’un recul suffisant pour appréhender les conséquences à long terme de sa consommation ? Quelles études ont été menées et comment peut-on lutter contre son usage problématique ? Cet article s’appuie sur des faits vérifiés pour explorer ces interrogations.
Les recherches sur les effets à long terme du cannabis sont encore en cours, mais certaines conclusions commencent à émerger. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et d’autres institutions, une consommation régulière de cannabis peut avoir des répercussions significatives sur la santé physique et mentale. Une consommation prolongée, surtout dès le jeune âge, est associée à un risque accru de troubles psychotiques, tels que la schizophrénie. Par exemple, une étude publiée dans The Lancet en 2019 a révélé que les consommateurs réguliers de cannabis à haute teneur en THC présentaient un risque quatre fois plus élevé de développer des troubles psychotiques que les non-consommateurs. De plus, environ 9 % des usagers développent une dépendance, un chiffre qui s’élève à 17 % chez ceux qui commencent à consommer à l’adolescence. Cette dépendance se manifeste notamment par des symptômes de sevrage tels que l’irritabilité, l’insomnie et la perte d’appétit. Enfin, des études longitudinales suggèrent que la consommation régulière pendant l’adolescence peut entraîner une baisse du QI et des troubles de la mémoire à l’âge adulte. Par ailleurs, fumer du cannabis expose les utilisateurs à des substances cancérigènes, similaires à celles contenues dans la cigarette, bien que les preuves soient moins claires que pour le tabac.
Selon le rapport mondial sur les drogues de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) en 2023, environ 200 millions de personnes dans le monde consomment du cannabis, soit près de 4 % de la population adulte mondiale. En Europe, ce taux atteint 7,1 % des adultes, tandis qu’aux États-Unis, environ 18 % des adultes déclarent avoir consommé du cannabis au moins une fois dans l’année. La légalisation dans certains pays, comme le Canada ou certains États américains, a entraîné une augmentation de la consommation, en particulier chez les jeunes adultes. Toutefois, les données indiquent que la légalisation n’a pas nécessairement provoqué une hausse significative de la consommation chez les adolescents, selon une étude publiée dans JAMA Pediatrics en 2021. Par ailleurs, la perception du cannabis a évolué ces dernières années, passant d’une substance illicite à un produit de consommation courante dans certains pays, modifiant ainsi les habitudes, surtout chez les jeunes adultes dont les taux de consommation peuvent atteindre 20 % dans certaines régions.
La lutte contre l’usage problématique du cannabis nécessite une approche multidimensionnelle, combinant prévention, éducation et traitement. Les campagnes de sensibilisation doivent cibler en priorité les jeunes, en les informant des risques liés à une consommation précoce. Des programmes scolaires, comme ceux mis en place au Canada, peuvent jouer un rôle déterminant. Dans les pays où le cannabis est légal, une régulation stricte s’avère essentielle pour limiter l’accès aux mineurs et contrôler la teneur en THC des produits. Des mesures telles que l’étiquetage clair, la limitation de la publicité et une taxation appropriée peuvent contribuer à réduire les risques pour la santé publique. Par ailleurs, les professionnels de santé doivent être formés pour dépister et traiter les troubles liés à l’usage du cannabis, notamment à l’aide de thérapies cognitivo-comportementales, dont l’efficacité a été démontrée. Enfin, investir dans la recherche est indispensable pour mieux comprendre les effets à long terme du cannabis et développer des interventions ciblées.
Malgré les progrès réalisés dans la compréhension des effets du cannabis, il reste encore beaucoup à apprendre sur ses conséquences à long terme. Les études disponibles montrent que la consommation régulière, en particulier chez les jeunes, peut avoir des impacts graves sur la santé mentale et cognitive. Avec environ 4 % de la population mondiale consommant du cannabis, il est essentiel de mettre en place des stratégies de prévention et de traitement efficaces. Une approche équilibrée, combinant éducation, régulation et recherche, est nécessaire pour minimiser les risques tout en respectant les libertés individuelles. La lutte contre l’usage problématique du cannabis doit s’inscrire dans une démarche globale, intégrant santé publique, éducation et justice sociale. Alors que de plus en plus de pays envisagent la légalisation, il demeure impératif de poursuivre l’étude des impacts de cette substance afin d’orienter les politiques publiques de manière éclairée.
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