Photo © Olivier Evard
Un jour, il a eu 40 ans, l’âge de cette fameuse crise qui, dit-on, provoque de brutales remises en cause. Pour Lionel Rocha, la quarantaine a en réalité servi de déclic et de booster. A 40 ans donc, après une bonne dizaine d’années passées dans l’univers de la santé, solidement implanté dans la région lyonnaise dont il est originaire, plusieurs portes s’ouvraient à lui : Paris et son mode de vie radicalement différent, une ouverture à l’international avec une possible expatriation au Canada. Entre les deux, il refuse alors de choisir.
Lorsque l’on évoque avec lui ce double refus, un prénom revient à plusieurs reprises dans la discussion : celui de Louane, désormais adolescente. Il n’était pas question de mettre plusieurs centaines de kilomètres entre lui-même et celle qui était alors une fillette, vivant au quotidien avec sa mère.
Le hasard des rencontres et des opportunités, la force du réseau aussi, ont contribué à forger sa décision. Ce serait la Suisse et plus exactement le canton de Vaud. Hasard, en réalité pas tout à fait. Avec les Suisses, il partage depuis toujours une valeur forte, celle du travail bien fait et un caractère commun, empreint de réserve et de pondération. Lionel Rocha ne hausse jamais le ton, ne met jamais d’émotion dans la sphère professionnelle et privilégie toujours une approche cartésienne dans la solution des problèmes. Il croit au mérite, à la performance, au temps long pour façonner une réussite. Il fait sien l’adage « pour vivre heureux, vivons caché ». Cette posture est à la base d’une double réussite, celle de son intégration dans ce nouveau pays, celle de sa réussite entrepreneuriale.
Pour le premier volet, arrivé « avec ses valises et les casseroles liées à l’image de l’hexagone », il a pris le temps, le temps de découvrir la Suisse, son histoire, au-delà des paysages de cartes postales. « J’ai, dit-il reconstruit ce puzzle pour m’enraciner, je me suis mis en mode touriste ; j’ai laissé de côté tous les préjugés possibles. J’ai conscience que l’intégration dans ce pays est quelque chose qui se mérite, se protège, se développe ».
Pour le second volet, la réussite se construit aussi dans une forme de durée. Lionel Rocha est désormais impliqué dans plusieurs entreprises sur le territoire helvétique. Les domaines d’activité peuvent être éclectiques (Synapse Swiss dans la désinfection, Althani Group dans les médias et la communication, dans l’aviation au travers d’Allen Groupe…) mais l’objectif reste identique : « je cherche les quelques centièmes de % qui feront que l’entreprise sera à 100% ».
En termes de management, Lionel Rocha applique partout la même recette, fondée sur la considération et la pédagogie, convaincu qu’une entreprise qui fonctionne bien se caractérise par « une direction stable et un personnel fidélisé ». Dans les faits, le pari est souvent gagné ; avec ses collaborateurs, la relation se construit là encore dans le temps, une relation « jamais intrusive, sans affect mais in fine empreinte de confiance et de connivence », une relation fondée aussi sur sa capacité à améliorer les situations et à les rendre pérennes.
Résolu à toujours repousser plus loin les frontières de l’excellence, Lionel Rocha vient de reprendre des études à l’EPFL. Il suit une formation sur la gestion et la prévention des risques en établissements de santé. Un nouveau défi pour celui qui préfère les revues médicales aux romans. Mais ne croyez pas pour autant que l’entrepreneur dédaigne les plaisirs de la vie. Avec le groupe d’amis d’enfance, il fait volontiers des heures de route pour les rejoindre et ne dédaigne pas à l’occasion de déguster avec eux un petit verre du cru local En septembre, un nouveau venu fera irruption dans sa vie : un chien. Une décision murie là encore dans la durée et un choix de vie au long cours.
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