Uli Gerhard, gérant de portefeuille senior high yield chez Insight (BNY Mellon IM)
Le segment du haut rendement à court terme est de plus en plus attrayant pour les investisseurs depuis la fin de la pandémie, car les entreprises réduisent leur endettement sur fond de craintes de récession.
Après les récents chocs économiques tels que la pandémie de Covid-19 et le conflit ukrainien, de nombreux émetteurs d’obligations à haut rendement s’efforcent d’être financièrement plus robustes. Les entreprises concernées ont notamment renforcé leur bilan et tenté de lever des fonds auprès de sources de crédit existantes et émergentes afin de conforter leur solidité financière.
Alors que les niveaux d’endettement se sont envolés pendant la pandémie, de nombreuses entreprises choisissent désormais de réduire la voilure. Elles affichent dès lors une meilleure liquidité et une trésorerie plus abondante. Les options de financement se sont également améliorées pour le secteur du haut rendement, grâce à la place prise par le crédit non coté.
Les émetteurs de titres à haut rendement sont désormais des entreprises de plus en plus importantes et diversifiées. En outre, les notations de crédit du secteur se sont améliorées et que les marchés sont parvenus à se stabiliser après la correction sévère de 2022. Le haut rendement, en particulier à court terme, possède aujourd’hui plusieurs atouts. La couverture des intérêts atteint des sommets pluridécennaux, l’endettement a considérablement diminué, peu d’obligations d’envergure arrivent à échéance dans les prochaines années et les taux de défaut restent faibles.
Mais si les rendements s’améliorent au sein du segment, une sélection de titres rigoureuse demeure la clé du succès. L’environnement économique et de marché actuel est favorable à une approche d’investissement discrétionnaire, sachant que les titres à plus court terme devraient s’avérer moins volatils dans les mois à venir. De plus, les titres à court terme sont généralement mieux à même de résister aux périodes d’élargissement des spreads.
Toutefois, compte tenu de l’éventualité d’une récession en Europe et même aux États-Unis, c’est essentiel de bien connaître les entreprises ciblées. Il ajoute que la trésorerie est primordiale. La génération de flux de trésorerie disponibles et la gouvernance sont essentielles et recèlent le plus grand risque de défaut dans une entreprise, de sorte qu’une bonne compréhension du fonctionnement de cette dernière est indispensable.
Sur fond de craintes de récession, la persistance de l’inflation rend une baisse des taux peu probable dans l’immédiat. Malgré ce contexte incertain, on n’anticipe aucune augmentation significative des défauts de paiement dans les mois à venir. Les taux de défaut passés ne sont pas un indicateur fiable des taux de défaut futurs. Au vu de la solidité financière des entreprises du segment et du fait qu’elles sont de plus en plus importantes et diversifiées, les taux de défaut seront probablement, à l’avenir, nettement inférieurs à ceux observés par le passé. Les grandes entreprises sont généralement plus résilientes et disposent de flexibilité dans les options de financement durant les périodes difficiles.
La proportion de l’univers d’investissement notée BB a augmenté aux États-Unis et dans l’UE ces dernières années, tandis que la proportion des entreprises les moins bien notées (CCC) a diminué depuis 2008, ce qui devrait se traduire par une baisse des défauts de paiement dans le segment du haut rendement.
Dans une optique d’investissement, Uli Gerhard estime que la diversification internationale joue un rôle essentiel pour équilibrer le couple rendement/risque sur le marché des obligations de qualité inférieure à investment grade.
Adopter une approche globale permet aux investisseurs de gérer au mieux leurs positions dans des secteurs fragiles. S’il existe un risque de défaut accru dans un secteur d’activité ou une région géographique spécifique, les portefeuilles diversifiés sont mieux placés pour traverser les champs de mines que cache parfois le marché.
Retrouvez l’ensemble de nos articles Business