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Par Christian Scherrmann, Économiste américain
Les chiffres de l’emploi de décembre ont rappelé aux marchés que la Réserve fédérale américaine ne devrait pas être pressée de baisser ses taux d’intérêt. Le nombre total d’embauches hors agriculture est passé de 173 000 à 216 000, tandis que celles dans le secteur privé ont augmenté de 136 000 à 164 000. Dans le secteur privé, les créations d’emplois se sont concentrées dans le commerce de détail et les services aux entreprises, ce qui pourrait indiquer un décalage saisonnier en décembre, mais la poursuite des suppressions d’emplois dans les agences d’intérim vient également quelque peu ternir le tableau général positif. Outre les solides embauches, la croissance des salaires est restée très robuste, avec une hausse de 0,4% du salaire horaire moyen en glissement mensuel, comme le mois précédent. Un autre signe d’un tableau mitigé est la baisse du taux d’activité de 62,8% à 62,5%. En fait, c’est la seule raison pour laquelle le taux de chômage s’est maintenu à 3,7% – presque toutes les personnes qui ont quitté la vie active avaient un emploi auparavant. Compte tenu du rythme solide des embauches, il pourrait s’agir de départs volontaires, et la grande question reste de savoir si ces personnes reviendront sur le marché du travail en janvier. Cette pénurie de main-d’œuvre en décembre pourrait également expliquer la croissance robuste des salaires.
Dans l’ensemble, le rapport montre que la banque centrale américaine n’est pas pressée de baisser les taux d’intérêt dans un avenir proche. C’est d’ailleurs ce que certains banquiers centraux ont clairement indiqué après la réunion de décembre. Toute l’attention se porte désormais sur les prix à la consommation pour le mois de décembre. Une croissance des salaires de 4,1% en glissement annuel ne semble toutefois pas encore compatible avec un rapprochement durable de l’inflation vers l’objectif de 2%. Si les taux d’inflation devaient malgré tout continuer à baisser, le débat persistant devrait se focaliser sur la rentabilité des entreprises, ce qui pourrait à son tour tempérer l’optimisme quant au marché du travail.
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