Par Christian Scherrmann, économiste américain
Nous pensons que la Réserve fédérale américaine adoptera une position attentiste lors de sa prochaine réunion du 29 janvier. Les données économiques actuelles pourraient toutefois indiquer que la Fed adoptera une attitude moins faucon qu’en décembre 2024. Les dernières données sur l’inflation laissent la place à de nouvelles baisses de taux, même limitées, et les marchés de l’emploi n’exercent actuellement pas de pressions sur les prix, malgré des embauches robustes. Ce qui reste, c’est l’incertitude politique. Certes, les banquiers centraux ont désormais reçu quelques impulsions de la part du nouveau gouvernement, mais on ne sait toujours pas comment les droits de douane, par exemple, seront utilisés – sans parler de la politique fiscale. En outre, la croissance et la désinflation ont été soutenues jusqu’à présent par un afflux important de personnes en âge de travailler – mais cet afflux pourrait très nettement diminuer à l’avenir. Les conséquences économiques sont difficiles à évaluer. Il n’est pas certain que les éventuelles tendances désinflationnistes dues à la baisse de la croissance puissent compenser les pressions potentielles sur les prix exercées par les marchés du travail en raison de la diminution de l’offre de main-d’œuvre. En ce qui concerne les droits de douane, la question est de savoir s’ils constituent réellement un instrument de politique économique ou si le gouvernement a l’intention de les utiliser pour financer des dépenses. Nous nous attendons à un résultat mitigé. Dans un premier temps, ils pourraient rester un instrument de politique étrangère en tant que menace, pour ensuite apporter une certaine contribution aux recettes de l’État lorsque les accords commerciaux seront conclus. Cela suppose que les droits de douane définitifs soient inférieurs à ceux initialement annoncés. Les augmentations mineures et ponctuelles des droits de douane disparaîtraient alors des calculs de l’inflation au bout d’un an. Une augmentation globale et significative des droits de douane pourrait toutefois stimuler la demande intérieure de certains biens au point de rendre possible une spirale des prix et des salaires. Alors que les banques centrales ignoreront probablement les hausses de prix temporaires, elles devront réagir aux pressions persistantes sur les prix, en particulier si elles proviennent des marchés du travail.
Dans l’ensemble, et compte tenu de la situation toujours incertaine en matière de droits de douane et de dépenses, nous maintenons notre prévision d’une nouvelle baisse des taux d’intérêt par la Fed, très probablement en mars et peut-être en juin. Il est toutefois clair que les risques sont actuellement orientés à la hausse.
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