Par Prof. Dr. Jan Viebig, Chief Investment Officer d’ODDO BHF SE
Les actions européennes de petite et moyenne capitalisation se négociaient traditionnellement avec une prime par rapport aux grandes capitalisations en raison de leur potentiel de croissance. Aujourd’hui, pour la première fois depuis 15 ans, elles se négocient avec une décote par rapport à des indicateurs financiers tels que le ratio cours/bénéfice (PER). Elles se trouvent ainsi dans la partie inférieure de la fourchette de valorisation, tant par rapport à leur propre historique que par rapport aux actions de plus grande capitalisation boursière.
Ce phénomène s’observe également pour les petites entreprises américaines. En effet, alors que la performance du marché des actions en 2023 a été tirée par les grandes capitalisations – en particulier les grandes entreprises technologiques -, les entreprises à petite capitalisation sont restées à la traîne. Si l’on se réfère à l’indice S&P Small Caps 600, les petites valeurs se négocient aux Etats-Unis avec une décote du PER de plus de 40 pour cent par rapport au S&P 500.
Parallèlement, la croissance des bénéfices et du chiffre d’affaires des petites capitalisations européennes a été très solide. Au cours des cinq dernières années, le chiffre d’affaires et les bénéfices ont augmenté en moyenne de plus de 10 pour cent par an. Cela dépasse nettement les résultats des « grandes » entreprises. Du point de vue de l’investisseur, nous considérons la valorisation plus faible des actions de petites et moyennes capitalisations (smid caps) comme une opportunité de participer au potentiel de croissance des petites et moyennes entreprises à un prix attractif. En effet, les « smid caps », que nous définissons comme des entreprises dont la capitalisation boursière est inférieure ou égale à 10 milliards d’euros, se trouvent souvent dans une phase plus précoce de leur cycle de vie que les entreprises à forte capitalisation boursière et disposent donc d’une plus grande marge de croissance.
Certes, la sensibilité aux fluctuations (volatilité) des petites et moyennes capitalisations est typiquement plus élevée que celle des grandes : si l’on regarde la période 2004-2019, la volatilité du MSCI World Small Caps était de 16,5 %, celle des moyennes capitalisations de 16,1 % et celle des grandes capitalisations de 15,4 %. Mais le risque plus élevé a été compensé par des rendements plus élevés : Les petites capitalisations ont enregistré un rendement annuel moyen de 16,5 % sur la période considérée, contre 7,8 % pour les moyennes capitalisations. Les MSCI World Large Caps ont dû se contenter d’un rendement annuel de 6,8 %…
Le fossé qui s’est creusé depuis 2020 entre les petites et les grandes capitalisations en termes d’évolution des cours sur le marché des capitaux a plusieurs raisons. Parmi celles-ci, on peut citer les restrictions de production et l’incertitude générale liées à la crise Corona ; les hausses de prix provoquées par l’invasion de l’Ukraine par la Russie et la forte augmentation des taux d’intérêt qui s’en est suivie ; ainsi que la vague de l’IA, qui a notamment donné des ailes aux grandes valeurs tech.
…De manière générale, le potentiel de hausse s’accompagne de risques. C’est ce qu’illustre la grande dispersion de l’évolution des cours des petites valeurs. Car dans le vaste univers des petites et moyennes capitalisations, il faut séparer le bon grain de l’ivraie et, au mieux, trouver la nouvelle Amazon. C’est pourquoi une sélection prudente des titres est essentielle. Lors de la sélection des valeurs secondaires, nous recherchons donc des entreprises avec des modèles d’affaires prometteurs, un faible endettement, un rendement élevé des capitaux propres et une évaluation attrayante.
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