«Le bonheur et le malheur des marchés de capitaux dépendent à nouveau principalement des États-Unis»

16 janvier 2025

<strong>«Le bonheur et le malheur des marchés de capitaux dépendent à nouveau principalement des États-Unis»</strong>

Photo Vera Fehling © DWS


Marché et macro
Vincenzo Vedda, Global Chief Investment Officer

Comme les années précédentes, les actions américain es ont été incontournables en 2024. Le S&P 500 a enregistré une belle progression annuelle de 24%. Toutefois, la hausse du marché a été tirée par une poignée de valeurs technologiques, les « Magnificent Seven » ayant gagné les deux tiers du marché. Un autre chiffre illustre également la dépendance des performances boursières à l’égard de quelques titres seulement: huit titres sur les 2 650 entreprises composant le MSCI AC World ont représenté la moitié de son rendement annuel de 16%. D’autres marchés boursiers ont également fait le bonheur des investisseurs l’année dernière, en produisant des rendements extraordinairement élevés: le Nikkei japonais a gagné 21% en monnaie locale – cependant, en dollars, ces gains ont été ramenés à moins de 9% en raison de la forte dévaluation du yen. En dépit des performances économiques médiocres, l’indice allemand Dax a réussi à augmenter de façon surprenante de 20%. «La probabilité d’un maintien de ces résultats en 2025 est plutôt faible», affirme Vincenzo Vedda, Chief Investment Officer de DWS. Plusieurs signes incitent à la prudence. Tout d’abord, les prix augmentent rapidement à un rythme bien supérieur à la normale: depuis le creux provisoire d’octobre 2022, l’indice MSCI a gagné près de 60% au niveau mondial et l’indice S&P 500 près de 70%. En outre, les gestionnaires de portefeuilles ont réduit leurs liquidités à leur plus bas niveau depuis dix ans, et la surpondération des actions américaines et financières a atteint des sommets sans précédent. Différents facteurs pourraient donc déclencher des corrections. L’un d’entre eux est la fragilité de la situation géopolitique avec une multitude de points chauds. Même les valeurs technologiques américaines, qui ont connu le succès par le passé, devraient avoir de plus en plus de mal à maintenir leur rythme de croissance et à justifier leurs valorisations élevées. Malgré toutes ces incertitudes, M. Vedda est fondamentalement optimiste en ce qui concerne l’année boursière 2025: «L’économie américaine et les marchés du travail sont stables. Les bénéfices des entreprises continuent de se redresser et les rendements des obligations d’État à long terme devraient avoir achevé leur mouvement de hausse.»

Économie: La croissance américaine devrait être nettement plus dynamique que la croissance économique de la zone euro.

  • L’économie américaine semble toujours robuste. La déréglementation, les politiques commerciales et les politiques fiscales expansives annoncées par le nouveau président Trump devraient avoir un impact positif sur la croissance américaine.
  • Dans la zone euro, en revanche, on s’attend à ce que la croissance économique reste atone pendant un certain temps. Mais la raison a changé: après les problèmes du côté de l’offre, c’est maintenant le côté de la demande qui s’avère être le point faible.

Inflation: l’objectif de deux pour cent n’est pas encore atteint

  • L’inflation diminue aux États-Unis. Le rythme d’une nouvelle baisse pourrait ralentir en cas d’introduction massive de droits de douane et de restrictions sévères à l’immigration.
  • Les dernières données en provenance d’Allemagne indiquent clairement que le chemin vers un objectif d’inflation de deux pour cent n’est pas facile. En décembre, l’inflation a atteint le niveau étonnant de 2,6%. Dans la zone euro, le taux d’inflation a également augmenté, mais pas dans la même mesure: 2,4% en décembre après 2,2% en novembre.

Banques centrales: La Banque centrale européenne devrait réduire ses taux plus rapidement que la Fed

  • La banque centrale américaine devrait se montrer plus prudente en ce qui concerne les baisses de taux, étant donné que les risques de hausse de l’inflation sont toujours présents. Nous prévoyons deux baisses de taux pour l’année en cours.
  • La Banque centrale européenne devrait poursuivre une politique plus expansionniste pour contrer le ralentissement de la croissance dans la zone euro. Nous prévoyons quatre baisses de taux d’ici décembre 2025.

Risques: exacerbation des crises géopolitiques

  • Les risques de l’année passée sont essentiellement les risques de la nouvelle année. Un certain nombre de crises géopolitiques et la possibilité d’une nouvelle escalade font partie des plus grandes menaces de notre époque.
  • Les marchés boursiers sont particulièrement confrontés à deux facteurs de risque: d’une part, une croissance des bénéfices plus faible que prévu et, d’autre part, une hausse des rendements des bons du Trésor à 10 ans jusqu’à 5%.

Actions

Philipp Schweneke, co-responsable des actions européennes 

Trois raisons de soutenir les petites et moyennes capitalisations européennes en 2025

Pour la troisième fois consécutive, les petites et moyennes capitalisations européennes ont sous-performé le marché au sens large en 2024. Il y a toutefois un aspect positif: la sous-performance relative ne s’est élevée qu’à 3,6%, contre 14% en 2022. «De plus en plus de signes indiquent qu’un retournement est en cours, les acteurs du marché devenant plus optimistes», déclare Philipp Schweneke, co-responsable des actions européennes. Cette amélioration des perspectives s’appuie essentiellement sur trois facteurs. Premièrement, l’environnement des taux d’intérêt reste positif. «Nous nous attendons à ce que les taux d’intérêt dans la zone euro tombent à 2% dans le courant de l’année. Cela devrait avoir un impact positif sur les petites et moyennes entreprises sensibles aux taux d’intérêt», affirme M. Schweneke. Il s’attend à ce que les entreprises soient plus disposées à investir dans un tel environnement. Les premiers signes sont déjà apparus au troisième trimestre 2024 lorsque les volumes de prêts ont commencé à augmenter dans la zone euro. Deuxièmement, il y a au moins des signes légèrement positifs en ce qui concerne la croissance économique. Les indicateurs avancés se stabilisent, même s’ils restent faibles. Si les données économiques continuent de s’améliorer dans la zone euro, il y a de bonnes chances que les petites et moyennes capitalisations en tirent un bénéfice supérieur à la moyenne.

La stratégie d’investissement de Schweneke se concentre donc sur les secteurs cycliques, plus précisément sur les valeurs industrielles et de consommation. Les entreprises qui bénéficient de tendances structurelles telles que l’électrification ou les sociétés du secteur du commerce électronique sont également prometteuses. Troisièmement, la croissance des bénéfices attendue en 2025, qui pourrait être presque deux fois plus élevée que celle des valeurs sûres, et les valorisations toujours historiquement basses soutiennent les petites et moyennes entreprises. historiquement basses soutiennent les petites et moyennes capitalisations.

Le marché mondial dans son ensemble, et en particulier le marché boursier américain, est confronté à des conditions-cadres moins favorables en 2025. Tant que les bénéfices continuent de croître, cela pourrait justifier des valorisations élevées. Toutefois, les primes de risque des actions, aussi basses qu’à la fin des années 1990, mettent les investisseurs en garde. Les marchés sont toutefois surtout menacés par une forte hausse des rendements obligataires. Celle-ci pourrait exercer une pression sur les prix des valeurs sûres et des petites et moyennes capitalisations.

Actions USA: l’élection américaine donne un élan à court terme

  • La déréglementation prévue pourrait se traduire par une augmentation des bénéfices des entreprises américaines.
  • En raison de l’élan donné par les élections américaines, nous avons relevé le marché boursier américain par rapport au MSCI All Countries World à un niveau neutre à court terme. Notre secteur préféré est actuellement celui de la santé qui offre, selon nous, une croissance défensive à des prix raisonnables.

Actions Allemagne: En attente de vents contraires de la part du secteur industriel

  • Toujours en attente d’une reprise – à l’heure actuelle, il n’y a pratiquement aucun signe de la fin de la dépression actuelle de l’économie allemande. Il est donc assez surprenant que l’indice allemand Dax ait gagné environ 21% en 2024.
  • Le potentiel de nouvelles hausses de prix devrait toutefois être plutôt limité au vu des valorisations actuelles, tant que le secteur industriel, toujours important, ne sera pas soutenu par le cycle de production mondial.

Actions Europe: Potentiel à long terme mais plutôt mitigé à court terme

  • Comme précédemment, les actions européennes n’ont pas été en mesure de suivre leurs homologues américaines en 2024. La dynamique des performances économiques et des bénéfices des entreprises continue de soutenir les actions américaines.
  • À long terme, nous continuons à voir un potentiel de rattrapage puisque la décote de valorisation est encore élevée et que la décennie perdue de croissance des bénéfices semble terminée. Les actions les plus prometteuses à l’heure actuelle: Les petites et moyennes capitalisations européennes.

Marchés émergents: L’économie indienne en passe d’entrer dans le trio de tête mondial

  • D’ici 2030, l’Inde devrait avoir laissé l’Allemagne et le Japon derrière elle et rejoindre les États-Unis et la Chine en tant que premières économies mondiales.
  • Des coûts de main-d’œuvre nettement inférieurs à ceux des autres pays asiatiques, des investissements plus importants dans les infrastructures, des politiques favorisant la croissance et l’intégration de l’Inde dans les principaux indices boursiers créent un environnement favorable pour les marchés de capitaux.

Multi Asset / Obligations

Vera Fehling, Chief Investment Officer Europe occidentale

Les obligations à échéance moyenne sont particulièrement prometteuses

«Les conditions cadres pour une bonne performance des marchés boursiers et obligataires sont positives pour 2025», déclare Vera Fehling, directrice des investissements pour l’Europe occidentale. Une croissance économique mondiale robuste attendue à 3,1%, un taux d’inflation vraisemblablement en baisse et des banques centrales signalant un nouvel assouplissement de leur politique monétaire créent fondamentalement un environnement favorable aux deux classes d’actifs. Toutefois, les actions devraient difficilement trouver le moyen d’être aussi performantes qu’au cours des deux dernières années. Des estimations réalistes suggèrent actuellement des rendements moyens à élevés à un chiffre.

Parmi les obligations, Fehling privilégie les échéances moyennes, car elles ont tendance à bien se comporter lors d’un cycle de réduction des taux d’intérêt. Ses préférées restent les obligations d’entreprises en euros de bonne qualité, qui sont toujours très demandées et proposées dans une grande diversité.

Fehling est toutefois un peu plus prudent en ce qui concerne les obligations à haut rendement mal notées. Il est vrai que les obligations européennes et américaines à haut rendement ont été des investissements extrêmement rentables en 2024, avec un rendement d’environ 8%. Entre-temps, cependant, les écarts par rapport aux obligations souveraines sont tombés à un niveau si bas qu’un élargissement est tout à fait possible, ce qui exerce une pression sur les prix.

Obligations d’État américaines (10 ans)

Un niveau de rendement attractif

  • Les bons du Trésor américain à 10 ans ont connu une hausse rapide des rendements.
  • Nous prévoyons des rendements de 4,5% d’ici la fin du mois de décembre.

Obligations d’État allemandes (10 ans)

Léger potentiel de prix pour les Bunds

  • Les rendements totaux des Bunds à 10 ans n’ont été que légèrement positifs en 2024.
  • Nous prévoyons que les rendements seront légèrement inférieurs au cours de l’année 2025, ce qui entraînera une hausse des prix.

Obligations souveraines des marchés émergents

Prometteur à long terme, grevé par les taux américains élevés à court terme

  • Les effets bénéfiques attendus de la baisse des taux américains pourraient ne pas se matérialiser pour le moment. Il pourrait s’agir d’un fardeau à court terme.
  • À long terme, les obligations des marchés émergents sont toutefois soutenues par un niveau de taux d’intérêt supérieur à la moyenne.

Devises

Euro/dollar: Plusieurs arguments plaident actuellement en faveur d’un dollar encore plus fort

  • L’année dernière, l’euro s’est déprécié d’environ 5% par rapport au dollar.
  • La monnaie commune pourrait subir de nouvelles pressions cette année. Des prévisions nettement meilleures pour l’économie américaine pourraient se traduire par des écarts de rendement encore plus importants, ce qui renforcerait encore le dollar.

Placements alternatifs

Or: L’impressionnante reprise laisse peu de place à une nouvelle hausse des prix

  • Après un rallye impressionnant en 2024 (plus 26% en dollars), nous nous attendons à ce que le prix de l’or évolue dans une fourchette assez étroite.
  • D’ici la fin de l’année 2025, nous voyons toutefois un certain potentiel, même à partir d’un niveau déjà élevé. Mais une poursuite du rallye de l’année dernière semble peu probable.

Vous trouverez l’aperçu complet du marché en anglais ici: https://funds.dws.com/en-ch/inform/markets/market-outlook/market-and-macro/

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