Le bitcoin et l’or, la meilleure combinaison

18 novembre 2025

<strong>Le bitcoin et l’or, la meilleure combinaison</strong>

Par Dovile Silenskyte, Director, Digital Assets Research, WisdomTree

Pendant des siècles, l’or s’est imposé comme l’actif refuge par excellence. Aujourd’hui, le bitcoin s’affirme comme son rival numérique. Au cours de la dernière décennie, le bitcoin a non seulement affiché une performance absolue supérieure, mais a également surpassé l’or en termes de rendements ajustés au risque, même après la prise en compte de sa volatilité. Les investisseurs reconsidèrent la hiérarchie des actifs de réserve de valeur et entrevoient de plus en plus le bitcoin et l’or comme des compléments plutôt que comme des substituts.

L’or par rapport au bitcoin : la stabilité face à la perturbation

Les atouts traditionnels de l’or restent inchangés :

Offre limitée et rareté : extrait difficilement, reconnu comme valeur depuis des millénaires.

Acceptation universelle : reconnu mondialement comme monnaie et garantie.

Couverture en période de crise : affichait une corrélation négative avec les actifs à risque lors d’épisodes de tensions.

Depuis 2013, l’or a généré des rendements annualisés de 10,4 %, avec une volatilité de 14,5 % et un ratio de Sharpe de 0,6[1]. L’or demeure stable et défensif, toutefois son potentiel de hausse reste limité.

Le bitcoin, en revanche, présente un profil distinct. Depuis 2013, il a généré des rendements annualisés de 50,5 % avec une volatilité de 67,0 % et un ratio de Sharpe de 0,7, soit un niveau légèrement supérieur à celui de l’or malgré ses fluctuations brutales[2]. En ce qui concerne le ratio de Sortino, qui mesure le risque de baisse, l’écart se creuse davantage : 1,0 vs 0,3[3].

En d’autres termes, le bitcoin a, par le passé, rémunéré les investisseurs pour le risque assumé, tandis que l’or conserve un profil défensif, mais demeure moins performant sur les indicateurs ajustés au risque.

Graphique 1 : ratios de Sharpe et de Sortino du bitcoin et de l’or depuis fin 2013.

Source : Optuma, WisdomTree. Du 31 décembre 2013 au 5 novembre 2025. En dollars américains. Sur la base des rendements journaliers. Il n’est pas possible d’investir directement dans un indice. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures, et tout investissement peut perdre de la valeur.

Volatilité du bitcoin : risque ou opportunité ?

Les détracteurs avancent que la volatilité du bitcoin le disqualifie en tant qu’actif refuge ; toutefois, volatilité et risque ne sont pas synonymes. Depuis fin 2013, la volatilité annualisée sur 90 jours du bitcoin s’est contractée, passant de plus de 150 % à un peu moins de 40 %[4], se rapprochant désormais de celle des matières premières. Parallèlement, les volumes quotidiens sur le marché au comptant rivalisent avec ceux des principales valeurs du S&P 500, tandis que les marchés de contrats à terme et d’options offrent des instruments de couverture de qualité institutionnelle.

Graphique 2 : volatilité annualisée sur 90 jours du bitcoin

Source : Artemis Terminal, WisdomTree. 03/11/2025 Les performances passées ne préjugent pas des performances futures, et tout investissement peut perdre de la valeur.

La volatilité demeure un coût, mais en diminution. Pour les investisseurs professionnels, le montant des liquidités et la disponibilité des produits dérivés permettent de requalifier progressivement la volatilité comme un risque maîtrisable plutôt qu’un bruit de marché disqualifiant.

Contexte macroéconomique : l’or et le bitcoin comme compléments

L’analyse macroéconomique plaide en faveur d’une approche « bitcoin et or » plutôt que « l’un ou l’autre » :

L’or prospère en période d’inflation, de tensions géopolitiques et de rendements réels négatifs.

Le bitcoin combine décentralisation, offre plafonnée à 21 millions d’unités et portabilité numérique : autrement dit, une version de « l’or avec des ailes ».

La corrélation entre l’or et le bitcoin demeure structurellement faible à 6 %[5]. Cela génère des avantages en termes de diversification : l’or couvre contre l’inflation et les crises systémiques, tandis que le bitcoin protège contre la dépréciation des devises fiduciaires et les bouleversements technologiques. Ensemble, ils constituent une stratégie en haltères face aux risques macroéconomiques.

Enjeux pour les portefeuilles : transformer l’analyse en allocation

Les ratios de Sharpe et de Sortino du bitcoin indiquent que même de faibles allocations peuvent améliorer l’efficience des portefeuilles. Une enveloppe de 1 % en bitcoin dans un portefeuille mondial 60/40 améliore le ratio de Sharpe de 0,06, tandis que les pertes n’augmentent que légèrement, passant de -24 % à -25 %[6].

Rôle stratégique des portefeuilles :

Rôles complémentaires : l’or incarne la stabilité et le bitcoin amplifie le potentiel haussier.

Diversification : combinés, ils offrent des opportunités à la fois défensives et asymétriques.

Couvertures macroéconomiques : l’or protège contre l’inflation et les variations de taux, tandis que le bitcoin apporte une exposition convexe face à l’érosion des devises fiduciaires et au bouleversement numérique.

Conclusion : une évolution plutôt qu’un remplacement

En termes de rendements ajustés au risque, le bitcoin a surpassé l’or. Mais il ne s’agit pas d’une substitution. L’or n’est pas obsolète. Il a acquis un pendant numérique. Combinés, ils élargissent le spectre des actifs refuges :

Or = résilience.

Bitcoin = potentiel de hausse convexe.

Les investisseurs doivent mettre en balance ces avantages avec les risques réglementaires et de marché persistants du bitcoin. Néanmoins, les données indiquent qu’une combinaison nouvelle associant or et bitcoin, comme instruments de couverture, mérite d’être envisagée sérieusement dans les portefeuilles prospectifs.

[1] Source : Optuma, WisdomTree. 05/11/2025

[2] Source : Optuma, WisdomTree. 05/11/2025

[3] Source : Optuma, WisdomTree. 05/11/2025

[4] Source : Artemis Terminal, WisdomTree. 03/11/2025

[5] Source : Bloomberg, WisdomTree. Du 31 décembre 2013 au 31 octobre 2025. En dollars américains. Sur la base des rendements hebdomadaires. Il n’est pas possible d’investir directement dans un indice. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures, et tout investissement peut perdre de la valeur.

[6] Source : Bloomberg, WisdomTree. Du 31 décembre 2013 au 31 octobre 2025. En dollars américains. Sur la base des rendements journaliers. Le portefeuille mondial 60/40 est composé à 60 % de l’indice MSCI AC World et à 40 % de l’indice Bloomberg Multiverse. Il n’est pas possible d’investir directement dans un indice. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures, et tout investissement peut perdre de la valeur.

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