La véritable place des seniors au sein du marché actuel de l’emploi

21 mars 2021

La véritable place des seniors au sein du marché actuel de l’emploi

Dans cet article, nous allons tenter de faire le point sur la situation réelle des seniors par rapport au marché de l’emploi. On entend tout et n’importe quoi et il est donc nécessaire de bien préciser les choses : en particulier parce que le gouvernement souhaite légiférer sur l’âge de la retraite et les pensions après beaucoup de réflexion… Cela pose donc la question, par voie de conséquence, de la place des seniors dans le monde professionnel.

La situation actuelle : de faibles résultats dans l’emploi des seniors

On entend régulièrement que les gouvernements prennent à bras-le-corps la question de l’emploi des seniors en promettant des avancées notables. La réalité est tout autre : aujourd’hui, on constate que les personnes de 55 à 64 ans occupent un emploi pour simplement la moitié d’entre elles. Si l’on compare ce résultat à la situation européenne, on constate que la France est en retard puisque dans l’Union Européenne, les seniors travaillent à 59,1 %.

De plus, cette tranche d’âge est particulièrement touchée par le chômage tout en ayant de grandes difficultés à retrouver un emploi après, par exemple, un licenciement. Les statistiques montrent qu’une grande précarité des seniors est en train de s’installer en France pour une bonne partie d’entre eux. On constate, malheureusement, que ce problème n’a pas été traité en profondeur par les différents gouvernements qui se sont succédés : beaucoup d’effets d’annonce mais peu de résultats concrets…

La position des entreprises vis-à-vis des seniors

En fait, le problème principal vient de la difficulté qu’ont les entreprises à penser l’emploi des seniors comme une chance pour elles. Un chiffre est particulièrement éloquent, le temps d’inscription chez Pôle Emploi : 673 jours en moyenne pour les seniors contre 211 pour les jeunes de moins de 25 ans !

On remarque par ailleurs que les emplois proposés sont souvent en CDD plutôt qu’en CDI : entre 85 et 90% pour les personnes entre 50 et 64 ans ! La formation professionnelle pose aussi une vraie question : le taux d’accès à ce cursus est de moins de 40 % pour les salariés entre 55 et 59 ans et descend à 34 % pour la tranche d’âge de 60 à 64 ans.

Enfin, on constate aussi l’emploi presque exagéré de la rupture conventionnelle pour se séparer des salariés que l’on juge trop âgés. Par exemple, 25 % de départs pour des personnes qui n’ont pas encore atteint l’âge légal de la retraite se négocient autour de la mise en place d’une rupture conventionnelle.

La perception de l’âge chez les recruteurs

On constate une diminution inquiétante de l’âge moyen que l’on fixe pour définir la catégorie des seniors : Pôle Emploi nous dit qu’aujourd’hui, on est considéré comme un senior à 50 ans et même 45 ans pour des recruteurs ! Ce n’est guère réjouissant et cela est d’autant plus étonnant que l’on vit bien et en bonne santé plus longtemps qu’auparavant…

En France, on remarque que le taux d’emploi est plus faible que celui de l’Union Européenne : la différence atteint même 6 points. C’est énorme si on le ramène au nombre de personnes. Il est par ailleurs intéressant de savoir qu’aujourd’hui, plus de 900 000 personnes de plus de 55 ans sont au chômage alors qu’elles cherchent à travailler. Un autre chiffre est à prendre en considération : 50 000 personnes de 60 ans ou plus, en 2012, cherchaient à retrouver un emploi alors qu’aujourd’hui, on est passé à plus de 300 000 !!! Le constat est malheureusement très clair : aujourd’hui, en France, plus on prend de l’âge, plus on aura de difficulté à retrouver un emploi stable.

La question de la discrimination sociale et des représentations

Les sociologues du travail nous montrent régulièrement que de nombreux stéréotypes existent au sein de l’entreprise. Par exemple, on pense sans forcément que ce soit vrai, qu’embaucher un senior va coûter beaucoup plus d’argent que de prendre un jeune. Pareillement, on pense qu’une personne qui a de l’expérience sera plus difficile à manager et qu’elle aura d’immenses difficultés à se faire accepter au sein d’une équipe plus jeune.

Cela est en totale contradiction avec les études puisque celles-ci nous montrent que, par exemple, 9 seniors sur 10 sont tout à fait d’accord pour changer de cadre d’emploi tandis que 80 % sont prêts à bouger géographiquement ! Ces statistiques battent en brèche les idées reçues quant à l’immobilisme et à la tranquillité supposée des seniors vis-à-vis de l’emploi.

D’une manière générale, le défenseur des droits et l’organisation internationale du travail relatent qu’un tiers des personnes en activité est victime de discriminations en lien avec le sexe et surtout, l’âge. La France, qui se targue d’être le pays des droits de l’Homme et du respect de l’humain semble donc, dans les faits, être en contradiction avec ses beaux principes !

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