Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, la nouvelle administration Biden n’a pas pour principal défi la relance économique ou la gestion de la pandémie. Joe Biden, le nouveau président des États-Unis, doit plutôt penser à rétablir le climat de convivialité politique dans une Amérique qui semble profondément divisée. Durant les années 1970, le pays a vu naître un climat de haine généralisé qui n’a cessé de s’étendre. Alors que le parti républicain s’est tourné vers une idéologie de conservatisme de plus en plus religieuse et sociale, les démocrates, eux, optent pour plus de libéralisme et de sécularisation.
La polarisation américaine se définit selon 3 éléments identitaires : la race, la religion et l’idéologie. Chez les républicains comme les démocrates, on n’hésite pas à en faire usage pour créer des divisions sociales assez profondes. Et il ne s’agit pas que de Donald Trump, contrairement à ce qu’on a voulu nous faire croire. L’aile gauche du parti démocrate et certains membres du Tea Party sont aussi concernés par ce fait.
Le système politique américain se trouve fortement menacé par cette polarisation. D’ailleurs, la dernière nomination de la juge Amy Coney Barett vient compliquer la mise en place de tout compromis politique. Les partis se sont recentrés sur les vieilles positions dogmatiques bloquant de facto un dialogue. Avec le président controversé Donald Trump, la situation n’a pas connu d’amélioration. Au contraire, ce dernier a tout au long de son mandat axé sa politique sur la haine et les divisions.
La dernière fois qu’une telle polarisation s’est remarquée au États-Unis, le pays était en pleine guerre de Sécession. Ainsi, les partis sont devenus des enclaves homogènes avec des visions du monde complètement différentes. L’Amérique d’aujourd’hui est gangrénée par l’exclusion, le tribalisme et la haine. Chaque groupe n’hésite pas à rejeter la faute sur la partie adverse et on espère plus que tout voir les adversaires perdre.
Le 3 novembre dernier, les démocrates s’attendaient à une répudiation pure et simple de Donald Trump à travers l’élection. Cela ne fut pas le cas. Mise à part la défection d’anciens hauts responsables républicains, et les 235 000 décès occasionnés par la pandémie du Covid-19, Trump s’est avéré être un adversaire plutôt difficile. Il avait eu le soutien de ses partisans jusqu’au bout. Le 3 novembre dernier nous a donné la révélation d’une Amérique fracturée et divisée en deux parties.
Avec un parti républicain plus porté vers les reformes, et un parti républicain totalement hostile à tout changement, le pays se retrouve dans une impasse perpétuelle. En effet, même s’ils ont perdu la présidence, les républicains n’ont pas pour autant perdu la bataille. Ils ont d’ailleurs déjà le contrôle de la Cour suprême et de fortes chances de conserver leur contrôle du Senat. Et avec les tensions à la Chambre des représentants, les choses ne semblent pas être en faveur des démocrates.
En effet, la diversité de la démographie américaine n’a jamais été aussi forte qu’en ce moment. Ainsi, les comportements tribaux se font de plus en plus remarquer. Les blancs par exemple, craignent pour leurs statuts de privilégiés et ont surtout peur de devenir les nouveaux groupes minoritaires du pays. Cet esprit tribal a été soutenu par la polarisation politique de plus en plus croissante dans le pays. Et avec l’arrivée de Trump au pouvoir, les choses se sont considérablement aggravées. Afin de contrer cette augmentation des idéologies misogynes et racistes, plusieurs mouvements de résistance comme « La vie des Noirs compte » et « #MoiAussi » ont vu le jour.
Aujourd’hui, les Américains sont non seulement forcés de choisir un camp, mais ils sont également obligés de s’opposer les uns aux autres. Le nouveau président des États-Unis a donc un sérieux défi à relever en ce qui concerne l’atténuation des tensions et les conflits qui déchirent le pays. Donald Trump, de son temps, n’hésitait pas à attiser les divisions et la discorde par des jeux de mots basés sur la xénophobie, le mensonge et le racisme. La crise du coronavirus a levé le voile sur l’incapacité de Trump à réconcilier les États-Unis.
Il s’avère que Biden n’est pas un partisan de ce genre de politique. De ce qu’on en sait, il a toujours été pour une approche plus centriste et plus pragmatique. Biden aime les compromis et les consensus. Il opte pour une politique prônant une Amérique unie sous une même identité au-delà des différents groupes. Biden entend créer une Amérique à la poursuite d’un seul et même objectif. L’Amérique a besoin d’un leadership moral. Et Biden est prêt à le lui offrir. Mais la tâche ne sera pas facile. Et il lui faudra regagner la confiance de tous les Américains.
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