Commentaires de Michael Krautzberger, Global CIO Fixed Income chez AllianzGI, en amont de la réunion de la Fed des 18 et 19 décembre 2024
Depuis que la Fed a entamé son cycle de réduction des taux en septembre, lorsqu’elle a signalé un changement dans sa fonction de réaction politique en mettant l’accent sur la partie emploi de son double mandat, l’activité du marché du travail est restée raisonnablement robuste. Le taux de chômage n’a augmenté que légèrement pour atteindre 4,2 %[1] (et reste inférieur aux projections de septembre de la Fed), tandis que la croissance de l’emploi s’est élevée en moyenne à un peu plus de 170 000 au cours des trois derniers mois. Le moral des consommateurs semble également résister, les enquêtes soutenant les perspectives positives de la demande de consommation à l’approche de 2025.
Bien que les données relatives à l’activité américaine se soient maintenues, l’inflation et les attentes en matière d’inflation sont restées correctes. La mesure de l’inflation cœur PCE (Personal Consumption Expenditures) privilégiée par la Fed, à 2,8 %[2] en glissement annuel, est restée stable ces derniers mois et le taux d’inflation US break-even à 10 ans se situe toujours à 2,3 %. La toile de fond de l’inflation a donné à la Fed suffisamment de répit pour réorienter sa politique de taux d’intérêt vers ce qu’elle estime être une position moins restrictive.
Parallèlement à sa décision de politique monétaire, la Fed publiera également son dernier résumé des projections économiques. Nous pensons que la Fed est susceptible de prévoir une nouvelle année decroissance tendancielle du PIB réel en 2025. On s’intéressera particulièrement à la question de la revue à la hausse ses projections relatives à l’indice des prix à la consommation pour 2025, ce qui pourrait laisser entrevoir l’impact sur l’inflation de la future politique tarifaire des États-Unis. La projection médiane pour le taux des Fed Funds en 2025 et à plus long terme pourrait également être revue à la hausse par rapport aux projections de septembre (3,4 % et 2,9 % respectivement). Les marchés des taux d’intérêt à terme ont déjà évolué pour refléter le risque d’une politique moins dovish de la Fed à l’avenir, avec un taux terminal dans ce cycle désormais évalué à environ 3,5 %.
Nous notons toutefois que de nombreuses bonnes nouvelles concernant l’économie américaine sont désormais bien intégrées dans les valorisations des actions et des crédits américains. L’incertitude croissante de la politique américaine et/ou un ralentissement plus marqué que prévu du marché du travail américain au premier semestre 2025 pourraient engendrer une période plus volatile pour les actifs à risque, ce qui modifierait à nouveau les attentes du marché concernant le niveau du taux terminal dans ce cycle.
À court terme, nous préférons adopter une position tactique de duration courte aux États-Unis par rapport aux marchés obligataires européens et nous positionner pour une courbe de rendement américaine plus pentue, car nous pensons que la prime de terme est trop faible et que les investisseurs ne sont pas suffisamment indemnisés pour avoir pris le risque des Bons du Trésor américain. Nous préférons également détenir une protection contre l’inflation compte tenu de l’orientation de la politique américaine et des risques d’inflation à la hausse découlant de l’éventuelle politique en matière de droits de douane et d’immigration.
[1] Bureau of Labor Statistics, décembre 2024
[2] Bureau of Economic Analysis, novembre 2024
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