Commentaires de Michael Krautzberger, Global CIO Fixed Income chez AllianzGI, en amont de la réunion de la Fed du 19 mars 2025
L’incertitude entourant la politique du gouvernement américain est à l’origine des prévisions de baisse des taux
L’euphorie du marché qui a accueilli la réélection de Trump et la vague républicaine lors des élections américaines de novembre dernier n’est plus qu’un lointain souvenir. La politique commerciale et fiscale de la nouvelle administration Trump – et les risques de représailles de la part de ses partenaires commerciaux les plus proches – ont fait dérailler certaines des prévisions de croissance les plus optimistes pour l’économie américaine en 2025, la surperformance relative de la croissance américaine par rapport au reste du monde étant désormais également remise en question.
Après avoir atteint un taux de croissance annuel moyen du PIB réel de 2,7 % entre 2022 et 2024, les attentes du marché concernant une nouvelle année de croissance américaine supérieure à la tendance sont rapidement revues à la baisse ; en fait, une croissance inférieure à la tendance pour 2025 (c’est-à-dire inférieure à 2 %) semble désormais de plus en plus probable. Les probabilités d’une récession au cours des 12 prochains mois ont également augmenté, bien que ce résultat soit un risque secondaire plutôt qu’un scénario central à ce stade. La fonction de réaction politique de l’administration Trump sera déterminante ; ce dernier pourrait bien revoir à la baisse sa rhétorique tarifaire si les risques de baisse de la croissance aux États-Unis commencent à se matérialiser et si les marchés des actions et du crédit subissent une nouvelle baisse brutale. Même dans ce contexte, les réductions des dépenses publiques et le durcissement de la politique d’immigration continueront à peser sur la croissance cette année.
À court terme, les données américaines récentes ont clairement perdu de leur éclat. La santé de la consommation américaine suscite quelques inquiétudes, les récentes prévisions de bénéfices des commerçants américains reflétant certaines des tensions qu’ils constatent dans les bilans des ménages. Les enquêtes sur le moral des consommateurs mettent de plus en plus en évidence l’impact des droits de douane ; les prévisions d’inflation à un an ont augmenté pour atteindre 4,3 % dans la dernière enquête du Michigan sur le moral des consommateurs. Les ménages craignent une compression de leurs revenus disponibles.
Le taux de chômage américain, à 4,1 %, reste faible par rapport aux normes historiques, mais les données récentes du marché du travail commencent à signaler une tendance à l’affaiblissement, avant même l’impact probable d’un futur resserrement budgétaire. En particulier, les intentions d’embauche des petites entreprises s’essoufflent, car les droits de douane sur les importations essentielles pèsent sur la base des coûts et réduisent les intentions d’investissement en capital.
En ce qui concerne l’inflation, bien que la Fed ait revu à la hausse ses projections d’inflation des Personal Consumption Expenditures cœur pour 2025 à 2,5 % en décembre dernier, la politique tarifaire proposée actuellement soulève de nouveaux risques de hausse, ce qui devrait se refléter dans les dernières projections de la Fed lors de la réunion de mars.
La Fed doit faire face à des risques de croissance à la baisse, mais aussi à des risques d’inflation qui se profilent à l’horizon. À très court terme, la Fed aura probablement tendance à maintenir une certaine politique de restriction face à la menace de l’inflation, mais cela pourrait rapidement changer. Les réductions de taux d’assurance visant à endiguer les risques de baisse de la croissance pourraient bien revenir à l’ordre du jour dans les mois à venir.
Nous pensons que la meilleure façon de refléter cet environnement de marché dans les portefeuilles est de recourir à des pentifications de la courbe américaine.
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