À première vue, l’économie suisse semble faible et potentiellement sous pression : le PIB du troisième trimestre s’est établi à -0,5 % en glissement annuel, l’inflation a surpris à la baisse à 0,0 % – en dessous des attentes du marché et de la BNS – et les PMI manufacturiers de novembre sont restés en territoire de contraction.[1] Par ailleurs, la morosité de la croissance dans l’UE n’offre guère de soutien extérieur. Dans ce contexte, la BNS devrait, selon nous, maintenir ses taux d’intérêt inchangés à 0 % lors de sa réunion du 11 décembre. Les marchés partagent cet avis, n’anticipant qu’une probabilité de 6,5 % de baisse des taux.
Toutefois, un examen plus approfondi révèle une économie plus résistante que ne le suggèrent les chiffres globaux. Le PIB négatif est largement imputable au secteur pharmaceutique, qui a anticipé sa production et ses exportations avant les changements tarifaires américains. Les indicateurs nationaux restent positifs : l’activité immobilière, la consommation privée et la croissance des salaires affichent toutes une bonne santé. L’indicateur avancé KOF est en territoire expansionniste et, avec un taux directeur à 0 %, les conditions monétaires restent favorables. En outre, l’Europe devrait introduire des mesures budgétaires visant à stimuler la croissance, ce qui devrait donner un coup de pouce bienvenu aux exportateurs suisses.
En ce qui concerne l’inflation, le chiffre de 0 % est faible, voire inconfortable, mais cette faiblesse est principalement due à l’inflation importée, qui peut être influencée par des interventions sur le marché des changes. La BNS n’est intervenue de manière significative qu’une seule fois cette année, le 2 avril (« Liberation Day »), à la suite de l’annonce du programme tarifaire mondial américain, ce qui laisse à la Banque centrale une marge de manœuvre suffisante pour intervenir à nouveau sur le marché des changes si nécessaire. Un facteur souvent négligé est l’écart de rendement historiquement élevé de 2,6 % entre les obligations allemandes à 10 ans et les obligations d’État suisses, qui crée un vent favorable naturel pour un taux de change EUR/CHF plus faible.
À l’horizon 2026, la BNS devrait, selon nous, maintenir son taux directeur à 0 % pendant une période prolongée, en s’appuyant sur des opérations de change pour gérer l’inflation dans sa fourchette cible de 0 % à 2 %. Un rebond de la croissance du PIB et de l’Indice des Prix à la Consommation ne serait pas surprenant, soutenu par un contexte national solide, des conditions monétaires expansionnistes et un ralentissement de l’impact négatif des droits de douane américains.
[1] Tous les chiffres proviennent de Bloomberg.
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