Photo Michael Landman © IFM Investors
Par Michael Landman, Executive Director chez IFM Investors
L’inflation s’accélère partout dans le monde, car la demande des consommateurs encouragée par la politique financière fait face à des difficultés d’approvisionnement engendrées par le COVID-19 et à des troubles géopolitiques. Aux États-Unis, l’inflation a atteint un niveau record qu’elle n’avait plus connu au cours des 40 dernières années et d’autres économies développées présentent des valeurs extrêmes similaires ou identiques.
Dans un premier temps, les banques centrales ont qualifié cette inflation de «passagère», mais elle est plus tenace que prévu. Les marchés ont alors revu leurs prévisions de taux. La Fed se situe au début d’un cycle de relèvement des taux agressif et les marchés tablent sur des taux d’intérêt nettement plus élevés à l’avenir.
Les taux d’intérêt plus élevés sont traditionnellement jugés négatifs pour l’évolution de valeur des investissements à long terme tels que les infrastructures, car ils pèsent sur les évaluations des actifs. Cela n’est pas causé uniquement par la hausse potentielle des coûts des capitaux empruntés, mais aussi par le fait que le taux d’escompte qui est utilisé pour l’évaluation du cash-flow des placements dans les infrastructures va sans doute augmenter en réaction aux modifications du taux d’intérêt déterminant des emprunts d’État à long terme (connu sous le nom de «taux d’intérêt sans risque»).
Cela semble certes correct, mais on devrait pouvoir supposer que les liens positifs entre certains placements dans les infrastructures et l’inflation ainsi que la croissance économique offriraient une couverture naturelle suffisante pour compenser ces effets d’évaluation négatifs.
Il existe deux critères importants concernant le rendement des placements dans les infrastructures auxquels il faudrait être attentif.
Le premier est la protection contre l’inflation qui est généralement obtenue par des augmentations de prix contractuelles, liées au taux d’inflation actuel. C’est souvent une caractéristique des entreprises de services publics réglementées (p. ex. fournisseurs d’eau et d’électricité ou routes à péage) et cela signifie généralement que les recettes continuent également d’augmenter lorsque l’inflation progresse.
Le deuxième critère de rendement est la dépendance par rapport à la croissance économique. Les volumes et donc les recettes de certains placements dans les infrastructures ont tendance à augmenter avec la taille d’une économie. Ainsi, les routes à péage sont par exemple imbriquées de nombreuses manières avec des variables économiques, sachant que de nombreuses concessions routières profitent à la fois d’une hausse de l’activité économique qui accroît le volume du trafic et d’une augmentation des péages (qui sont souvent liés à l’inflation). Il y a alors un certain risque de perte, à savoir quand les relèvements des taux d’intérêt sont trop agressifs et exercent donc une influence négative sur la croissance économique.
La création de valeur peut également prendre la forme d’un réinvestissement de capital dans des installations qui progressent avec leur base de clientèle.
L’infrastructure offre une protection naturelle contre les relèvements des taux d’intérêt, car l’inflation et une croissance économique supérieure à la tendance annoncent généralement une hausse des taux d’intérêt ou surviennent concomitamment avec des relèvements des taux d’intérêt et en atténuent donc les effets.
Des structures du capital appropriées peuvent également contribuer à protéger les placements dans des infrastructures des conséquences de la hausse des taux d’intérêt. Lorsque les taux d’intérêt sont bas, les propriétaires d’installations peuvent refinancer leurs dettes et fixer les coûts des financements à long terme à des taux d’intérêt attrayants
Certains exemples de mesures prises par le passé par des investisseurs en infrastructures sont la prolongation des durées de crédit ou d’emprunt et l’échelonnement des échéances de la dette afin de réduire le risque de refinancement, le recours à des titres de dette à revenu fixe ou l’utilisation de stratégies de swap de taux d’intérêt afin d’éliminer en grande partie le risque de taux d’intérêt variable, ainsi que l’utilisation de notre présence sur le marché pour accéder à des marges de capitaux empruntés extrêmement compétitives. On peut donc supposer que les effets positifs d’une hausse de l’inflation sur la performance du portefeuille seront supérieurs aux effets négatifs de la hausse des taux d’intérêt sur les coûts du crédit.
L’effet des taux d’intérêt sur les évaluations des placements est aussi partiellement atténué par le fait que des experts indépendants utilisent au niveau sectoriel des taux d’intérêt sans risque à long terme (compte tenu du caractère «long terme» des placements dans les infrastructures) dans leur formule d’escompte, à la place par exemple du taux d’intérêt actuel pour les emprunts d’État à dix ans.
Bien que les placements dans les infrastructures soient souvent exposés à un large spectre de risques macroéconomiques, on peut penser que la performance d’un portefeuille d’infrastructures équilibré restera relativement solide pendant un cycle inflationniste. Cela devrait profiter au secteur pour les mois restants de l’année 2022, car les banques centrales réagiront peut-être à la hausse de l’inflation par une politique monétaire plus rigoureuse.
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