Par Kirsten Bode, Co-Head of Private Debt, Paneuropa, Muzinich & Co.
Le terrain de marché actuel est marqué par certains risques. Les formes de financement alternatives
telles que la dette privée jouissent de ce fait d’une popularité croissante. La rémunération variable en
cas de hausse des taux peut avoir un effet positif pour les investisseurs. Les secteurs intéressants sont
actuellement les prestataires de services informatiques, les entreprises de logiciels ainsi que les
prestataires de services de santé.
En cas de crise, les banques deviennent encore plus prudentes et se retirent des financements. Ainsi, le
besoin de formes de financement alternatives augmente et la part de marché des financements par dette
privée s’accroît. Même lorsque les banques regagnent des parts de marché, la part de la dette privée
augmente. Ce phénomène a également été observé lors de la crise Covid 19.
Lorsque les risques se sont aggravés, Muzinich a cherché à dialoguer avec les entreprises du portefeuille.
Dans ce domaine, le fait d’être présent sur place dans les différentes régions d’Europe et d’avoir ainsi un
accès direct aux entreprises est un avantage. Environ un quart des entreprises estime qu’il faut agir
concrètement. Parmi les défis mentionnés, on trouve la hausse des prix de l’énergie et des frais de
personnel ainsi que les chaînes d’approvisionnement interrompues.
On ne peut pas nier que les entreprises subissent une certaine pression sur les coûts. Dans notre
portefeuille, nous n’avons toutefois pas observé jusqu’à présent de défaillances ou de problèmes avec les
covenants. Nos structures en termes de taux d’endettement ne sont pas épuisées. Nous prenons en compte
dès le départ de tels downsides, qui peuvent toujours survenir. Cela nous donne une marge de manœuvre.
Les entreprises de notre portefeuille disposent donc d’un tampon suffisant pour ne pas avoir à se soucier
des covenants. Bien entendu, il peut y avoir des cas isolés dans chaque portefeuille où des entreprises sont
plus fortement touchées. Cela ne peut pas être totalement exclu.
La dette privée peut offrir des avantages aux investisseurs en ce moment. D’une part, il s’agit, du moins
dans notre portefeuille, de petites entreprises qui sont plutôt actives au niveau national. Il y a donc moins
de réseaux mondiaux, ce qui peut être un avantage par rapport à la situation actuelle. D’autre part, la
rémunération variable de nos contrats peut avoir un effet positif en cas de hausse des taux d’intérêt,
comme celle qui se dessine actuellement. De même, la dette privée est plus indépendante des valorisations
des entreprises sur le marché public: celles-ci peuvent avoir une influence sur le private equity, car les
multiples obtenus lors des sorties sont moins élevés.
En revanche, la dette privée de premier rang est l’élément le plus sûr d’une structure de capital sur laquelle
les fluctuations de la valorisation ont une influence limitée, car les flux de capitaux sont représentés par
les intérêts et le remboursement du capital. La dette privée peut donc être un investissement plus sûr que
le private equity.
Bien sûr, nous observons également la hausse des taux d’intérêt. Celui-ci pourrait avoir des effets négatifs
indirects, par exemple si une entreprise ne peut pas supporter la charge d’intérêts plus élevée. Là encore,
nous ne sommes pas inquiets pour notre portefeuille, car les entreprises que nous avons sélectionnées
disposent d’une marge de manœuvre suffisante en termes de niveau d’endettement.
Néanmoins, nous sommes devenus un peu plus prudents dans notre stratégie en ce qui concerne les
entreprises industrielles, car celles-ci sont particulièrement confrontées à des coûts énergétiques et de
personnel plus élevés ainsi qu’à des chaînes d’approvisionnement interrompues. En revanche, les
fournisseurs de services informatiques, les éditeurs de logiciels et les prestataires de services de santé sont
intéressants pour nous. La diversification, tant sectorielle que géographique, est d’autant plus importante.
Les gestionnaires de dette privée averses au risque sont généralement mieux placés, car le niveau
d’endettement n’a pas été épuisé, ce qui laisse une certaine marge de manœuvre.
Retrouvez l’ensemble de nos articles Business