Commentaires de Didier Saint-Georges, Membre du Comité d’Investissement Stratégique de Carmignac

13 juillet 2021

Commentaires de Didier Saint-Georges, Membre du Comité d’Investissement Stratégique de Carmignac

Photo Didier Saint-Georges © Carmignac

ECONOMIE:

  • Etats-Unis :
  • La Réserve Fédérale américaine demeure « data dependent », sa politique monétaire reste déterminée par la qualité des statistiques économiques. Elle ne pourra donc pas être éternellement insensible à l’évolution de la croissance et de l’inflation.
  • Les Démocrates ne disposant que d’une très faible majorité au Congrès américain, le projet initial de dépenses pharaoniques d’infrastructures souhaité par Joe Biden a en réalité maintenant très peu de chance d’être voté en l’état.
  • L’économie américaine pourrait désormais bénéficier d’un soutien monétaire moins fort ainsi que de mesures budgétaires moins élevées qu’attendu. Il ne s’agit pas d’une énorme menace imminente car, pour l’instant, la consommation des ménages américains qui puisent dans leur épargne, constitue à elle seule un moteur de croissance très puissant. Mais la probabilité que les estimations de croissance à moyen terme soient révisées à la baisse a augmenté.
  • Europe :
  • Moins avancée dans le cycle économique que les Etats-Unis, l’Europe devrait continuer de profiter d’une bonne dynamique de croissance avec une épargne excédentaire qui permettra de transformer la confiance des ménages en consommation effective.
  • Les principales incertitudes en Europe sont de deux ordres : 1) l’évolution de la pandémie, dont de nouveaux variants pourraient pénaliser la reprise du tourisme dans les pays du Sud ; 2) le résultat des élections générales en Allemagne à l’automne, où le biais conservateur d’Armin Laschet pour la CDU pourrait avoir à composer, et possiblement non sans difficulté, avec le programme beaucoup plus libéral d’Annalena Baerbock pour les verts.
  • Chine :
  • L’économie chinoise est déjà en phase de ralentissement. Le gouvernement chinois est depuis le début de l’année plus attaché à préserver la stabilité financière du pays qu’à accélérer la croissance de son économie. Le rythme des nouvelles commandes a déjà ralenti, et il en va de même pour le rythme des exportations vers l’Occident, qui avaient été extrêmement fortes l’an dernier.
  • Toutefois, le ralentissement de l’économie chinoise sera maitrisé. Les autorités chinoises ont justement gardé la marge de manœuvre monétaire et budgétaire nécessaire pour intervenir si besoin. En revanche, la Chine ne sera pas une locomotive pour la croissance économique globale.

FOCUS SUR L’INFLATION AUX ETATS-UNIS:

  • L’inflation est un phénomène de fin de cycle. Bien-sûr, la hausse des prix directement liée à la crise devrait ralentir rapidement avec la rechute du prix des matières premières, la fin des effets de bases, la fin des ruptures de stocks, et l’ajustement de l’offre. Mais l’inflation sous-jacente ne s’éteindra pas aussi vite notamment à cause de la hausse des prix du logement (pour mémoire, la hausse du prix de l’immobilier pousse à la hausse le niveau des loyers), eux-mêmes soutenus par la hausse des salaires et de l’emploi.
  • Même quand l’économie ralentira en 2022, les capacités de production disponibles continueront de se réduire et entretiendront des tensions inflationnistes tout à fait classiques à ce stade du cycle économique. Contrôler ces tensions sans aggraver le risque de ralentissement économique constituera un exercice très délicat pour la Fed

MARCHES :

  • Nous approchons du moment où les marchés pourraient devenir plus volatils à mesure qu’approche un point d’inflexion dans le cycle économique.
  • Sur le marché obligataire, entre ralentissement déflationniste et tensions durable de l’inflation sous-jacente, une gestion active de la duration des portefeuilles sera impérative.
  • Du côté des actions, compte tenu des perspectives de croissance qui pourraient être un peu réduites et de la relative persistance de l’inflation, le potentiel de performance résiduelle est faible pour les secteurs très cycliques comme les banques.
  • Le thème de la « croissance défensive », qui signifie souvent aujourd’hui valeurs technologiques et pharmaceutiques de qualité, devrait donc se remettre à surperformer, après avoir logiquement sous-performé dans la phase précédente du cycle économique. Cette croissance à un prix raisonnable se situe en grande partie aux Etats-Unis et en Chine, mais l’Europe peut également y participer avec certains secteurs de la consommation offrant une très bonne visibilité comme le Luxe.

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