Avec la fin de la saison des bénéfices du troisième trimestre, une semaine de négociation courte en raison des vacances de Thanksgiving et un calendrier macroéconomique peu chargé, il n’a pas été surprenant de voir les marchés financiers fluctuer la semaine dernière, l’indice VIX atteignant son niveau le plus bas de l’année.
L’événement clé pour les marchés développés a été la publication des minutes du FOMC (Federal Open Market Committee) de novembre. Les participants ont largement convenu de « procéder avec prudence » en ce qui concerne les futurs mouvements de taux d’intérêt1. C’est devenu un code permettant au comité d’exprimer qu’il estime que l’équilibre des risques entre la croissance et l’inflation est approprié et que les taux d’intérêt actuels permettront d’atteindre le double objectif de l’inflation et de l’emploi. Tout changement d’orientation de la part du comité sera déterminé par les données économiques à venir.
En ce qui concerne les marchés émergents, la banque centrale turque a surpris les investisseurs en augmentant les taux directeurs à 40 %, alors que le consensus prévoyait une augmentation à 37,5 %. La banque centrale prévoyant elle-même une baisse de l’inflation à 36 % d’ici la fin de 2024, la Turquie a désormais normalisé sa politique monétaire, faisant passer les taux réels en territoire positif. Pendant ce temps, en Chine, les autorités continuent d’accélérer leur politique pour soutenir le secteur de l’immobilier. Les nouvelles mesures annoncées cette semaine comprennent un projet de liste d’entreprises éligibles au soutien bancaire et des plans qui permettraient aux banques d’offrir aux promoteurs immobiliers des prêts non garantis.
La semaine dernière, la morosité des marchés financiers a laissé le devant de la scène à la politique pour capter l’attention des investisseurs. En Argentine, l’économiste libertaire Javier Milei a surpris les sondages en remportant une victoire éclatante au second tour des élections, avec 55,7 % des voix. L’administration entrera en fonction le 10 décembre et aura pour mandat de redresser l’économie du pays qui, depuis des années, accumule les déséquilibres. La tâche n’est pas aisée, compte tenu de l’épuisement des réserves internationales, de l’ampleur du déficit budgétaire dû aux largesses, de l’épuisement des marchés de la dette et de la surévaluation considérable de la monnaie. Cependant, Javier Milei a affirmé qu’il n’y avait pas de place pour le gradualisme ; les investisseurs s’attendent à un énorme resserrement budgétaire pour amener le gouvernement à un financement excédentaire, ainsi qu’à une dévaluation majeure du peso – même la possibilité d’une dollarisation complète a été discutée – et enfin, à la réparation de ses relations avec le FMI (Fonds Monétaire International). La deuxième surprise est venue des Pays-Bas, où les élections générales ont produit un énorme bouleversement politique avec la victoire du politicien controversé d’extrême droite Geert Wilders, qui a mené une campagne contre l’UE et des politiques d’immigration strictes.
La politique pourrait jouer un rôle clé pour les investisseurs l’année prochaine. En effet, 2024 sera l’année électorale la plus chargée jamais enregistrée, avec 4,2 milliards de personnes vivant dans 76 pays qui accueilleront des scrutins (voir le graphique de la semaine)2. Le continent européen compte le plus grand nombre de pays votants (37), avec notamment l’élection du Parlement européen en juin et les élections générales en Grande-Bretagne. Cependant, les élections les plus attendues se dérouleront aux États-Unis, le 5 novembre, avec une réédition très probable de l’élection Trump contre Biden. Les 435 représentants de la Chambre des représentants et les 34 sièges du Sénat seront soumis au vote. Dans les pays émergents, les élections qui pourraient avoir des implications macroéconomiques concernent Taïwan et son effet potentiel sur les relations entre les États-Unis et la Chine. En Inde, les élections se dérouleront en avril-mai et Narendra Modi briguera un troisième mandat. En juin, le Mexique devrait élire sa première femme présidente. L’Afrique du Sud se rendra aux urnes entre mai et août, le Congrès national africain (ANC) risquant actuellement de voir son taux de soutien passer sous la barre des 50 %. Des élections locales importantes sont également prévues en Turquie et au Brésil. Il sera intéressant de voir s’il y a un vote de soutien pour le parti AK de Turquie après son revirement à la politique orthodoxe pour gérer l’économie, et si Lula au Brésil peut consolider le soutien à ses politiques sociales.
Graphique de la semaine : 4’200’000’000
Source: The Economist, “2024 is the Biggest Election Year in History,” 13th November 2023. For illustrative purposes only.
1 Minutes of the Federal Open Market Committee (31st October–1st November 2023)
2 The Economist, “2024 is the Biggest Election Year in History,” 13th November 2023
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