La suspension du télétravail ainsi qu’un retour abrupt au bureau ont généré une forte augmentation du brown-out. Ce mal psychologique se traduit notamment par une démotivation ainsi qu’un désinvestissement des employés qui ne trouvent plus de sens à leur travail et ne croient dès lors plus à la valeur de leurs missions. Quel est ce phénomène, quelles en sont les causes et comment le prévenir ? Nous vous expliquons tout dans cet article !
Vous avez déjà certainement entendu parler du burn-out, cet épuisement physique et psychologique, conséquence d’une surcharge de travail, ou encore du bore-out, cet ennui généré par une sous-occupation persistante. Mais voilà qu’un troisième anglicisme vient s’ajouter au catalogue des phénomènes psychologiques menaçant la santé des employés au sein des entreprises : le brown-out, ou la démotivation liée à la perte de sens au bureau.
Ce problème n’est pourtant pas nouveau. En effet, il y a déjà 10 ans, l’anthropologue David Graeber faisait état du brown-out comme étant une conséquence du développement croissant des “bullshit jobs”, ces métiers inutiles issus des progrès technologiques. “Avec la crise sanitaire, les fonctions support, les métiers de l’informatique, du juridique, des ressources humaines ont été particulièrement exposés » explique Clotilde Lizion, cofondatrice du cabinet français LCCL Prévention Active et psychologue spécialisée dans la santé mentale en entreprise.
Bien qu’il soit plus difficile à repérer, le brown-out peut engendrer des conséquences dramatiques pour les employés qui mettent souvent de longues semaines, voire plusieurs mois à comprendre l’origine de leur perte de motivation mais aussi de leur éventuelle irritabilité grandissante et de leurs troubles anxieux ou même dépressifs. La complexité du diagnostic du brown-out s’explique par le fait que les salariés touchés restent toutefois généralement fonctionnels et continuent d’assurer leurs missions. Parmi les autres effets potentiels de ce syndrome, nous pouvons citer une terrible fatigue mentale ainsi que des troubles de l’attention.
La pandémie mondiale a eu un impact conséquent sur de nombreux employés d’entreprises, notamment sur la jeune génération initiée au télétravail et pour qui la rémunération n’est plus l’unique source de motivation. En effet, la qualité de vie mais aussi les engagements sociaux et environnementaux de l’entreprise de même que le sens donné aux missions effectuées sont des facteurs aujourd’hui tout aussi importants.
Pour les entreprises, ces exigences modernes ont induit l’obligation d’adopter de nouvelles techniques de management. Ces dernières, plus personnalisées et flexibles, ont dû être adaptées aux attentes ainsi qu’aux besoins des salariés. Cependant, la crise sanitaire ainsi que le recours généralisé et souvent brutal au télétravail ont mis à mal ces projets. De nombreux entrepreneurs ont en effet mis en place des stratégies de contrôle et ont augmenté le nombre de visioconférences, intensifiant ainsi le temps de travail des employés et les amenant alors involontairement à questionner le sens de leurs missions.
D’autre part, pour certains salariés, c’est le retour en présidentiel après de longs moins de télétravail qui été terriblement mal vécu. De fait, en obligeant les employés à revenir travailler au bureau sans concertation aucune, plutôt que d’évoluer en s’interrogeant sur la pertinence d’un nouveau modèle de travail hybride qui permettrait de concilier travail présidentiel et télétravail, les entrepreneurs ont parfois contribué à la démotivation de leurs équipes. Car si les salariés sont désormais bien présents physiquement au sein des entreprises, force est de constater, chez certains d’entre eux, une réelle démission mentale.
Le brown-out pourrait d’ailleurs en partie expliquer le phénomène de “grande démission” en France que plusieurs études ont aujourd’hui observé.
Afin de lutter contre ce fléau, toute entreprise se doit de développer mais aussi de conserver la motivation de ses équipes. Pour ce faire, une entreprise doit notamment être en mesure de donner du sens à leurs missions. Mais c’est avant tout en termes de management qu’il lui faut agir. De nouvelles pratiques managériales doivent en effet absolument être mises en place afin de ne plus se concentrer sur un contrôle unique des performances individuelles mais plutôt sur la régulation des relations sociales entre tous les collaborateurs de l’entreprise. C’est seulement ainsi qu’un manager sera à même de créer de meilleures conditions de travail et de donner un sens aux missions de ses salariés, des conditions essentielles à la performance globale de l’entreprise.
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