Par Christopher Gannatti, Global Head of Research, WisdomTree
Depuis le début de l’année 2022, l’ampleur des annonces concernant une « hausse des taux d’intérêt » a été extrêmement élevée. Il a été impossible d’ignorer les questions sur l’inflation et sur la prochaine politique de la Réserve fédérale.
Quelles sont les premières victimes ? Ce sont les sociétés technologiques situées aux premières étapes de leur cycle de vie qui affichent des bénéfices très faibles voire négatifs.
Dans cet environnement, cela fait-il sens d’ignorer l’informatique dans le cloud en 2022, c’est-à-dire une mégatendance qui glorifie nombre de ces éditeurs de logiciels malgré leurs résultats faibles ou négatifs ?
Réfléchissez à cette question :
Si vous lisiez un article sur une mégatendance qui ne devrait durer qu’un an, comment réagiriez-vous ?
J’ai réalisé de nombreuses présentations sur les mégatendances et de par mon expérience, les investisseurs s’attendent avant tout à ce qu’elles subsistent sur un horizon d’investissement à long terme. Si un public estime qu’une tendance ne durera pas plus de 3 voire 5 ans, il est difficile de le convaincre d’investir.
Par conséquent, l’une des premières tâches à réaliser est de reformuler notre scénario central.
L’informatique dans le cloud n’est qu’une infrastructure, une manière d’accéder à un logiciel ou à une capacité informatique plus efficace et plus efficiente que de détenir directement tous les éléments du logiciel et du matériel dont vous aurez besoin physiquement dans vos locaux.
Citons par exemple Boom Supersonic, une start-up qui a déjà promis de livrer 15 jets supersoniques à United Airlines.
L’histoire nous montre que le transport de passagers par des avions supersoniques n’est pas chose aisée. L’exemple précédent du Concorde a pris 25 ans à être développé et a nécessité 5 milliards de dollars pour le lancement de son premier vol commercial, un évènement datant de 1976. Boom estime pouvoir diminuer cette période de développement de 50 % et d’y parvenir à un coût beaucoup plus réduit. Comment y est-elle parvenue ? La méthode principale utilisée a été l’accès à des super capacités informatiques dans le cloud. Des simulations ont permis à Boom de remplacer la plupart du prototypage physique et des essais en soufflerie qu’avaient nécessité le Concorde[1]. Voici comment cela se traduit en chiffres[2]:
Il s’agit tout simplement d’un exemple de la manière dont un accès généralisé à des super capacités de calcul informatique peut aider une entreprise à développer un produit. Il est vrai que de nombreuses autres mégatendances, à l’image de l’intelligence artificielle ou des biotechnologies, en tireront pleinement profit. Il est important de noter qu’il s’agit de projets sur plusieurs années dont un petit nombre devrait être achevé en 2022. D’ailleurs, beaucoup d’entre eux ne font que commencer.
Si les plus grandes entreprises d’un secteur particulier continuent d’afficher une croissance robuste, cela en dit long sur la série d’opportunités dont ce secteur recèle. Amazon et Microsoft sont de loin les principaux acteurs du cloud.
Or il serait incorrect de supposer que l’ensemble des acteurs impliqués dans le cloud sont les mêmes : il ne s’agit certainement pas d’une mégatendance monolithique. De nombreux participants de marché se sont intéressés à la société Zoom Video Communications, le service typique de télétravail qui est passé d’une croissance de son chiffre d’affaires d’environ 350 % en variation annuelle lors de la publication de ses bénéfices trimestriels en 2020 à une croissance plus raisonnable probablement de l’ordre de 30 à 40 % plus récemment[5]. Il existe des entreprises similaires dont le rythme de croissance en 2020 n’était pas durable et dont les entreprises continueront de croître, mais auront à s’ajuster face à des conditions plus normales.
Google Cloud d’Alphabet n’est pas encore un leader de l’informatique du cloud, tout au moins pas encore au niveau d’Amazon ou de Microsoft. Lors de son trimestre le plus récent, Google Cloud a enregistré une croissance de 45 % en termes de chiffre d’affaires à un niveau de 4,99 milliards de dollars[6]. Toutefois, Alphabet dispose dans l’ensemble d’une trésorerie très abondante de 142 milliards de dollars. En 2021, plusieurs opérations ont été annoncées dont la prise de participation par Google dans le capital des Groupes Chicago Mercantile Exchange (CME) et Univision. Ces entreprises se sont engagées à utiliser Google Cloud dans certains cas au titre d’un accord d’un montant de plus de 1 milliard de revenus pour Google[7].
Google possède une part de marché d’environ 6 % dans le cloud contre 41 % pour Amazon et 20 % pour Microsoft.[8]. Il ne faut pas sous-estimer ce que ces 3 entreprises peuvent faire grâce à leur trésorerie pour intéresser et motiver leurs clients et acquérir de nouvelles compétences.
Au final, même si le contexte initial met davantage en lumière les défis que les opportunités, nous encouragerons les investisseurs à ne pas oublier complètement l’informatique dans le cloud. Il est clair que nombre de ces entreprises verront leurs valorisations s’ajuster à un environnement à taux d’intérêt supérieurs à zéro, mais leurs modèles économiques et leurs services demeurent importants et font l’objet d’une forte demande. Sur un horizon à long terme adéquat, des opportunités pourraient être identifiées dans les sociétés orientées sur les logiciels comme celles-ci en 2022.
[1] Source : Poort, Joris. « How Cloud-Based Supercomputing is Changing R&D. » Harvard Business Review. Au 29/11/2021.
2 Source des puces PowerPoint : Poort, 2021.
3 Source : Herrera, Sebastian. « Amazon Earnings Suffer as Growth Slows, Costs Rise. » Wall Street Journal. Au 28/10/2021.
4 Source : Tilley, Aaron. « Microsoft Earnings Jump as Cloud Services Thrive. » Wall Street Journal. Au 26/10/2021.
5 Source : Gallagher, Dan. « Zoom has Some Unhappy Hours Remaining. » Wall Street Journal. Au 23/11/2021.
6 Source : Mickle, Tripp. « Google Nearly Doubles Profit Behind Red-Hot Ad Market. » Wall Street Journal. Au 26/10/2021.
7 Source : Mickle, Tripp & Aaron Tilley. « Google and Tech Rivals Tap Cash Reserves to Realise Cloud Ambitions. » Wall Street Journal. au 29/12/2021.
8 Source : Mickle & Tilley, 2021.
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