Par Erick Muller, responsable des investissements et des produits chez Muzinich & Co
La présidente Lagarde a réaffirmé que la BCE était satisfaite du niveau actuel des taux d’intérêt. L’évaluation des risques semble équilibrée tant en matière de croissance économique que d’inflation. Toutefois, nous notons que les projections du personnel de la BCE ont été révisées à la hausse de manière significative depuis septembre, les exportations ayant surpris à la hausse en 2025 et la progression de la demande intérieure devant stimuler l’activité en 2026. En conséquence, la croissance de la zone euro devrait désormais dépasser les estimations potentielles en moyenne sur l’horizon de prévision jusqu’en 2028. Si l’inflation globale reste inférieure à l’objectif au cours des deux prochaines années, l’inflation sous-jacente reste supérieure à l’objectif et converge lentement.
Le renforcement de la demande intérieure est au cœur des prévisions économiques. La consommation privée devrait rattraper son retard par rapport à l’évolution passée des revenus, tandis que les investissements des entreprises et les dépenses publiques viendront compléter la contribution à la croissance.
Si la conférence de presse a laissé entrevoir une certaine confiance dans les perspectives d’activité, les perspectives en matière d’inflation sont plus mitigées. La résilience de l’inflation dans les services, due en partie à une progression solide des salaires, modifie la trajectoire de l’inflation sous-jacente en 2026. Si les indicateurs prospectifs laissent entrevoir un ralentissement des salaires, de nombreux autres facteurs, notamment les exportations chinoises vers l’UE, combinés à la vigueur de l’euro ou, à l’inverse, à des dépenses publiques importantes confrontées à des capacités de production limitées ou à des restrictions critiques en matière de matériaux entraînant une hausse des prix, pourraient tous avoir une incidence significative sur l’inflation, à la hausse ou à la baisse.
Bien que le mot « incertain » ait été retiré de la déclaration, il a dominé la conférence de presse, la présidente Lagarde insistant sur les différentes formes que prend l’incertitude aujourd’hui. Cela clarifie la position officielle du conseil de la BCE après qu’Isabel Schnabel ait récemment déclaré qu’elle était convaincue que la prochaine décision en matière de taux serait à la hausse. « Nous ne pouvons tout simplement pas donner d’indications prospectives » et « la décision de laisser toutes les options ouvertes a été prise à l’unanimité », a déclaré la présidente Lagarde. Toutefois, il faudrait une déception significative en matière de consommation privée pour que certaines baisses de taux soient à nouveau envisagées.
Nous pensons que le marché sera satisfait de la fin du cycle de baisse des taux et souhaitera maintenir certains taux courts plus élevés à l’horizon 2026.
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