Même si le mouvement a fondu, la crise des « gilets jaunes » a considérablement remis en cause le monde du travail. L’État était certes visé par la fronde, mais les dirigeants d’entreprise se sont sentis interpellés sur leur contribution au bien-être social. Dans cet article, nous faisons un focus sur ce que les patrons sont décidés à changer après cette crise qui a secoué la société française et a mis en évidence leur manque de responsabilité à certains égards.
Le mouvement des « gilets jaunes » a trouvé un terreau fertile dans la crise économique, caractérisée par la baisse du taux de croissance de la productivité. Néanmoins, la fronde est surtout une explosion du mal-être qui perdure dans les entreprises. Car les mauvaises conditions de travail ont sans conteste déteint sur les conditions de vie. La crise des « gilets jaunes » a en effet rappelé qu’en faisant des profits, l’entreprise a l’importante vocation de contribuer au bien-être de la société. Cette vocation se traduisant notamment par la création d’emplois bien rémunérés et un certain partage des richesses.
Les patrons sont en réalité habitués à prioriser la prospérité de leur entreprise par rapport à la satisfaction des besoins des travailleurs. Mais les mouvements tels que celui des « gilets jaunes » permettent d’alerter sur l’urgence d’une gestion des dirigeants qui tienne aussi compte des intérêts de la main-d’œuvre. Comme sur les chantiers, le port du gilet jaune signale la présence et attire l’attention, le mouvement vise à attirer l’attention sur les conditions des travailleurs. Ils ne veulent plus être assistés comme des nécessiteux. Ils attendent plutôt d’être associés aux décisions et d’être rémunérés à leur juste valeur. Heureusement, la plupart des dirigeants ne sont pas restés insensibles aux aspirations des travailleurs.
Suffisamment interpellés, les patrons ne sont donc pas restés en marge de la résolution de la crise des « gilets jaunes ». Le 12e baromètre des grandes entreprises d’Eurogroup consulting, qui a été publié le 14 janvier dernier, a mesuré l’impact du mouvement sur les grands dirigeants. Selon cette étude, 48% des dirigeants des grandes entreprises se sont avoués préoccupés par l’impact du mouvement sur leur activité. Parmi eux, 57%, déclarent avoir l’intention de reconsidérer la question de la responsabilité sociale. Leur grande majorité a aussi approuvé les propositions faites par le gouvernement et est prête à s’y conformer. Notamment, 56% signalaient leur volonté de verser une prime exceptionnelle aux salariés. Cette étude a enfin révélé que pendant longtemps, le tandem économie et environnement a été privilégié au détriment de l’enjeu sociétal que constitue aussi l’amélioration les conditions de vie des travailleurs.
En marge des décisions macroéconomiques, chaque dirigeant doit prendre conscience de sa responsabilité de fournir du travail, mais aussi et surtout de permettre un épanouissement de ses salariés dans la société. Cette mesure est par ailleurs synonyme d’engagement des travailleurs. Même si les regroupements ont cessé, le mouvement des « gilets jaunes » est toujours présent dans les esprits et reste imprévisible. À différentes échelles, les entreprises auront toujours à répondre de leurs actions sur la société qui s’assurera que leurs pratiques sont conformes aux attentes actuelles ou futures.
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