La Fed devrait réduire ses taux en décembre,
tout en conservant une certaine marge de manœuvre quant au rythme des réductions futures

17 décembre 2024

<br><strong>La Fed devrait réduire ses taux en décembre,</strong><br><strong>tout en conservant une certaine marge de manœuvre quant au rythme des réductions futures</strong>

Commentaires de Michael Krautzberger, Global CIO Fixed Income chez AllianzGI, en amont de la réunion de la Fed des 18 et 19 décembre 2024

  • Nous prévoyons que la Réserve fédérale américaine réduira ses taux de 25 points de base lors de sa réunion du 18 décembre, ce qui ramènera la fourchette cible du taux des Fed Funds à 4,25-4,50 %.
  • Toutefois, les données économiques américaines sont restées relativement positives depuis la dernière réunion de la Fed en novembre, et le résultat des élections américaines indique également une orientation politique favorable à la croissance jusqu’en 2025.
  • Pour le début de l’année 2025, nous pensons que la Fed devrait faire preuve d’une plus grande prudence dans l’évolution de sa politique vers la neutralité, et qu’il est probable qu’elle ne saisisse pas l’occasion de procéder à une réduction en janvier, car elle évaluera les données entrantes.
  • Les prix du marché ont évolué pour refléter des perspectives moins optimistes de la politique de la Réserve Fédérale, le taux des Fed Funds étant désormais attendu juste en dessous de 4 % d’ici à juin 2025. Nous pensons que ce prix est raisonnable à ce stade, compte tenu du contexte économique américain actuel.
  • D’un point de vue stratégique, nous préférons négocier la duration de manière tactique, en privilégiant actuellement une duration américaine courte par rapport aux marchés obligataires européens. Nous apprécions également les pentifications de la courbe américaine, car l’offre restera élevée, et nous aimons posséder une protection contre l’inflation, compte tenu des risques potentiels aux États-Unis en 2025.

Depuis que la Fed a entamé son cycle de réduction des taux en septembre, lorsqu’elle a signalé un changement dans sa fonction de réaction politique en mettant l’accent sur la partie emploi de son double mandat, l’activité du marché du travail est restée raisonnablement robuste. Le taux de chômage n’a augmenté que légèrement pour atteindre 4,2 %[1] (et reste inférieur aux projections de septembre de la Fed), tandis que la croissance de l’emploi s’est élevée en moyenne à un peu plus de 170 000 au cours des trois derniers mois. Le moral des consommateurs semble également résister, les enquêtes soutenant les perspectives positives de la demande de consommation à l’approche de 2025.

Bien que les données relatives à l’activité américaine se soient maintenues, l’inflation et les attentes en matière d’inflation sont restées correctes. La mesure de l’inflation cœur PCE (Personal Consumption Expenditures) privilégiée par la Fed, à 2,8 %[2] en glissement annuel, est restée stable ces derniers mois et le taux d’inflation US break-even à 10 ans se situe toujours à 2,3 %. La toile de fond de l’inflation a donné à la Fed suffisamment de répit pour réorienter sa politique de taux d’intérêt vers ce qu’elle estime être une position moins restrictive.

Parallèlement à sa décision de politique monétaire, la Fed publiera également son dernier résumé des projections économiques. Nous pensons que la Fed est susceptible de prévoir une nouvelle année decroissance tendancielle du PIB réel en 2025. On s’intéressera particulièrement à la question de la revue à la hausse ses projections relatives à l’indice des prix à la consommation pour 2025, ce qui pourrait laisser entrevoir l’impact sur l’inflation de la future politique tarifaire des États-Unis. La projection médiane pour le taux des Fed Funds en 2025 et à plus long terme pourrait également être revue à la hausse par rapport aux projections de septembre (3,4 % et 2,9 % respectivement). Les marchés des taux d’intérêt à terme ont déjà évolué pour refléter le risque d’une politique moins dovish de la Fed à l’avenir, avec un taux terminal dans ce cycle désormais évalué à environ 3,5 %.

Nous notons toutefois que de nombreuses bonnes nouvelles concernant l’économie américaine sont désormais bien intégrées dans les valorisations des actions et des crédits américains. L’incertitude croissante de la politique américaine et/ou un ralentissement plus marqué que prévu du marché du travail américain au premier semestre 2025 pourraient engendrer une période plus volatile pour les actifs à risque, ce qui modifierait à nouveau les attentes du marché concernant le niveau du taux terminal dans ce cycle.

À court terme, nous préférons adopter une position tactique de duration courte aux États-Unis par rapport aux marchés obligataires européens et nous positionner pour une courbe de rendement américaine plus pentue, car nous pensons que la prime de terme est trop faible et que les investisseurs ne sont pas suffisamment indemnisés pour avoir pris le risque des Bons du Trésor américain. Nous préférons également détenir une protection contre l’inflation compte tenu de l’orientation de la politique américaine et des risques d’inflation à la hausse découlant de l’éventuelle politique en matière de droits de douane et d’immigration.

[1] Bureau of Labor Statistics, décembre 2024

[2]  Bureau of Economic Analysis, novembre 2024

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