Par Laurent Denize, Co-CIO ODDO BHF et CIO ODDO BHF Asset Management
A l’instar d’un après-midi d’été étouffant, où un orage éclate parfois sans pour autant déclencher un changement de temps, les marchés des capitaux ont connu des turbulences cet été. Malgré la reprise rapide après la forte baisse des marchés en août, les déséquilibres qui contribuent à la fragilité des marchés ne sont pas résolus. A l’exception des actions technologiques, les valorisations semblent raisonnables. Toutefois, elles ne le seront que si les attentes élevées en matière de bénéfices sont satisfaites. Si les signes d’un ralentissement économique se précisent, la volatilité pourrait rapidement augmenter à nouveau, comme on a pu l’observer début septembre. L’ambiance nerveuse du marché devrait se prolonger jusqu’à l’automne.
Un ralentissement de la croissance, et non une récession, est à prévoir au cours des quatre prochains mois. Selon Denize, les grandes économies se recalibrent après la phase de politique monétaire agressive. Bien que la demande des consommateurs ait légèrement baissé, il reste suffisamment d’élan pour éviter une contraction. L’inflation, qui était jusqu’à récemment le principal sujet de préoccupation des marchés mondiaux, semble être sous contrôle et de nombreuses banques centrales ont opté pour un assouplissement. Ce mouvement est favorisé par le ralentissement du marché du travail. Les investisseurs devraient se préparer à ce changement d’orientation de la politique monétaire, car il pourrait avoir un impact considérable sur les marchés obligataires, les coûts de financement et les stratégies d’allocation du capital. La baisse des taux d’intérêt est historiquement favorable aux marchés des actions, car elle stimule les emprunts et les investissements. Le contexte politique rend la dynamique du marché encore plus complexe. En cas de victoire électorale de Trump, les risques seraient plus élevés (conflits commerciaux, mesures inflationnistes, atteintes à l’indépendance de la Fed, etc.) En Europe, les lignes de conflit politique au sein de la zone euro constituent un défi, et au Moyen-Orient, les tensions géopolitiques restent un risque permanent. Selon Denize, les investisseurs devraient suivre ces évolutions de près, car les chocs géopolitiques peuvent rapidement ébranler la stabilité économique et déclencher de fortes corrections sur les marchés.
La perspective d’une baisse des taux d’intérêt rend les placements sur le marché monétaire de moins en moins intéressants. Les investisseurs devraient désormais réfléchir à la manière de faire fructifier leur argent dans un marché volatil. Dans ses explications actuelles sur la stratégie d’investissement, trois stratégies tactiques s’offrent ici :
Avec le début de la baisse des taux d’intérêt, un nouveau cycle se dessine, offrant des opportunités de réallocation vers des secteurs plus défensifs. Les secteurs de l’immobilier, de la construction, des biens de consommation de base et des services aux collectivités ont fortement performé dans le passé en raison de leur sensibilité aux taux d’intérêt. Ces secteurs méritent d’être pris en considération par les investisseurs qui cherchent à profiter de la baisse des taux d’intérêt. Il existe également de bonnes opportunités au Royaume-Uni, notamment dans les petites et moyennes capitalisations.
La duration mesure la sensibilité d’une obligation aux changements de taux d’intérêt. Les obligations d’État ont déjà intégré la plupart des baisses de taux d’intérêt – les emprunts fédéraux à 10 ans rapportent aujourd’hui 2 %. Les investisseurs devraient plutôt se tourner vers les obligations d’entreprise qui offrent encore une prime raisonnable.
En investissant dans des actifs à rendement plus élevé, comme les obligations d’entreprises, les investisseurs peuvent obtenir des rendements qui leur permettent de compenser la volatilité potentielle d’autres parties du portefeuille. Selon ODDO BHF, les obligations investment grade offrent actuellement de meilleures perspectives de rendement que les obligations d’État et devraient bien se comporter même dans un environnement économique défavorable. Les obligations à haut rendement continuent de bénéficier d’un taux de défaut historiquement bas et disposent d’un tampon suffisant pour supporter une forte hausse des primes de risque. Ce sont les échéances courtes qui offrent le plus grand potentiel.
Et si des turbulences surviennent ? L’effondrement du marché en août devrait être un rappel de la rapidité avec laquelle les conditions peuvent changer. Il convient donc de surveiller de près l’évolution des devises, car une nouvelle liquidation des carry trades pourrait déclencher une nouvelle volatilité et pousser les taux de change à la hausse. Les phases de volatilité accrue sont inévitables dans les mois à venir, mais elles offrent aussi la possibilité d’entrer dans des thèmes de croissance à long terme à des valorisations plus attrayantes. On peut rester positif sur les actions. Notre focalisation reste inchangée : L’intelligence artificielle (IA) et la transformation verte continuent d’offrir un potentiel de croissance exponentielle à long terme.
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