Une année 2023 contrastée mais positive pour les placements, qui se poursuit en 2024

8 septembre 2024

Une année 2023 contrastée mais positive pour les placements, qui se poursuit en 2024
Étude Complementa sur les caisses de pension « Risk Check-up 2024

Sur fond de tensions géopolitiques et de poursuite du resserrement de la politique monétaire des banques centrales du monde entier, 2023 a été une année contrastée pour les placements des caisses de pensions. En moyenne, les institutions de prévoyance ont pu clôturer l’exercice sur un rendement positif de 5,2%. L’année 2024 se déroule elle aussi dans des conditions favorables jusqu’à présent: les actions, en particulier, ont poursuivi leur évolution positive dans le prolongement du rallye entamé fin 2023. Les placements de capitaux des caisses de pensions ont dégagé un rendement de 6.1% sur les huit premiers mois de l’année. Le degré de couverture moyen a par conséquent augmenté, passant de 107,6% fin 2023 à 112.6% fin août 2024. Le capital de prévoyance des employés a été rémunéré à hauteur de 2,3% en 2023.

Rendements positifs en 2023

En 2023, les caisses de pensions suisses ont une nouvelle fois été confrontées à des défis de taille. Grâce à un rallye de fin d’année, en partie déclenché par les anticipations de baisse des taux directeurs, les institutions de prévoyance suisses ont clôturé 2023 sur un rendement moyen solide de 5,2%. Ce résultat positif se reflète également dans la réserve de fluctuation de valeurs. Le degré de couverture pondéré en fonction du capital a augmenté, passant de 104,0% fin 2022 à 107,6% fin 2023. Cette hausse a eu un impact sur le nombre de caisses en situation de découvert, qui a diminué de 8,8% à 5,1%. Sur la base du capital de couverture, ces caisses représentent toutefois au moins 16% des capitaux de prévoyance.

Les bons rendements profitent également aux assurés: pour 2023, les caisses de pensions ont rémunéré le capital de prévoyance des employés à un taux moyen de 2,3% dans la primauté des cotisations. Dans ce cadre, environ 84% d’entre elles versent un intérêt supplémentaire (rémunération supérieure au minimum LPP de 1,0%).

La tendance au remplacement des titres à revenu fixe faiblit

Certaines caisses de pensions profitent de l’environnement actuel de taux d’intérêt pour revoir leur allocation d’actifs stratégique. Cette année, environ 15% des caisses indiquent ainsi leur intention d’augmenter la part des obligations de qualité «investment grade» dans leurs portefeuilles. A cet égard, elles montrent une légère préférence pour les obligations en francs suisses par rapport aux obligations en devise étrangère. Ces changements à venir se reflètent déjà en partie dans les chiffres publiés à fin 2023.

Avec 31,6%, la part des titres à revenu fixe a certes atteint un nouveau plus bas depuis le début de la collecte de données. Le recul enregistré l’année dernière est toutefois moins important que dans les années précédentes et concerne principalement les obligations en devise étrangère. En revanche, la part des obligations en francs suisses a légèrement augmenté l’année dernière.

L’évolution favorable des marchés actions pèse sur la part de l’immobilier

La quote-part en actions a de nouveau nettement augmenté grâce aux rendements positifs des marchés boursiers, à tel point que les caisses de pensions ont procédé à quelques ventes afin d’atténuer la hausse.

Les institutions de prévoyance continuent en outre à investir une grande partie de leur fortune dans l’immobilier. La quote-part de l’immobilier s’établit actuellement à 22,9% (année précédente: 24,0%). Ce recul n’est imputable à des ventes, mais tient pour l’essentiel aux effets de performance des autres actifs.

Environ 80% des caisses de pensions investissent dans des placements alternatifs. Fin 2023, les placements alternatifs (infrastructures comprises) représentent 9,7% de la fortune totale. Outre les placements en private equity, les investissements dans les infrastructures sont également plébiscités. Ces dernières années, cette sous-catégorie a enregistré une croissance significative qui s’explique non seulement par des augmentations des positions existantes, mais aussi par de nouveaux investissements. A l’heure actuelle, environ 50% des caisses de pensions allouent ainsi une partie de leur fortune à des placements dans les infrastructures.

Près de la moitié de la fortune des institutions de prévoyance est investie à l’étranger. En moyenne, les caisses de pensions couvrent environ deux tiers des risques de change. La quote-part en devises étrangères (après couverture) s’élève à 17,6%.

Des coûts faibles ne garantissent pas des rendements supérieurs – des coûts élevés non plus

A 0,42% en 2023, les frais de gestion de la fortune sont inférieurs à l’année précédente tandis que le ratio de transparence des coûts reste stable à 99.7%. Le niveau des coûts dépend en grande partie du mix de placements. En effet, les placements liquides (p. ex. les actions) coûtent moins cher à mettre en œuvre que les placements illiquides (p. ex. l’immobilier direct). Il en résulte des différences au sein du groupe de participants. Les ratios de frais se situent entre 0,2% et 0,9% (quantile de 5% et 95%). Dans une perspective à court terme, comme par exemple en 2022, les placements illiquides peuvent contribuer à réduire les pertes de cours. Sur une période d’observation plus longue (depuis 2013), tant les caisses avec un ratio de frais élevé (>0,75%) que celles avec un ratio de frais bas (<0,25%) affichent le même rendement annuel moyen de 3,7%.

L’accent est mis sur la stratégie de placement

Une élaboration soigneuse de la stratégie de placement dans le cadre d’une étude Asset Liability Management (ALM) fait non seulement partie des tâches incombant au conseil de fondation, mais s’impose également au vu de l’influence considérable que la stratégie de placement choisie exerce sur les caractéristiques de rendement et de risque des portefeuilles mis en œuvre. En règle générale, les caisses de pensions réalisent une étude ALM ou Asset Only tous les trois à cinq ans. 

L’enquête montre que la réalisation d’un état des lieux et la prescription interne d’une étude ALM périodique représentent les principales motivations des caisses à cet égard. En outre, des changements substantiels au passif (p. ex. paramètres techniques ou effectif d’assurés) ainsi que des changements à l’actif (p. ex. environnement de taux, primes de risque) sont également mis en avant comme des motivations importantes pour le cycle ALM.

Les taux d’intérêt techniques augmentent

Le taux d’intérêt technique a également été relevé en 2023, comme l’année précédente. Alors qu’il était encore de 1,61% fin 2021, il s’établit actuellement à 1,76%. Les capitaux de prévoyance des bénéficiaires de rentes et les provisions techniques dépendant du taux d’intérêt technique diminuent en conséquence, ce qui a un effet positif sur le degré de couverture. En revanche, le taux de conversion continue à baisser. En 2024, les avoirs d’épargne seront convertis en rente sur la base d’un taux moyen de 5,23% à l’âge de 65 ans. En raison du principe d’imputation, les caisses de pensions continuent à s’éloigner du taux de conversion minimal LPP de 6,8%, qui ne tient pas suffisamment compte de l’allongement de l’espérance de vie et du niveau actuel des taux d’intérêt. Un taux de conversion fixé trop haut engendre des pertes sur les retraites. Pour contrer cette redistribution, les caisses de pensions ont déjà décidé de procéder à de nouvelles réductions au cours des cinq prochaines années. En conséquence, le taux de conversion moyen devrait progressivement diminuer à 5,10% d’ici 2029.

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