Par Prof. Dr. Jan Viebig, Chief Investment Officer d’ODDO BHF SE
Si l’on met tout cela ensemble, les mesures de l’agenda Harris qui viennent d’être présentées devraient faire grimper le déficit budgétaire des Etats-Unis – cumulé sur dix ans – d’au moins 1,7 milliard de dollars US. A cela s’ajoutent éventuellement les effets de mesures isolées, comme par exemple l’allègement fiscal des pourboires (100 à 200 milliards de dollars sur 10 ans), dont il a été question récemment. Harris veut préserver les allègements de la Tax Cuts and Jobs Act (TCJA) de Donald Trump, qui selon la législation actuelle expireraient fin 2025, pour les personnes percevant des revenus allant jusqu’à 400 000 US$ par an. Contrairement à Trump, qui souhaite conserver l’intégralité des réglementations, Harris met ainsi clairement l’accent sur la politique de distribution. En guise de contrepartie, Kamala Harris soutient l’augmentation du taux d’imposition des entreprises déjà envisagée par l’administration Biden.
Dans une interview accordée à NBC il y a quelques jours, Harris s’est explicitement prononcée en faveur d’une augmentation du taux d’imposition de 21 pour cent à 28 pour cent. Selon les calculs du CRFB, cette mesure rapporterait environ 1 milliard de dollars (Maison Blanche : 1,4 milliard de dollars) de recettes supplémentaires (sur une période d’observation de 10 ans), mais pourrait s’avérer préjudiciable à la croissance.
Le président Biden avait présenté en mars, dans le cadre de la planification budgétaire pour 2024/25, un vaste assortiment de mesures visant à améliorer la situation des recettes, qui comprenait également l’augmentation du taux d’imposition des entreprises. Les mesures fiscales qui y étaient énumérées visaient principalement les grandes entreprises et les personnes fortunées. La direction de la campagne électorale de Harris aurait déclaré au CRFB vouloir poursuivre ces mesures.
L’enchevêtrement des propositions, qui se chevauchent en partie, rend difficile l’obtention d’une impression globale. Les plans de l’Agenda et l’intention de maintenir les allègements fiscaux qui arrivent à échéance pour les bénéficiaires de revenus faibles et moyens semblent relativement concrets. Par rapport à la situation budgétaire actuelle, on assisterait à une nette augmentation du déficit budgétaire au cours des prochaines années et à une hausse nettement plus raide de l’endettement. Les projets d’augmentation de l’impôt sur les sociétés ne corrigent que partiellement cette évolution.
L’augmentation de la dette publique, qui a atteint de nouveaux records (en termes absolus et en pourcentage du PIB) sous les présidents Trump et Biden, ne devrait pas être freinée sous Harris. Au contraire, la trajectoire pourrait devenir encore plus abrupte si les concepts de l’agenda étaient mis en œuvre. A cet égard, Harris – comparé à Trump – ne serait probablement que le moindre des deux maux.
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