Par Arthur Jurus, Head of Investment Office, Private Wealth Management ODDO BHF
La Banque Nationale Suisse a réduit son taux directeur de 1,50 % à 1,25 %. Cette baisse n’était pas attendue par les analystes, mais les investisseurs anticipaient une baisse de 25 points de base selon les marchés des options. Ces derniers attendent un taux BNS à 1 % en décembre 2024.
La BNS maintient le cap sur ses prévisions économiques, sans surprise. Au 2e trimestre, l’inflation a ainsi atteint 1,4 % sur un an, en ligne avec la prévision publiée en mars dernier. La banque centrale a réduit de 0,1 point chaque année sa prévision d’inflation à 1,3 % pour 2024 et 1,1 % pour 2025. Les principales hypothèses restent (i) l’absence de pressions additionnelles sur les niveaux des loyers et (ii) l’absence de pression haussière sur les salaires, notamment l’an prochain. Ce dernier facteur explique les révisions baissières sur le profil d’inflation anticipé. Par ailleurs, en raison de la faiblesse des indicateurs d’activité, de la dynamique du marché de l’emploi et de la stagnation de la production industrielle, la croissance de l’économie suisse est attendue à 1 %, un niveau qui reste le double de celui attendu pour la zone euro. La croissance faible impliquera une nouvelle baisse des taux en septembre prochain de 25 points de base – indépendamment de la politique monétaire de la BCE.
Faible implication pour l’EUR/CHF. L’incertitude sur l’économie mondiale et les enjeux politiques en Europe restent des risques exogènes. Pour la BNS, ce risque concerne une trop forte appréciation du franc suisse qui impliquerait une baisse des prix importés. Pour que l’inflation descende sous les 1 %, il faudrait une inflation importée en baisse de 1,5 % sur un an contre -0,6 % actuellement, et cela nécessiterait une plus forte appréciation du CHF. Nous en sommes loin. À ce jour, les élections législatives françaises anticipées ont conduit à une dépréciation de l’EUR/CHF de 2 % à 0,95 depuis le 9 juin et les élections européennes. Ce risque reste contenu et nous sommes neutres EUR/CHF à 6 mois en raison de différentiels de taux pour l’an prochain qui nous semblent justes compte tenu des fondamentaux économiques.
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